Cet article fait suite et s’intègre dans la série d’écrits proposant une réflexion sur la façon dont le psychisme se structure, notamment au vu des contributions que propose la psychanalyse. Nous étudierons principalement ici les apports de la deuxième topique freudienne. Celle-ci peut apparaître comme un des piliers, un des éléments incontournables apportés ainsi à la métapsychologie pour la compréhension et le fonctionnement de la psyché humaine. Nous noterons au passage que malgré ses nombreuses contributions à ce dispositif de la métapsychologie, la psychanalyse est décriée, pire attaquée de toutes parts.
La psychanalyse a été, est souvent décriée, et j’ai d’ailleurs développé dans mon premier ouvrage « changer et guérir vite » les raisons qui l’ont ainsi exposée. Allant jusqu’à une très nette volonté de sa disparition aujourd’hui, tant il est vrai que la psychanalyse s’est tirée des balles dans les deux pieds.
C’est avec la volonté de créer une perception nouvelle de cette vieillissante psychanalyse, que se sont organisés mes travaux. Ceux-ci ont abouti à la création de la PAR, celle-ci s’appuyant sur les fondements et fondamentaux de la psychanalyse la plus classique, car j’ai toujours pensé que celle-ci n’avait jamais été réellement finalisée, et cela pour de multiples raisons.
La PAR est une appellation déposée et qui protège une méthode clinique ramenant à de réelles durées courtes et une efficacité thérapeutique. Elle s’appuie sur une reprise de l’ensemble des concepts psychanalytiques, principalement ceux qui étaient restés en jachère. Permettant ainsi de développer une idée quelque peu nouvelle d’un psychisme réellement mutagène, idée pas véritablement exploitée, et en cultivant ces singularités, nous pourrons en activer sa réversibilité.
Nous ne choisissons pas nos parents, notre éducation, notre famille, ni ne naissons pas timides, pas colériques, pas dépressifs, nous le devenons, les multiples cliniques de toutes pathologies que nous avons rencontrées l’ont largement confirmé. Ainsi la volonté de la PAR n’est pas de photographier un état au crible d’un interrogatoire diagnostique, mais de relier de façon la plus précise les liens de causalité entre les comportements, les symptômes et les origines.
Observons la deuxième topique, pilier incontournable.
La deuxième topique freudienne en est un des piliers incontournables car elle symbolise une ébauche de cartographie de l’appareil psychique, d’ailleurs le terme de topique vient du grec topos qui signifie le lieu. Cette deuxième topique ne remplace pas la première, elle se superpose à celle-ci, car elle a le désir de montrer la nature des échanges économique « topiquaux » et dynamiques au sein du psychisme
J’insiste plus particulièrement dans cette partie du développement sur l’importance le rôle et l’intérêt du Surmoi dont j’ai présenté quelques aspects dans les deux articles précédents. Le Surmoi comme nous l’avons vu est le gendarme dont nous avons besoin et qui de façon automatique va dérouler comme un logiciel ses lignes de code que nous avons écrites bien malgré nous au sein de notre psychisme, et dès notre naissance, je renvoie à mes articles précédents sur l’apparition d’un psychisme très archaïque qui existe déjà à l’état de sensation et perception.
Ce psychisme archaïque et primitif que j’avais nommé « butyrum » apparait dès que le système neurovégétatif est en capacité de ressentir. Et apparaît dans ce psychisme des réflexes de type Pavlovien qui vont organiser des réactions suite aux actions exotypiques.
C’est ainsi que le Surmoi va s’organiser dans ses prémices d’instance d’interdiction, il est également une représentation du premier liant social bien avant l’apparition du langage. Cette réflexion expose de fait les notions d’hérédité et de tradition qui peuvent également s’opposer, ceci sera développé ultérieurement.
Le Surmoi va permettre dans l’absolu au Moi de faire exister comme nouveau ce qui a déjà existé, c’est une constante re-création. Il s’agit de la capacité d’adaptation évoque par Ferenczi dans l’organisation matricielle qu’il propose du psychisme.
Dans ce champ la PAR met en avant la notion de réflexivité et de réversibilité, ainsi dans ce psychisme rien n’est définitivement acquis ni figé, et cela permettre de préempter que :
L’enfant né bon l’éducation le fait ou le défait !
L’autorité doit être légitime pour s’alléguer être éducatrice !
Ces postures un brin provocatrices pour me permettre d’introduire cette troisième partie qui va développer plus les interactions entre l’individu et les structurants, pour aborder dans la quatrième la façon dont l’individu ainsi formé va construire le Surmoi collectif. Celui-ci à son tour va créer de nouvelles générations générant cette spirale du vivant comme un ADN. Nous verrons que tout y est comme un anthropomorphisme du modèle qui crée son modèle lui-même s’imitant.
Ainsi Surmoi individuel et Surmoi collectif s’aliment et se construisent mutuellement.
Nous savons que depuis les années soixante le slogan : « il est interdit interdire » s’est imposé, et des générations d’enfants ont été baignées par des parents nourris de l’air du temps et des modes de cette époque, dans laquelle les théories les plus folles pétries de babacoolisme et de non-directivités ont copieusement émergées. Ainsi sont apparues dans ce cadre et contexte toutes sortes de pédagogies non directives, plus ou moins bien échafaudées, émergentes, et pleines de leurs balbutiements. Se voulant ou s’obligeant à transcrire dans des normes éducatives l’expression de ces courants post-babas cool succédanés, déjà mort dans l’œuf par leurs préceptes nourris de négativisme. J’utilise volontairement ce terme, dont l’interprétation peut porter à confusion, mais employé ici dans le sens d’une posture qui consiste à nier la vérité de quelque chose, surtout dans sa forme la plus intéressante de l’argumentation qui repose sur le principe de la solidarité des contraires.
Le but de cette série d’articles étant de montrer combien de pathologies peuvent conduire l’homme le plus sensé à des prises de position absolument aberrantes, je vais y exposer comment en réalité des substrats d’affects réactifs vont devenir les mauvaises bases utilisées pour de nombreuses prises de décisions, et pires de théories.
Je propose de retrouver à ce stade de développement des idées, les trois axes de la construction du psychisme (deuxième topique), notamment la place et la fonctionnalité du Surmoi, dont nous l’avons vu le rôle principal est de protéger l’enfant de lui-même dans un premier temps, puis dans un second temps de l’extérieur, pour ensuite organiser un cadre de repères dont la fonctionnalité lui permettra d’organiser les zones de sa propre pensée, ces opérations agissant la plupart du temps de façon inconsciente.
Nous avons compris que ces zones d’action sont bornées par le cadre que définit et impose l’inconscient, mais nous observerons également que toute mutation d’ordre sociologique imposera nécessairement une modification de la psyché, principalement celle du Surmoi, car les codes de base qui y étaient inscrits devront être progressivement désactivés et remplacés par d’autres nouveaux.
Pour cela je renvoie le lecteur au tableau Orthogénique du psychisme de l’article précédent, pour y repérer ce qui constitue la capacité d’assimilation que va devoir utiliser pour cette mutation le psychisme.
Pour illustrer la construction du Surmoi sur lequel cet article s’entreprend, un enfant dont les propres parents sont soumis à une forme d’autorité excessive, intégrera dans les substrats les plus archaïques de son psychisme les comportements automatisés de ses parents qui généreront des formatages comportementaux, « comme des vérités en soi », puisque les parents semblent naturellement soumis à ces injonctions, pourquoi et comment les considérer comme des dictats.
Ces comportements très archaïques apparaîtront à l’individu comme étant des évidences, des vérités, car leurs propres parents s’appliquaient à eux-mêmes ces principes et préceptes, Les conduites parentales, familiales, du petit groupe tribal vont s’agrandir puis étendus à la structure communautaire vont créer le cadre sociétal, qui crée ainsi la norme comportementale généralement admise.
Ainsi se créent des modèles dominants et déterminants de comportements et d’attitudes que l’individu alternativement nourri et auquel il se soumet. Mais nous pourrons observer également que c’est fréquemment la déviance souvent volontaire, parfois involontaire qui crée l’expérimentation, celle-ci peut être circonstancielle.
C’est ainsi que le Surmoi collectif émerge.
Je n’ai jamais partagé l’idée d’un inconscient collectif, qui serait une accumulation des expériences accumulées depuis que l’homme est homme, mêlant les concepts ontologiques de toutes natures, dans lesquels pêle-mêle nous y retrouvons des idées de métaphysique de spiritualité, d’universalité d’une âme dont les caractéristiques sont confortablement laissées à l’appréciation de chacun.
Je préfère plutôt amorcer la représentation de l’homme que propose l’ousiologie qui étudie la science de l’être entendu en tant qu’essence.
Ainsi l’être individué et collectif crée en permanence un Surmoi collectif qui est une terminologie plus juste pour définir ainsi des conduites collectives, plutôt que celui d’inconscient collectif.
Je développe conjointement avec ce concept de Surmoi collectif celui de Moi intime, pour apporter une dimension supplémentaire au cadre évolutif créé et modifié en permanence par les êtres humains. Dans ce concept d’ousiologie, ceux-ci doivent être considérés comme des « étants » en considérant que ceux-ci s’organisent en permanence à partir d’eux-mêmes pour s’auto-classifier. Cette systématisation des comportements correspond à l’idée que je veux faire apparaître dans l’idée d’un Surmoi collectif, le Moi étant lui la partie œuvrant au mieux des intérêts de l’être parmi l’ensemble des déterminismes exotypiques.
Ce Moi intime que l’on peut approcher de l’âme philosophique de l’être, est vécu, connu et su dans cet espace de « for intérieur » que l’on peut croiser ou percevoir très souvent. Cela peut se faire simplement, ou par un effort d’écoute en soi vers soi. Exercice d’ailleurs que certains pratiquent depuis leur plus jeune âge, le plus souvent sans le savoir, et que l’on découvre naturellement au plus vite dans le cadre de l’introspection PAR. D’ailleurs ne nous y trompons pas de très nombreuses techniques de méditation qui flirtent avec la spiritualité, ou le paranormal, ne font finalement ni plus ni moins que de tenter de toucher cet « étant » en nous.
Le Moi intime représente l’état de ma vie en puissance, cette partie qui ne peut être pensé uniquement par de la matière. Ce Moi intime peut également être considéré comme l’esprit vital de nos fonctions mentales.
Observons à nouveau le Surmoi individuel dans ses constructions.
Cette digression précédente pour faire apparaître le cadre des interactions constantes dans lesquelles les individus évoluent et se construisent et qui montrent que nul ne peut échapper à ses propres déterminismes mais peut interagir avec eux. C’est notamment ce que propose la PAR avec ces deux principes que nous activons en permanence et qui sont la mutagénicité et la réflexivité du psychisme que j’ai déjà développé et sur lesquels je reviens.
Nous avons vu que dès l’apparition de la vie, l’ensemble des interactions créent ces itérations qui guideront et dicteront les conduites de l’enfant de manières inéluctables et imperturbables. Il y a un réel effet Pavlov que j’avais décri dans mon ouvrage « Une nouvelle psychanalyse ».
J’ai expliqué également à quel point ces interactions, qui sont immédiates dès la naissance, créent des itérations spontanées, qui vont devenir les substrats les plus primitifs, les bases de l’ensemble de nos comportements les plus profonds, amenant la plupart des personnes, notamment les psys à les confondre avec les réels traits de caractère innés.
Ces adaptations fonctionnant comme des automatismes, nous y retrouvons des gestes et habitudes qui vont se discerner des comportements eux innés, que sont la respiration, et autres automatismes corporels, et qui parfois d’ailleurs peuvent se perdre ou être désactivés par des accidents ou traumatismes.
C’est principalement pour savoir apprécier et distinguer la nature de ces comportements, que j’ai également introduit le concept de « Moi Intime » qui permet d’identifier ces traces de l’âme philosophique, cet « être en nous » qui anime l’ensemble de nos vies. Ces développements seront également précisés lorsque nous aborderons les fonctionnalités du Moi.
D’ailleurs Freud dit : « Nous avons trouvé dans le moi lui-même quelque chose qui est inconscient aussi, se comporte exactement comme le refoulé, c’est-à-dire, manifeste de forts effets, sans devenir lui-même conscient, et l’action pour le rendre-conscient nécessite un travail particulier » (Freud, 1923 b, p 262).
A ce propos il est nécessaire d’effectuer une rapide digression pour expliquer comment est apparue également la notion de Moi sujet et de Moi objet dans le discours psychanalytique et comment ce concept a été détourné de sa réelle signification. Le discours de la psychanalyse à l’époque était bien légitimement de sortir l’enfant de son état objectal, « ce ne sont que des gosses, un bébé ne ressent rien, même pas la douleur, un enfant ne pense pas ! », pour faire émerger cette fonction sujet, car l’enfant n’est pas cet objet dépourvu de pensées et sentiments sensations.
Ces fonctions du Moi objet/sujet vont apporter une place de pleine humanité à l’enfant dans notre société, dont il était pratiquement dépourvu auparavant, lui apportant ainsi également le droit de penser, de s’exprimer, d’être considéré comme un individu à part entière. Mais les dévers de cette posture pourtant indispensable et salvatrice ont légitimé ces courants des pédagogies non directives de glisser dans des travers fort nuisibles pour l’éducation et dont l’enfant à terme en sera à nouveau une victime, je vais développer cela plus loin.
Dans ce premier exposé nous avons observé des similitudes que nous pouvons retrouver à travers les fonctionnements du Moi, cela à travers les strates de la phylogenèse que nous avons aperçu dans le tableau orthogénique des correspondances et similitudes que je préciserai plus.
Nous allons observer comment des formes de structures d’autorité peuvent générer des psychismes caractérisés par leurs immaturités affectives, mais qui seront compensées par des constructions mentales de performance.
Ainsi immaturité affective et performance intellectuelle sont indépendants, mais vont souvent de pair.
Lien sur mon dernier livre : Une nouvelle psychanalyse la PAR :