Quelle étrange question, mais ….
Penser nos bébés pensants est assurément une question fondée.
Nombreux sont les parents qui nous confient : « mais à quoi pense mon bébé, souvent il me regarde et j’ai vraiment l’impression qu’il veut me dire quelque chose ». Mais bien au-delà de ces observations délivrées au sein de nos séances, nous avons tous eu l’occasion de percevoir que le regard des bébés, notamment celui des tous jeunes nourrissons, exprimait sans aucun doute des lueurs d’intelligence. Et puis pour ceux qui ont pu avoir la curiosité d’observer plus, nous avons vu comment le nourrisson expérimentait ne serait-ce par la découverte de son environnement, la présence de sa main, des objets, et de nos regards, puis interagissait avec eux. Établissant ainsi entre son désir et ces objets des liens évidents.
Et de ces observations en découleront toute une série d’adaptations, puis à force de tâtonnements, d’hésitations l’enfant parviendra à manipuler l’objet et également sourira en écho à certaines sollicitations, manifestant ainsi aussi une capacité d’évaluation et d’adaptation entre les différents interlocuteurs et leurs sollicitations.
Sachant les identifier pour les avoir reconnus il adoptera même des mimiques, aura des postures manifestement distinctes entre les différentes personnes et leurs réactions.
Fruit du hasard ? Assurément non, et c’est de cela dont va parler l’article.
Chose humaine, ou être humain.
Nous savons que la médecine notamment accompagnée par les déchiffrages du comportement psychique que lui a proposé la psychanalyse, a fait passer le bébé de chose humaine, à être humain. A tel point pour rappel, qu’il n’y a pas si longtemps, quelques décennies au plus, qu’il était courant de considérer que le nourrisson ressentait peu, voire rien, en considérant ses pleurs comme l’expression de quelque chose qui relevait plus du caprice perpétuel, que d’une expression réelle.
La tendance était bien de considérer les pleurs du nouveau-né, comme étant totalement infondés et illégitimes, et la plupart du temps comme étant un non-sens fondé. Ainsi il n’exprimait rien d’autre que du caprice, car il était estimé que cet amas humain inachevé était incapable de sensation, encore moins de pensée.
Cela en arrivait même à pratiquer des interventions chirurgicales avec une anesthésie à dose très faible ou de courte durée, et parfois même sans !
Ce choix des expressions « amas humain, ou chose humaine » est bien évidemment volontairement outrancier, mais il exprime la volonté de marquer ce monde tellement inconnu de ce qu’est le tout jeune être humain. C’est d’ailleurs posé la notion d’identité. Reléguant parfois au mieux le statut de ce jeune être à celui d’objet. D’ailleurs actuellement, il est toujours étrange d’entendre des parents parler de leurs enfants en utilisant le sobriquet de gosse.
« Allez venez les gosses ! » Cette appellation désuète qui n’a pas véritablement pas d’accroche sociale contemporaine, est pratiquement toujours associée à l’idée du sale gosse, comme si irrémédiablement l’enfant leur était obligatoirement insupportable. Nous voyons que ces parents par l’utilisation de ces vocables précisent très clairement la place, le rôle et le rang qui attribuent à leurs progénitures. Ainsi le statut de l’enfant au-delà de sa place juridique a longtemps été fragile, sauf dès qu’ils ont été en âge de travailler, nous comprenons ainsi que ceux du jeune enfant et du nourrisson, encore plus que ceux-ci sont fragiles.
L’enfant par cette appellation péjorative de gosse, est toujours plus ou moins considéré comme un objet, ou quelque chose d’encombrant.
Et encore plus paradoxal j’ai entendu des parents exprimer, qu’ils ne savaient pas s’ils pouvaient s’attacher à cette « créature » qu’ils ne comprenaient pas, de peur de ne pas la comprendre et de la perdre, par un attachement trop prématuré.
Combien sont également les parents qui expriment de l’effroi devant cet être étrange avec lequel ils ne parviennent à communiquer, et dont ce qui qualifient de manque d’humanité dans le nourrisson les effraie.
Pour certains parents il faut découvrir l’enfant pour l’aimer, car l’affection aussi étrange que cela puisse paraitre n’est pas aussi naturelle et spontanée que l’on puisse le penser, et nous n’évoquerons ici que les situations d’enfants qui ont été désirés.
Pas de langage donc pas de pensée.
Pas de pensée, car pas de langage, car ce précepte associer le langage à toute forme de pensée, était considéré comme le seul moyen de manifester une quelconque humanité. Ce bébé serait donc sans conscience ni pensée.
En conséquence le bébé était une chose humaine, à considérer avec curiosité certes, mais guère plus. Il désintéressait les hommes, mais intriguait plus les femmes qui soupçonnaient bien d’avoir là quelque chose d’humain !
Ensuite différents travaux en pédiatrie notamment, augmentés des apports de la psychanalyse, ont lentement fait glisser l’état de nourrissons d’objet humain, à celui de sujet humain. Par la suite malheureusement des principes éducatifs mal compris l’ont fait passer d’Objet, à Sujet, puis à Monarque, le fameux enfant roi, très en vogue de nos jours, mais j’évoquerai cela dans un autre article.
Il est habituellement considéré que les symboles matériels d’expression de la pensée sont les mots, ce qui amené à la posture suivante : si pas de mots pas de pensée !! Mais :
Est-il obligatoire de savoir parler pour penser ?
Malgré cela introduisons une autre conception qui consiste à dire : qu’il n’est pas nécessaire de pouvoir parler pour pouvoir penser !
Nous pouvons même affirmer que la pensée est la partie, la fonction, l’activité, vouée à la formation de représentations intellectuelles pas nécessairement conscientisées, engendrées grâce à la synthèse combinatoire des stimulus sensoriels perçus par la psyché de l’être humain via son corps et du reflet subjectif de ceux-ci dans l’imaginaire du sujet en question.
Mais même dans l’utilisation de cette représentation, nous constatons que la parole n’est pas le support de la pensée.
Je propose à ce stade du développement d’intégrer ce que la recherche vétérinaire nous apporte, car il ne fait guère de doute que les animaux réfléchissent. Leur comportement est trop sophistiqué pour n’être qu’instinctif. Malgré cela il est extrêmement difficile de déterminer avec précision ce à quoi ils pensent, car notre langage humain n’est manifestement pas adapté à l’expression de leurs pensées.
Il est intéressant de comparer les facultés du très jeune enfant avec celles des animaux, car les deux systèmes présentent la même caractéristique qui est d’être dépourvu de langage, mais pas de pensée ni de conscience de soi.
Je propose également de concevoir que l’intuition de soi existe à partir du moment où apparait ce que j’ai nommé le butyrum, à savoir cet univers primitif, dans lequel l’inconscient est lui balbutiant, et que nous pouvons considérer comme un univers cosmologique.
Cet état nouveau de perception n’est ni conscient, ni inconscient, il devient existant, il existe et exulte c’est le butyrum.
C’est ce psychisme archaïque, primitif, que nous présenterons dans cette première approche comme un beurre primitif peu travaillé, dans lequel le langage n’existe pas bien évidemment, mais les sensations existent et sont appréciables, hiérarchisables, classifiables, et également mémorisables ; c’est ce que nous allons plus identifier dans le développement.
Nonobstant nous pouvons établir que :
- La pensée est plus comme une capacité à réaliser des opérations
- Le conscient plus comme une capacité à réaliser des stratégies.
Car le conscient peut activer volontairement, ensemble ou simultanément plusieurs pensées.
Pour en revenir au nourrisson, imaginons une langue dont la structure nous est totalement inconnue, comment pourrions-nous la traduire ?
Si pour traduire des phrases, il fallait obligatoirement en traduire les mots, alors que ces mots ne sont pas liés à notre langue, nous serions bien évidemment incapables de les reporter dans notre langue. Nous ne pourrions pas comprendre le sens de ces phrases. C’est bien de cela dont il s’agit avec le nourrisson.
L’animal utilise des grammaires inconnues
Les pensées animales sont comme les phrases d’une langue inconnue. Elles sont construites sans présenter aucun rapport avec les nôtres. Leurs parties constituantes diffèrent totalement de la façon dont nous, êtres humains, assemblons les mots. Par conséquent, il n’y a pas d’éléments du raisonnement animal correspondant à notre vocabulaire et il y n’y a donc pas de moyen précis de convertir leurs pensées en des phrases.
Pour continuer cette similitude, entre la pensée animale et celle du nourrisson, nous savons que la pensée animale est proche de la pensée humaine, mais uniquement pour certaines capacités liées à la représentation, à l’abstraction et même au raisonnement. Nous pourrions en déduire les mêmes constatations chez le nourrisson, mais les observations sont souvent faites chez des animaux adultes et dont le système de maturation est déjà imprégné de leurs expériences, alors que le bébé est vierge de pratiquement toutes expériences.
Également pour continuer cette comparaison, il n’en est pas de même pour les processus cognitifs plus élaborés passant par le langage, dont est dépourvu le nourrisson. Ceux-ci permettent ainsi une représentation symbolique plus solide permettant par exemple l’accès à l’imaginaire, faculté dont est privé le très jeune enfant. Or nous savons que c’est entre autres cette faculté d’accès à l’imaginaire qui permettra à l’enfant de développer ses facultés cognitives. Toutefois il est séduisant de proposer une théorie finie de l’esprit qui comprendrait les concepts d’intention, et de savoir accéder, pour préciser ainsi la vie psychique du nourrisson.
Le fonctionnement des mécanismes d’apprentissages.
Qu’il s’agisse de l’animal, de l’être humain, et par conséquent de fait du nourrisson, nous savons que nous partageons tous ces mêmes mécanismes d’apprentissage. Notamment lors de la période d’imprégnation (début de la vis fœtale) pendant laquelle ils sont comparables, mais aussi différents, notamment au niveau de la généralisation et de la mémorisation.
Ce qui caractérise l’intégration des représentations entre les espèces repose sur la capacité du biotype, et peut-être une prédisposition génétique à l’intégration de certains concepts, mais ces percepts sensoriels sont systématiquement accompagnés de représentations primaires émotionnelles dans le système limbique (hippocampe). Et cela nous le retrouvons dans l’homme et bien sûr chez le nourrisson.
Il est même observé que c’est par la comparaison de ces différentes représentations primaires qu’est évoquée ou inhibée l’action, et ceci de façon systématique. Nous allons appréhender comment ces apprentissages vont s’organiser en fonction d’un assemblage de représentations, dont nous allons développer ici une image de leurs principaux couplages :
- 1) Le couplage temporel et spatial, de type conditionnement pavlovien ou instrumental. Il apparaît très vite et peut même apparaître dans le monde intra utérin.
- 2) La comparaison entre objets ou situations, conduisant à des rapports de similitude ou de différence. Ce niveau est impliqué dans la reconnaissance des sujets connus et inconnus, par exemple dans la défense du groupe. Nous voyons cette fonctionnalité apparaître dès la pertinence du système visuel.
- 3) Les relations d’appartenance et d’ordre, par exemple la classe ou le concept du semblable. Cette notion du « pareil que » apparaît aux environs des 6 mois de l’enfant. Les équivalents d’opérateurs logiques (règles, lois), appliqués à des objets, des espaces, des relations entre sujets (relations sociales entre congénères), cette faculté apparaît à partir de la première année, à partir plus précisément du moment où le langage permet au conscient d’émerger.
- 4) Puis apparaît aux niveaux plus élevés le remplacement d’un concept par un autre plus arbitraire et la manipulation et coordination de ces concepts arbitraires. C’est le niveau du langage symbolique humain, et nous savons que la représentation sociale appartient à cette étape.
Qu’en est-il de Darwin et de Freud ?
Pour continuer ce développement il est intéressant de noter que dès son origine la psychanalyse s’est intéressée au rapprochement entre les comportements, développements humains et ceux des espèces animales.
Darwin qui est né en 1809 a été le précurseur, celui qui a initié cet énorme travail, Freud pour rappel est né en 1856, et s’est de fait imprégné de l’ensemble des travaux de Darwin. Ce dernier a étudié toute sa vie la morphologie et l’évolution des animaux, il s’est aussi penché, longuement sur leur intelligence, leur capacité d’apprendre et leurs états subjectifs. Il a publié en 1872 une fabuleuse étude : « L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux », sur la façon dont les animaux et les humains expriment et signalent aux autres leurs émotions. Ce livre est fondateur de l’éthologie moderne, cette science qui étudie le comportement des animaux. Finalement cet ouvrage semble avoir été peu consulté par les psychologues et les pédagogues, et avec le recul du temps, nous pouvons finalement nous étonner que la psychologie au sens large l’ait ignoré si longtemps.
Dans cette étude il décrit également et surtout, en détail les origines animales des comportements affectifs et même des croyances des humains, texte qui a suscité beaucoup de réactions de la part des croyants, mais aussi des scientifiques.
Car le fondateur de la théorie de l’évolution développe combien la manière même d’exprimer nos émotions et nos pensées à travers certains gestes spontanés, comme les crispations du visage, nos comportements immédiats de fuite et d’attirance, également comme beaucoup de nos affects, de nos sentiments, de nos comportements de peur, de souffrance, de rage, même nos mimiques, proviennent tous du monde animal.
Cet animal en nous, que nous contrôlons si mal !
De l’animal en nous et que nous contrôlons si mal, Darwin insistait notamment en expliquant que selon lui cela ne concernait pas seulement nos émotions – dont on sait depuis le neurologue Antonio Damasio l’importance dans la constitution de notre pensée et notre intelligence – mais nos croyances, c’est à dire nos « pensées ».
Tiens donc l’animal penserait … Mais sans langage !
Cet intérêt de Freud aux théories darwiniste n’est pas tant connu que cela à part quelques spécialistes de la chose savante, et n’est pas forcément enseigné. La référence de Freud la plus connue à l’œuvre de Darwin apparaît sur le terrain de l’anthropologie culturelle avec l’hypothèse de la horde primitive dans « La Filiation de l’Homme en relation avec la sélection sexuelle » paru en 1871. C’est le deuxième ouvrage parmi les plus importants de Darwin dans lequel il décrit explicitement l’application de sa théorie à l’humain et il y précise la théorie de la sélection sexuelle, c’est ainsi que la notion de psychologie évolutionniste y apparaît. Le livre aborde également un certain nombre de sujets connexes mais éminemment importants comme l’éthique évolutionniste, les différences entre les hommes et les femmes, également les différences entre les races humaines, également le dimorphisme sexuel humain.
Cela parait du plus naturel que Freud y trouve un creuset d’inspiration pour son ouvrage Totem et Tabou paru en 1913, qui pour certains apparaît comme le véritable acte fondateur des sociétés humaines. Il est intéressant de relever des critiques apportées à l’œuvre de Freud notamment sur les inspirations que lui reprochent certains détracteurs l’accusant de vouloir se situer dans la lignée de Copernic et de Darwin, en arguant que la méthode utilisée par la psychanalyse n’avait rien de scientifique en termes de concepts, de méthode et encore moins d’épistémologie, si ce n’est l’emprunt d’une conception erronée de l’évolutionnisme. Freud aurait recherché un fondement scientifique, et les détracteurs en concluant ainsi que rien dans sa méthode ni son analyse ne s’inspire de l’épistémologie scientifique.
Mais pour rappel la séparation entre les sciences dites dures ou exactes et les pseudo sciences statuts que revendiquent les sciences humaines est très ténue et discutable.
Ainsi la rupture apparaît entre la biologie et les sciences humaines.
Cette longue digression permet de poser de façon naturelle et évidente que c’est à partir de ce moment que s’est effectuée la séparation entre la psychologie et la biologie. Freud, écrit « On comprend comment, parti de si haut, la psychologie du singe peut engendrer celle de l’homme », car pour lui la transition passe par la notion d’inconscient qui, par analogie, représente le « chaînon manquant » de la psychologie.
Dans cette recherche du chaînon manquant il est utile de citer Ernst Haeckel biologiste, philosophe et surtout libre penseur, avec cette formulation plus précise du chaînon manquant, qu’il nomme Pithecanthropus alalus : le singe homme sans langage.
Pour en finir avec ces concordances entre Freud et Darwin, n’oublions pas que les admirateurs de Freud voyaient en lui le « Darwin de la psychologie ». Ainsi l’évolution de la psychanalyse s’éloignera rapidement de l’épistémologie darwinienne pour s’organiser plus dans le champ du mythe et de la culture de la société occidentale.
Cette remise en cause de l’évolutionnisme culturel conduit à une rupture entre la biologie et les sciences humaines, ces dernières revendiquant une dimension et spécificité humaine. Ainsi pour Freud, la transition passe par l’inconscient qui, par analogie, représente le « chaînon manquant » de la psychologie
Tout cela pour quoi ?
Cette très longue digression pour faire apparaître plusieurs éléments de réflexion importants. Principalement que le bébé est un être à part entière doué de qualités et de facultés développées, et bien plus que l’on ne veut lui accorder généralement. Qu’il possède un psychisme élaboré, et cela dès la première lueur, étincelle de sa vie.
Que le bébé est bien un être complet à part entière, doué et doté de facultés. Que celui-ci communique, mais que les outils de compréhension n’ont jamais pu être développées, au vu de la globalité de cette réflexion, et de la complexité qu’il porte, savoir ce que dit le jeune enfant. Mais dire que le petit humain vient au monde très immature est une ineptie
Freud, a développé une théorie de la sexualité infantile qui s’inspire de la théorie évolutionniste darwinienne, les principaux pédagogues Piaget, Freinet, Wallon s’y référent également, mais ces liens entre la pensée animale et les comportements du tout jeune enfant, également sur les mécanismes d’apprentissage n’ont jamais été complètement développés.
Comment se positionner.
La base de l’apprentissage se fait par mimétisme, car l’enfant imite ses principaux partenaires que sont la mère, le père, ou tout autre proche éducateur, qu’il va ainsi copier. Pour préciser ces fonctionnalités je renvoie le lecteur au tableau orthogénique du psychisme qui figure dans l’article « le Surmoi qui est individuel et collectif » et dans lequel nous voyons apparaitre deux facultés que sont l’assimilation et la reproduction.
Il s’agit de deux fonctions qui sont la capacité d’assimiler, et celle de reproduire. Nous retrouvons ces approches dans les travaux de Ferenczi qui lui également s’était inscrit bien sûr dans les travaux de Freud mais également ceux de Darwin. Ferenczi avait établi dans son article Thalassa ces comparaisons entre les facultés psychiques humaines et les facultés innées de la cellule qu’il présuppose de même nature.
Ainsi l’enfant sait et doit assimiler la nourriture, il peut et doit également développer cette faculté pour assimiler les informations, de toutes natures, puis pour les reproduire par mimétisme. C’est ainsi qu’ici se créé une base de communication reposant sur un code binaire simple qui est le principe d’action-réaction. L’enfant imite en « zonant » entre plaisir et réalité.
Je développerai dans un autre article comment se combinent ces deux mécanismes action réaction et principe de plaisir et de réalité. Mais de façon très simple nous comprenons aisément qu’il sent combien en répondant aux stimuli de ses éducateurs il obtient en récompense un sourire, une caresse, un baiser…
C’est ainsi que vont se développer les réflexes de type pavlovien, donc très primitifs que beaucoup confondent d’ailleurs avec des traits de caractère.
Comment procéder.
L’enfant à cet âge possède une perception comme je l’ai expliqué d’un état cosmologique, il n’y a ni temps, ni polarité ni sens, simplement du plaisir et du déplaisir qui sont des sensations actives et réactives.
Ainsi ce Moi qui est cosmologique, est morcelé sans idée d’unité, ni de cohérence spatiale ou corporelle. L’adulte doit donc aider l’enfant à s’unifier par appropriation des différentes parties de son corps et cela également en relation avec l’extérieur. Ainsi l’aider à lier, puis relier le regard, la main le sourire réalité plaisir. Le plus important étant de l’accompagner dans ce cheminement.
Il est utopique tant les domaines évoqués sont vastes, de conclure, mais en ce qui concerne notre enfant il est intéressant de l’accompagner et de l’aider dans ce qu’il va découvrir de fait tout seul.
Parmi les quelques petits conseils de bon sens, surtout bien sûr ne pas faire à sa place, ne pas le porter tout le temps sur soi pour qu’il défusionne au plus vite et sente à s’approprier son identité corporelle. Également ne pas céder systématiquement à toutes les demandes en observant, s’adaptant, le pragmatisme est la seule vertu. Savoir s’adapter en permanence et ne pas céder aux conseils des magazines car chaque enfant parents couple est différent.
Il faut apprendre à ne pas faire pour l’enfant, mais lui apprendre à faire.
L’aider à lier et relier pour coordonner son regard avec sa main, puis le regard la main et l’objet. Lui montrer quand nous le sentons en éveil, ce qu’il est souvent, les corrélations entre les différents éléments constituants sont univers, ce n’est pas un objet mais un être doué de sensibilité qui enregistre et se façonne dès les premiers apprentissages.
Pour rappel il apprend par mimétisme, et plus des réflexes apparaissent tôt, plus ils seront fonctionnels. Incontestablement, autant que ce soit de bons réflexes. Parmi ceux-là n’oublions pas que la gaucherie en fait partie.
A quoi pense les bébés.
Il est véritablement irréalisable par un rapide article de prétendre répondre à la question, mais j’espère avoir rappelé que nous avons affaire à un être entier, dans sa plénitude, capable de sensations, et de hiérarchisation de ses sensations, avec une mémoire qui y est associée. Nous avons vu que penser leur pensée est impossible, mais assurément que les bébés ont une activité cérébrale intense, y compris lors de leur sommeil, durant lequel se réorganise l’ensemble des apprentissages diurnes.
Mais il faut être conscient que tous les vécus sont enregistrés et servent telle une base de données à toute la logistique comportementale. C’est là ou vont s’organiser les premiers réflexes très archaïques, primitifs, qui vont organiser beaucoup d’ensemble comportementaux.
Ce réflexe fonctionne par sédimentation exactement comme en archéologique et les couches de ces réflexes comportementaux vont se mailler naturellement avec les suivants. Ainsi sur une base fragile, voire faible, les chances de construire une personnalité équilibrée sont parfois très faibles.
Les dysfonctionnements organisés dans ces piles mnésiques, ces bases de données de script fondamentaux seront véritablement inscrits dans le psychisme et inconscients ils sont très résistants, et pourraient générer des conduites psychotiques, dont nous savons que les causes s’organisent à ces périodes.
Un prochain article développera plus cette notion du butyrum, précisant comment fonctionne cette activité cérébrale, et surtout comment se partitionner, par une série d’articles sur les attitudes éducatives à adopter en fonction des différents âges. Je propose d’ailleurs d’en trouver quelques éléments d’appréciation, à travers la lecture de l’article « Appliquer les fondamentaux de la psychanalyse à l’éducation ».
Lien sur mon dernier livre : Une nouvelle psychanalyse la PAR :