Partie II
Une ambivalence ou une erreur.
Cet article s’inscrit dans la continuité du précédent « l’homme qui voulait contempler l’antichambre de l’éternité » dans lequel nous abordions l’intégration et la structuration de l’idée de mort dans l’inconscient, l’idée d’un passage universel, d’une entrée/sortie vers l’origine, et celle d’un principe double psychopompe. Nous allons continuer à naviguer dans ces territoires obscurs qui façonnent l’inconscient, et surtout la façon dont ceux-ci ont fabriqué l’imaginaire de l’homme, pour cela je développerai l’idée d’un inconscient communautaire et non collectif. L’inconscient collectif préfigure tellement l’idée d’un irréel, que s’y hasarder au-delà de l’aspect pittoresque déqualifierait toute rationalité, qui est la finalité souhaitée.
Cet exercice s’exprime dans la cadre de la PAR, qui est une thérapeutique nouvelle fondée sur une philosophie mécaniste du phénomène vivant et donc de la vie et de ce qui procède, à savoir particulièrement la psyché humaine, notre domaine de réflexion.
Ce rédactionnel a la volonté de se situer comme les précédentes contributions, en présentant ce qu’apporte la PAR cette psychanalyse mécaniste, aboutie et porteuse d’une dimension philosophique mécaniste, inspirée principalement de Spinoza et Nietzsche.
Notre réflexion est ainsi orientée sur le concept de liberté et de libre arbitre, expliquant dans une série d’articles, que non seulement l’homme est le produit incontournable de ses déterminismes, mais qu’il peut en devenir le fruit. Aphorisme dans lequel se situe la PAR, notamment par cette jonction entre philosophie, et acte thérapeutique, ici apparaissant à travers le concept de PLA.
L’homme est-il le produit, ou le fuit de ses déterminismes ?
En apparence une étrange querelle de rhétorique, mais nous effectuerons un distinguo entre ce que représente un produit, qui est ce qui provient bien des déterminismes, mais dont la création altère la substance, alors que le fruit correspond plus à la réalité de la substance, celui-ci étant la plénitude assumée par opposition au produit plus représentatif d’une soumission subie. Ainsi nous définirons qu’être le produit de ses déterminismes, c’est accepter d’être ce que nous sommes, savoir évaluer au mieux, le plus finement dans cette contigüité du subjectif et de l’objectif, cette idée que je dois avoir de moi. Tandis qu’être le fruit de ses déterminismes consistera en une dynamique, une réelle et pleine appropriation pour intégrer cette réalité dont je suis pleinement conscient et que j’objective. Ainsi passer d’une simple statique d’être à une dynamique qui est de revendiquer d’être cet état.
Devenir le fruit de ses déterminismes nous fait passer de ce statut de victime éternelle, évoqué dans l’article : « Perlaboration autogène de victime à responsable » à partir des réflexions de Cioran, à celui de responsable de moi.
Les déterminismes produisent l’être, mais surtout l’être qui peut choisir. Qui peut choisir de décider de devenir le fruit des déterminismes, transformant l’aphorisme de Cioran « de l’inconvénient d’être né » en « de l’avantage que nous donne cette posture d’être né ». C’est vraisemblablement aussi une différence essentielle avec le concept de fatalisme dans laquelle il ‘y n’a aucune idée de choix.
Assumer d’être né pour savoir ce que je vaux, et ainsi déterminer ce que je veux.
Notre réflexion ne s’inscrit pas dans une disposition socio-historico-économique déterminée, sachant que les contextes conditionnent et nuancent les égalités au bien-être. Nous expliquerons également, au-delà de cette étrange formulation « d’assumer d’être né » ce que qui est signifié ainsi.
Dans l’article « l’homme est une solitude à déconstruire » j’avais montré combien la philosophie pouvait avoir atteint une forme de « plafond de verre », la PAR apportant à ce moment un cadre original de réflexions et de perspectives. Il s’agit d’une thérapeutique pédagogique et comportementaliste, notamment par le concept de PLA, qui s’oppose à la soumission des fatalismes.
L’inconscient connaît la mort avant nous !
Dans l’article précédent nous avons affirmé notre posture d’un inconscient qui était bien pétri de l’idée de mort. Cet axiome pouvant être opposable à la vision freudienne d’un inconscient qui ignorerait tout de la mort. Le développement de cette position se trouve dans l’article précèdent.
Ceci est observable notamment par la recherche perpétuelle de ce monde d’avant, d’une obsession de cette mort imminente, et que l’on n’en contrôle pas. L’homme veut contrôler la mort pour l’éviter, créant ainsi intrinsèquement la nécessité de maîtriser par conceptualisation. Ainsi il invente la religions, les dieux, le mythe, la vénération et tous les rituels associés, que sont ces névroses obsessionnelles de contrôle. Et puis également l’objet, les objets du contrôle.
Puis une alternance, comme une dévolution passant de concept à objet. Une succession d’objet/concept confondue. Ainsi le concept devenu objet, par le simple fait de pouvoir le posséder, de le toucher, de l’exhiber, est ainsi devenu sacralisé, puis de fait sacré !
L’objet devient un concept/symbole ensembles confondus afin de sembler maîtrisable.
La caverne comme étant la représentation symbolique de cette matrice d’avant universelle.
Nous allons poser comme symbole représentatif de cette fameuse matrice, la caverne et tout ce qui peut lui être associé. C’est un mythe/symbole universel, couramment employé par toutes les cultures et civilisations à toutes les époques. Cette antichambre, une sorte de purgatoire, retourner à cette matrice qui nous a créé, cette fonction que seul le ventre de la femme devenue mère peut apporter.
Nous pourrons retrouver le mythe de la caverne avec toutes ses formes de représentation à travers les mythes, les religions. Il y figure bien sûr le monde tapi d’avant, d’ailleurs les histoires en font récit cette antichambre de la mort là où vivent les fantômes, les korrigans.
Le folklore brode son récit en mélangeant l’histoire dans le surnaturel. L’humanité s’est construite notamment dans ces inconscients communautaires alimentés par ces folklores, se construisant sur les atypismes des populations et de leurs environnements, mais tous reposant sur ce substrat de base qui est l’inconscient connaît tout de la mort.
Ce mélange, ces confusions individuées et communautaires se confondent et s’alimentent en construisant en permanence ces mythes. Mais plus il est ancien, plus nous lui garantissons son authenticité. Ainsi plus le mythe sera identifié antédiluvien, plus il sera affirmé et revendiqué, comme authentique, porteur d’une valeur sacré. Il en est de même pour l’inconscient dont les substrats les plus anciens imprègnent sans exception tous les étages de la construction psychique. La réappropriation de moi intime permettant l’émergence de la réelle volonté de discernement.
Dans d’autres chapitres, nous avons abordé les souches primitives de l’inconscient dont les premières pulsations apparaissent dans le butyrum. Pour illustrer simplement cela, un fœtus dont la mère a pris l’habitude de dormir toujours sur le même coté est déjà imprégné, imprimé, par cet écosystème de l’environnement de la matrice portée et façonnée par la gestuelle du corps de la mère.
Pour continuer à développer l’idée du ventre de la terre, il faudrait un ouvrage entièrement consacré uniquement à cela. Mais nombreux sont les représentations ou métaphores, qui déroulent toutes sortes des représentations : picturales, cinématographique, architecturales de ce ventre de la terre, constituées de portes, de méandres, cela figuré de toutes les représentations, comme celles des lèvres, revenant à la présentation du tableau de Courbet l’origine du monde que le premier article préfigurait.
Ce qui détermine les raisons pour lesquelles ce mythe de la mort à dominer par de multiples psychopompes est constamment présent en l’homme et dans ses civilisations, de façon incontournable, base la plus archaïque de toutes les autres constructions.
Le psychisme est par définition une confusion.
Réinjecter ce concept pour continuer. Il est important pour comprendre l’ensemble de ce développement, notamment comment s’interpénètre dans cette première partie de la réflexion, l’idée d’un mythe psychopompe dans la psyché humaine, de revenir à ce qui la caractérise principalement, à savoir la confusion.
La confusion est une constituante majeure de la psyché. Nous retiendrons de ce mot, la définition suivante de ce terme parfois ambigu : état de ce qui est confus, indistinct, désordonné, désordre. De même celle que j’en donne à travers la P.A.R : Le psychisme est un vaste maillage atemporel dans lequel tout active tout, présent et passé, conscient et inconscient. La psyché n’est pas un objet séquençable, ni sécable. Les différentes disciplines la disent et la raisonnent chacune avec leurs outils, principalement les neurosciences, dont la fonctionnalité est notamment de définir cet objet psyché, et qui sont actuellement très loin de toute forme d’une représentation de la psyché et de son fonctionnement.
Nous savons également que l’idée de discernement peut apparaître dans une conceptuelle à titre individuel et thérapeutique, telle que la propose la PAR, ayant particulièrement précisé le concept de pleine lucidité aboutie.
Dans cette confusion, tout est donc confondu : le rêve avec la réalité, le réel avec l’imaginaire. Ainsi ce que je vois peut se confondre avec ce que je veux croire, ce que je veux se confondre, avec ce qui est. Ce que la psychanalyse a distingué aussi en nommant le dualité entre le principe de plaisir et celui de réalité
Le principe d’un discernement « réel » apparaît chez l’enfant vers trois ans environ, mais dans cet environnement confus le rêve et la réalité se mélangent constamment, ainsi une peur se confond avec l’idée de ne pas maîtriser cette peur. Manipuler l’objet sacré, veut dire maîtriser la peur, la manipulation de l’objet qui devient l’organisation du rituel et de ses routines, l’homme donne de cette façon une réalité au mythe : « Puisque j’y crois c’est vrai ! »
Les schizophrènes et autres narcissiques, et nous ne parlerons pas des psychotiques, ont eux largement transgressés les deux, et sont dans leur réalité qui est en réalité une illusion de leurs plaisirs.
Imaginaire et inconscient même fondement !
L’imaginaire est le messager de l’inconscient !
Cette digression pour bien percevoir que l’imaginaire et l’inconscient appartiennent à la même sphère, les deux s’alimentant et se nourrissant. Plus exactement l’imaginaire sera la transcription de messages non-forcément perçus par le conscient, qui seront des ressentis, sensations, perceptions plus ou moins audibles et diffuses. Ainsi la transcription d’une peur signifiée va s’inscrire dans les engrammes les plus intimes de l’inconscient. Le fameux inconscient collectif dont parlent les jungiens mais dont il faut se méfier car ce serait comme une matrice obligeante par l’injonction d’y être de ne pouvoir y échapper. Raisons pour lesquelles nous préférons le concept d’inconscient communautaire.
Inconscient individué, inconscient communautaire.
- Parler de L’inconscient individué cela revient à la perception du butyrum que j’ai défini comme la topique fonctionnelle, là où se fait la jonction entre les gènes et les prémisses de l’homme « la première étincelle du vivant en nous ». Comme nous l’avons compris, l’idée de mort est inscrite dès cet instant, et l’être ne peut échapper à cette certitude présente dès que le brasille de vie s’allume. En situer le commencement est une autre histoire !
Dès que le butyrum apparaît, l’être est pétri de cette idée de mort et tout ce qui s’ensuit va découler, comme le reste : la condition de la grossesse, celle de la naissance et les toutes premières sensations de l’extérieur, comme les sensations de chaud et de froid en sont les bases pour le nourrisson. L’interface est la façon dont l’entourage se comporte, ces combinaisons qui créent notre propre premier rapport à la mort. L’apparition du langage et le sens qui va y être mis va à la fois préciser et complexifier cela.
- Parler de l’inconscient communautaire c’est intégrer, superposer une autre dimension qui est celle de l’amplification par l’appropriation que s’en fait le groupe, « plus on est nombreux plus on est forts » ainsi une vérité apparue aura force de loi et de certitude.
Ainsi le mythe et le sacré construits et admis par la communauté deviendront les dogmes.
Alors cette peur de la mort quel objet pour la maîtriser, quel mythe à part l’appropriation de la caverne la posséder, la voir, la cerner, la pénétrer, la murer, l’obstruer, pour cheminer dedans jusqu’au bout, jusqu’au fond… Mais il y a quoi au fond ?
Alors rentrer dans la matrice pour en ressortir ?
La première tentation est bien de retourner à cette matrice qui nous a créé. Cette fonction que seul le ventre de la femme devenue mère a pu apporter. Cette magicienne accompagnée dans cette création par son compagnon a été le réceptacle nous faisant passer du … rien, du néant, à la vie.
L’extérieur serait donc anxiogène, subséquemment cela consisterait à envisager que tout ce qui nous amènerait à sortir de cette matrice serait anxiogène. Certaines littératures feraient même penser que la naissance, une épreuve évidente en soi, serait comme un homicide des plus cruels. Nous reviendrons sur la partie développé dans la partie une sur cette capacité à défusionner, gage indiscutable de l’individuation. Ceci pour comprendre quelle autonomie dans ce processus.
Mais revenons à ces moments d’avant.
La magie s’opère dans ce ventre qui est la matrice, devenue la caverne de notre symbologie. La puissance de cette création, remonter dedans ce serait vraisemblablement en retrouver toute l’essence. Cette matrice, cette représentation du ventre, se l’approprier serait donc regagner ainsi le divin et le sacré, ce fameux sacré en nous dont beaucoup nous rabâchent gaussent.
Quelle est belle cette tentation, mais une fois dedans, cette symbologie qui est la nôtre comme outil manipulatoire de nos concepts, qu’allons-nous y retrouver au fond ? Une fois que cette matrice vaginale sera remontée et franchie, où allons-nous remonter encore plus loin, mais pour retrouver quoi ? Le néant, le divin ?
Tous les scénarios les plus pittoresques de la littérature d’épouvante et d’horreur s’inspirent de ces peurs archétypales, et sont remplis de tunnels, d’entrées, de couloir, plus ou moins salis, humides, encombrés, rappelant l’étrangeté de cette naissance qui fut la nôtre. Sortir, être coincé dedans, passer par des endroits tortueux. Alors faut-il panser le passage, ne raisonner que par cette épreuve qu’est le passage, ou chercher, voir la lumière ? La mère et l’enfant sont liés par ces meurtrissures, alors faut-il penser panser, ou penser dissocier l’un de l’autre pour les panser séparément ? La raison de la phylogénèse repose, réside bien là.
Mon enfant tu, as tellement souffert !
« Mon enfant, tu as souffert, comme moi, et il n’y a que moi qui connaît si bien ta souffrance pour l’avoir vécue, il n’y a que moi qui peut te protéger de ce monde brutal qui t’a séparé de moi, et qui nous a fait souffrir tous les deux ».
L’inconscient communautaire s’emparant de cela donnera le développement à des concepts pathologiques dangereux, mais malheureusement bien présents, et réels, et de plus en plus actuels dans notre société contemporaine.
Il est intéressant d’observer aussi que le labyrinthe est la représentation à ciel ouvert de ce parcours initiatique qu’est notre naissance, ce qui explique d’ailleurs les raisons des angoisses que d’y rentrer génère. Y rentrer pour ne jamais en sortir
Et puis ce monde souterrain d’avant, les mythes l’ont inventé, peuplé des démons, d’êtres maléfiques de toute nature.
Alors y rentrer oui, mais en restant au bord, à l’entrée
Au diable le courage pour cette couardise !
Donc une envie irrépressible d’y retourner, quoique… et le quoique va dépendre de l’imprégnation dès le butyrum de l’individu, celui-ci augmenté des traditions autour : familiales, sociétales, traditions faites de langue et de langages.
Le retour à la caverne, à la grotte primitive au ventre perdu, au monde d’avant. Nous voyons qu’en fonction des structurations psychologiques et des inconscients individués ou communautaires, vont s’organiser des niveaux de cette dépendance ou d’indépendance non voulues mais subies organisées déjà dans le butyrum.
L’homme pense penser, mais l’inconscient exulte des états d’âme, d’humeurs, que la pensée tente de s’approprier. J’ai déjà montré que la raison pure, la pensée pure n’existaient pas, car elles émergeaient toute d’une psyché dans laquelle l’inconscient est, et demeure tout puissant.
Le mélancolique et le colérique ne pensent pas identique, de leurs états « dit naturels » vont émerger des formes de pensés singulières et particulières que seuls l’un ou l’autre peuvent émettre.
C’est cela l’intérêt d’une mitoyenneté de cette mise en commun, qui est cette fameuse complémentarité et non pas opposition, le fameux concept de « débat contradictoire » qui fait que de cette multitude de fulgurances accumulées, une pensée communautaire plus aboutie verra son acheminement. Celle-ci s’opposant naturellement aux dogmes qui eux sont simplement l’expression de la puissance.
L’homme pensant, seul n’a pas le pouvoir de penser !
l’homme lucide peut penser, car il applique la PLA !
Les inconscients individués se regroupent naturellement par affinités, et ainsi vont tout faire pour activer et façonner leur inconscient communautaire. Il est important de préciser cette idée de la multiplicité des inconscients communautaires, ceci afin de ne jamais perdre de vue que ceux-ci sont structurés pratiquement de la même façon que l’inconscient personnel. Nous précisons à nouveau que l’inconscient personnel est comme une poche atemporelle mais qui fonctionne par imprégnation, rien ne peut lui échapper. Et plus les imprégnations sont anciennes, moins l’individu contemporain n’aura d’autonomie par rapport à ces imprégnations constamment exultantes.
Nous avons vu et nous savons combien le fœtus est imbibé des postures et aventures vécues à l’intérieur de la matrice qui est le ventre de sa « mère-matrice ». D’ailleurs les obstétriciens ne recommandent-ils pas de faire écouter de la musique que fœtus et s’inscrivent ainsi dans cette philosophie.
Il y a donc une mémoire très archaïque, très lointaine, accessible uniquement par l’émergence de ses représentations comme les sensations qui émanent et se dégagent. Les sensations de bien être intimes et profonds en sont l’expression. C’est cette mémoire qui a construit le mythe individuel et communautaire de la caverne, car c’est la matrice qui est la première référence à tort et à raison, mais nous savons que la psyché est construite de paradoxes et de contradictoires ensembles, ce sont ces caractéristiques qui en font un objet fascinant d’observations multiples.
Rappelons-nous également que l’inconscient se trompe souvent (il nous fait organiser des conduites souvent pathologiques), mais a toujours raison (car ainsi il satisfait ses besoins irrationnels), mais je renvoie à mes articles précédents pour les explications de cela.
Cette mémoire, qui entre en résonnance avec l’ensemble de ce maillage psychique, est celle qui va résonner constamment, la note de fond, l’harmonique fondamentale, la base, le substrat le plus intime de l’être, cela auquel nul individu ne peut échapper. C’est également comme une forme d’empreinte digitale intime et personnelle, ce qui fait que deux jumeaux dans le ventre de la mère sont différenciés dès l’émergence de l’étincelle.
Comme les fréquences les plus graves en musique que l’on ressent entend et qui vibrent, auxquelles nous ne pouvons échapper et nous protéger, il en est de même dans la psyché. Ainsi souvent l’on pense parler de personnalité, alors qu’il s’agit en fait de ces PMDP et Vacums, ces poches matricielles de plaisir et déplaisir que j’ai décrites, qui existent et depuis l’apparition du butyrum qui s’alimentent, se font et se défont en permanence.
Une démarche en PAR permet de s’en approprier les réalités, de vider les excès par les ACPA et de s’approprier le fruit des déterminismes pour réellement choisir grâce aux PLA.
Il en est de même pour les inconscients communautaires qui se façonnent depuis que l’homme est. Il y a des substrats archaïques qui s’alimentent se font et se défont. Les modes font partie ou plutôt sont une émanation, une représentation de ces inconscients. Ainsi existe ensemble une synergie de l’individu au collectif et réciproquement.
Il existe des inconscients personnels et il existe des inconscients communautaires. Ceux-ci dans notre proposition n’ayant, je le rappelle, aucun rapport avec l’inconscient collectif, qui lui ramène l’homme à l’ide de fatalisme, comme si son destin était dicté par des conduites auxquelles il ne pourrait échapper.
L’inconscient communautaire est comme l’inconscient personnel un élément d’appropriation et de réappropriation, il suffit déjà d’en conceptualiser l’idée pour ensuite en mesurer les abréactions et perlaborations, j’en repréciserai d’ailleurs les termes.
L’inconscient communautaire a donc la particularité de s’appuyer sur les mythes les plus archaïques qui sont eux, pratiquement communs à cet inconscient primitif de l’humanité, et s’est démultiplié comme une arborescence en différentes représentations. Chaque société a façonné, pétrie principalement par les réalités locales spécifiques comme les caractéristiques : géographique, météorologie, la nature de l’alimentation.
Ceci expliquant les atavismes sociétaux y correspondant. Chacun considérant à partir de cette construction, sa posture comportementale et idéologique comme étant la meilleure. Ainsi, la convergence de l’inconscient personnel et communautaire impose une dialectique implacable.
En conséquence, il y a une très grande propension de ces inconscients personnels qui ne pourront développer que des conceptions ramenant systématiquement à cette notion de matrice. Nous savons que l’ensemble des représentations sociétales ne peuvent échapper à celle des représentations sociales, et les deux se construisent dans et par ces inconscients communautaires. Par exemple, il est intéressant d’observer quelles réflexions sont associées avec quels comportements, car tout entre dedans.
Ainsi pour ces inconscients individuels non dé-fusionnés de la matrice, s’organisera l’unique et simple dialectique de ne raisonner et penser que par la matrice et rien d’autre. Nous verrons dans le chapitre III, qu’émane de cette posture deux tendances pathologiques, plus graves et mortifères.
Quitter la matrice pour découvrir la mère !
Un premier piège réside dans la confusion entre la matrice et la mère, discernement indispensable dans lequel les regards sont peu affûtés. Et c’est le piège dans lequel tombent de bonne foi de nombreux éducateurs. Le malheur est que ceux-ci entretiennent la confusion et participent à alimenter une pédagogie fallacieuse portée par un discours qui peut devenir déviant et dogmatique.
Il faut, il faudra se dissocier de la matrice pour découvrir la mère et le père. Le processus d’individuation commence indubitablement ici.
Une énorme confusion qui est la difficulté à raisonner qu’il y a deux représentations : celle de la matrice, et celle de la mère. Ainsi, la femme peut devenir matrice, mais doit absolument devenir mère, et ne pas se considérer uniquement et exclusivement comme une matrice, mais je préciserai cela dans le chapitre III.
Tout cela pour expliquer comment l’individu est souvent cimenté par cette idée d’indépendance interdite à avoir, car les inconscients personnels et communautaires se confondant, légitiment faussement l’idée d’un retour à la matrice comme indispensable.
Revenir dans la matrice serait mourir dans le propre et dans le figuré.
Il y a un mouvement indéfectible, indissoluble, immarcescible auquel nul ne peut échapper, qui est que la vie est à l’extérieur de la matrice et qu’organiser le vivant c’est tendre à sortir de la matrice.
C’est à ce moment que le père apparaît comme un psychopompe. Car c’est cet « AutreP » qui est l’altérité radicale, initiatrice, introductrice, ce concept sera également développé dans la partie III.
Il faut découvrir l’existence de la matrice pour mieux la quitter et percevoir son existence. Et non plus pour uniquement la vénérer. La matrice, la vie à l’intérieur de la matrice n’ont été qu’une étape, et y revenir est le même leurre que de vouloir maîtriser sa propre mort.
Vouloir rentrer dans la matrice n’évitera pas notre mort.
Une forme de petite mort à effectuer, faire le deuil en est une expression révélatrice. Le deuil du monde d’avant, de la matrice pour accéder à l’après. Cela montre que nous sommes tous en permanence confrontés à cette nécessité de quitter le monde d’avant pour y renoncer et aller à la découverte du monde d’après qui est celui de l’inconnu. Nous savons d’ailleurs que dans cette alchimie, c’est couramment la place du père qui est naturellement le mieux disposé dans cet acte psychopompe. Le rôle du père est à ce stade indispensable, mais nous en reparlerons. Ces réflexions sont proposées bien évidemment dans le cadre d’un contexte normé, le plus habituel et courant, et pourront être envisagé d’autre postures si l’altérité féminin masculin n’est pas en place.
Dans cette forme de fonctionnement du mode confusionnel, réside l’expression de cette confusion par l’envie de retourner de là où l’on vient. Et d’ailleurs, une symbolique intéressante de la mort est la peur de quitter quelque chose de connu pour aller vers l’inconnu. Nous savons qu’à chaque fois où l’analysant est confronté à ces peurs de mort hors tout contexte de maladie ou autre cela montre que sa psychè est entre en pleine mutation.
Si cela apparaît sous forme de rêve, il y a de fortes chances que l’inconscient soit en train de restructurer ses écosystèmes d’avant dans lesquels il avait des repères, pour intégrer la nécessité de passer à une autre étape, pour un changement.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille, c’est une succession de petites morts. Nous devons abandonner des états connus pour accéder à des états inconnus, c’est à chacun de ces passages que l’idée de la mort apparaîtra, et disparaîtra, le monde d’après se superposera à l’ancien qui deviendra un des substrats de nos mémoires. Le monde nouveau sera construit grâce à ces capacités d’adaptation induite propre à chaque cellule du monde vivant qui sont les capacités d’assimilation, de reproduction, d’adaptation et de sélection. Mais malheureusement, la plupart des individus sont bloqués à la reproduction, et n’arrivent pas à passer seule à l’étape d’après. Cela sera développé également dans le chapitre III.
Ainsi, l’enfant de cinq ans sent qu’il doit faire le deuil du maternage, celui de dix ans de l’enfance, celui de treize ans de la préadolescence, celui de dix-huit ans entrer dans l’âge adulte puis entrer dans le stade génital, ainsi de suite pour parvenir au stade désinentiel, cher à la PAR que je redéfinirai. Ces âges ne sont bien sûr que des valeurs indicatives et relatives.
Le nourrisson doit assimiler cela avant de parvenir au stade narcissique qui commence à être actif dans cette transition, il quittera l’illusion du maintien au monde matriciel d’avant. Le monde d’avant, matriciel, nous l’avons compris est cosmologique, c’est la raison pour laquelle il est sacré.
Ce sont les principales raisons pour lesquelles la caverne devenue la représentation métaphorique est ainsi empreinte de ce sens du sacré, y retourner serait bien sûr retrouver ce côté cosmologique sacré, celui d’où vient la vie.
Cette ambiguïté perdure depuis la nuit des temps, portée d’ailleurs par ce concept de la caverne que les hellénistes ont développés, car la femme à cette époque était plus une accoucheuse qu’une mère.
De cette dualité naît l’ambiguïté.
La confusion entre la matrice et la mère a créé cette confusion du refuge idéal dans lequel tout se mélangerait.
L’homme en voulant exorciser la mort la contrôler par de nombreux rituels dans cette confusion cultive, a cultivé cette mauvaise idée d’un retour à la matrice. Ainsi, collectivement, s’est organisé le mythe de la caverne avec tout ce qui va avec la matrice, le refuge, l’idée de la mère poule qui est assurément une fonction indisponible, nous continuerons à en voir les confusions dans l’idée de la dissociation de cela
Ainsi, nous pouvons dire que la mort est la marque de la temporalité dans la vie. L’individuation de l’existence se fait à partir de l’idée de mort, alors que le tout se confond dans l’éternité, notamment avec l’idée de paradis, qui même si elle conserve l’idée d’âme, et donne ainsi l’illusion d’un ordre de conservation, finit par la confondre dans un monde d’après, où il n’y a plus la nécessité d’individuation
En conclusion qu’avons-nous développé ?
- L’importance de raisonner autour d’une idée d’un inconscient communautaire et non collectif. L’inconscient communautaire est dynamique et lié aux déterminismes, non aux fatalismes alors que l’inconscient collectif l’est.
- L’importance de dissocier l’idée de matrice de celle de la mère/femme.
- D’un faux concept de la nécessité d’un retour à la matrice, ce n’est finalement qu’un retour à rien.
- Qu’y retourner est un abandon de la vie par une peur de la lumière qui fait renoncer à sortir. Nous comprenons aisément combien des situations psychologiques immatures vont cimenter des postures non voulues ou voulues en apparence.
- Une fausse légitimité « nous n’y pouvons rien cette matrice est tellement inscrite que l’on ne peut que s’y soumettre », eh bien non.
- L’enfant séparé de la matrice pourra à ce moment découvrir sa mère.
- La femme libérée de la matrice doit devenir mère.
- Qu’une fois l’enfant séparé de la matrice, il pourra découvrir la mère et le père.
Il existe bien une dynamique qui est cette appropriation de cet élan vital et de ne pas vouloir l’intégrer générera automatiquement toute forme de régression et de récession, car retourner à ce qui semble être l’essentiel dans cette forme de dépouillement, c’est retourner à rien, au néant, c’est renoncer à tout. Sortir est une prétention à être.
Nous allons ainsi admettre que d’intégrer des concepts de cette, nature permet d’ajouter une contribution individuée, puis collective à cet inconscient communautaire, permettant ainsi de sortir de cette fatalité, qui consistait à dire que l’enfant et la mère sont dépendants exclusivement l’un de l’autre. Nous verrons ainsi comment dans le chapitre III le concept d’altérité interférera.
La mère apparaît après la matrice, il n’y a pas de légitimité naturelle, nous développerons également cela, car l’enfant n’appartient pas à la caverne, il doit découvrir l’être qui va devenir sa mère et son père.
- Est enraciné dans l’inconscient collectif une fausse idée, une fausse vérité qui serait le retour obligatoire à la matrice comme quelque chose d’inéluctable.
- Existe une confusion entre la mère et la matrice, alors que les deux fonctions sont totalement dissociées.
L’appropriation de ce concept d’inconscient communautaire et de dissociation mère-matrice doit maintenant permettre à l’être humain de se réapproprier des zones éducatives qui de complexes sont devenues actuellement obscures.
C’est à l’extérieur que se déroule la vie !
Le chapitre III développera ces représentations et introduira d’autres concepts.
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Lien sur mon dernier livre : Une nouvelle psychanalyse la PAR
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