Principe de fonctionnement et dysfonctionnement du couple.
Dans l’article précédent, nous avons constaté que le fonctionnement des couples semblait être régi par des mécanismes presque immuables, ce qui évoque une certaine analogie avec les principes quasi-thermodynamiques. Nous examinerons à nouveau ces quatre principes qui semblent régir le fonctionnement des couples :
- Le principe de « 1+1=3 ».
- Le conjoint, qui assume également le rôle de matrice parentale à la fois positive et négative.
- La vie, inévitablement régie par ce principe économique : tout acte a une finalité, un but, de fait, il n’y a rien de gratuit, y compris le sentiment amoureux.
- Le sentiment amoureux qui sera lui à préciser.
Nous nous pencherons de fait sur ces principes, et leurs influences sur les relations conjugales. Cela va permettre d’appréhender le concept de communauté qui sous-tend celui de mitoyenneté.
Pour aborder l’initiation d’une relation conjugale, notre analyse se focalisera principalement sur les schémas généraux observés dans le contexte typique des couples hétérosexuels. Les particularités spécifiques seront abordées ultérieurement, car l’analyse à partir de cas particuliers comporte le risque de biaiser la compréhension de la grande majorité en lui appliquant des normes qui ne lui sont pas nécessairement applicables.
Nous sommes le résultat de deux géniteurs aussi, nous avons comme ligne directrice notre volonté d’expliquer comment l’être que nous sommes devenu est le produit de ses déterminismes et comment la psychanalyse P.A.R va lui permettre d’en devenir le fruit. Nous ne sommes pas des agents totalement libres de nos choix, mais plutôt des êtres constamment influencés et adaptés par diverses circonstances, telles que les dynamiques parentales, qu’elles soient équilibrées ou profondément perturbées, l’ambiance au sein du couple parental, marquée par l’amour ou la haine, ainsi que le sentiment d’être désiré ou rejeté durant l’enfance.
Au sein de ce couple géniteur, diverses dynamiques s’établissent, engendrant des atmosphères caractérisées par des harmonies ou des dysharmonies, ainsi que des principes tels que l’autorité ou le laxisme, la présence ou l’absence de culture, le sens commun ou son absence. Ces dynamiques peuvent également inclure des croyances religieuses ou militantes, ainsi que des prétendues valeurs qui, dans certains cas, sont érigées en absolus auxquels l’enfant est censé adhérer sans discernement, constituant ainsi un refuge identitaire. Il conviendra d’examiner de plus près ce qui relève de ces prétendues « valeurs », lesquelles peuvent se transformer en vérités indiscutables devant lesquelles l’enfant est appelé à se positionner.
D’autre part, je renvoie sur les deux articles concernant l’éducation : « Appliquer les fondamentaux de la psychanalyse à l’éducation » et « Une parole deviendra un ordre, ou un conseil… à choisir ». Ainsi, nous constatons que le parent aura indubitablement pour tâche d’éduquer et d’élever son enfant pour en faire un adulte autonome et responsable de lui-même, ceci dans la plénitude de son Moi intime et de l’application de la PLA.
Nous savons que la majorité de nos névroses viennent de la défaillance des couples parentaux et principalement des dégâts dus aux divorces. C’est ce que cette série d’articles va animer.
Ainsi, deux personnalités, deux histoires vont s’entrechoquer s’entremêler.
Ce qui distingue un couple d’une association d’intérêt que peuvent être l’acquisition d’un bien, de partager des vacances, de devenir parent, c’est la fameuse équation, car il faut arriver à ce « 1+1=3 » sinon la communauté ne sera jamais créée, la communauté étant ce foyer, dans tous ses aspects, pour chacun, parents enfants.
Ce qui fait le trois, c’est principalement l’augmentation de chacun dans cette entité impalpable du couple, par la synergie que chacun apporte et reçoit. Et cela va être influencé par les milieux, les us de ceux-ci, chaque partenaire étant le produit de ses propres matrices parentales auxquelles d’une façon ou une autre, il sera sous influence sauf s’il a pu exercer la PLA à un moment.
L’amour entre deux individus peut être un catalyseur puissant qui les pousse à se transcender et à se dépasser. Nous allons en appréhender quelques explications possibles :
Une synergie émotionnelle et un soutien mutuel apparaissent, car lorsqu’ils s’aiment profondément, les partenaires peuvent se sentir soutenus émotionnellement. Cette connexion émotionnelle peut les inciter à relever des défis ensemble et à surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin.
Ainsi, chacun pourra dire : « Moi je crois en toi !«
Une influence positive puisque l’amour peut avoir une influence positive sur le bien-être psychologique et le développement personnel. Les partenaires peuvent être encouragés à se développer, à explorer de nouvelles possibilités et à atteindre leurs objectifs grâce au soutien et à l’encouragement de leur partenaire : « Moi, je crois en toi, ceci comme je sais que tu crois en moi. »
Apparition de l’inspiration réciproque. Ainsi, lorsqu’ils voient leur partenaire accomplir des choses remarquables ou travailler sur eux-mêmes, cela peut inspirer l’autre à faire de même. Cette émulation peut créer un cycle d’amélioration mutuelle, où chaque partenaire cherche à se surpasser pour le bien de l’autre.
L’apparition d’une réelle sensation de confiance et de sécurité doit se construire rapidement. De fait, dans une relation amoureuse solide, les individus se sentent en sécurité pour prendre des risques et sortir de leur zone de confort. Ils savent qu’ils ont le soutien et l’amour inconditionnel de leur partenaire, ce qui les encourage à explorer de nouveaux horizons et à se dépasser.
Nous pouvons relever également l’apparition de buts communs. Puisque lorsque deux personnes partagent des objectifs et des aspirations communs, leur amour peut les motiver à travailler ensemble pour les atteindre. Cette collaboration renforce souvent leur engagement mutuel et les pousse à se dépasser pour réaliser leurs rêves communs.
L’amour apparaît de fait comme un puissant moteur de croissance personnelle et de réalisation de soi, incitant les individus à se transcender pour atteindre leur plein potentiel tant individuel que relationnel.
Une rapide digression pour tenter de définir l’amour :
Définir l’amour entre deux êtres de manière académique implique une approche rigoureuse qui tient compte des perspectives théoriques de divers domaines tels que la psychologie, la sociologie, la philosophie et la neurobiologie. Néanmoins, nous pouvons tenter une tentative de définition académique de l’amour :
L’amour entre deux individus peut être défini comme un état émotionnel profondément positif et complexe, caractérisé par des sentiments d’attachement, de passion, et d’intimité, ainsi que par des comportements et des engagements réciproques. Sur le plan émotionnel, l’amour implique un attachement affectif fort envers l’autre personne, manifesté par des sentiments de bien-être, de sécurité et de satisfaction en sa présence.
La passion, quant à elle, se traduit par un désir intense, une attraction sexuelle et une excitation émotionnelle envers le partenaire. Enfin, l’intimité représente la proximité émotionnelle, la confiance et le partage sincère de pensées, d’émotions et d’expériences entre les partenaires. D’un point de vue sociologique, l’amour peut être considéré comme un phénomène social et culturel, façonné par les normes, les valeurs et les attentes de la société dans laquelle il s’inscrit.
Les dynamiques de pouvoir, les rôles de genre et les structures familiales influencent souvent la nature et la forme de l’amour entre les individus. La philosophie nous offre également des perspectives sur l’amour, le considérant parfois comme une force morale fondamentale qui inspire le désir de bonté, de compassion et de connexion avec autrui. Les philosophes ont exploré les différents types d’amour, tels que l’amour altruiste, l’amour platonique et l’amour romantique, ainsi que les questions éthiques et métaphysiques qui y sont associées.
Enfin, la neurobiologie propose également des explications sur les mécanismes physiologiques et neurochimiques sous-jacents à l’amour, mettant en lumière le rôle des neurotransmetteurs tels que la dopamine, l’ocytocine et la sérotonine dans la régulation des émotions et des comportements liés à l’attachement et à la satisfaction relationnelle.
En combinant ces différentes perspectives, une définition académique de l’amour entre deux êtres peut être élaborée, intégrant à la fois ses aspects émotionnels, sociaux, philosophiques et neurobiologiques.
Pour différentes raisons physiologiques, instinctuelles sociologiques, ce terreau de la communauté est pressenti, la confiance permettant l’abandon réciproque sera possible. Le banquet de Platon nous influençant, nous pouvons considérer qu’il y a un morceau de nous dans l’autre, mais surtout dans une légitime hétérosexualité un morceau à rassembler qui a été coupé et que nous récréons dans cette communauté du foyer.
Ainsi nous pouvons affirmer que cette matrice créée qu’est le couple, nous appartient et nous échappe, et nous le verrons plus loin que pour ces raison casser cette matrice sera une catastrophe.
La matrice humaine c’est le couple ce n’est pas que l’utérus.
La matrice est polygénique. Le couple est sexué, il est androgyne. Car c’est l’addition du principe masculin et féminin confondus en un, peut être appelée « androgynie ». Ce terme est souvent utilisé pour décrire l’état d’harmonie ou d’équilibre entre les caractéristiques traditionnellement associées au masculin et au féminin. L’androgynie peut être perçue comme une intégration ou une fusion des qualités et des traits considérés comme appartenant à chaque genre, créant ainsi une expression unifiée et équilibrée de l’identité ou de l’énergie.
Nous continuons à digresser sur ces principes que la médecine tel philosophie orientale nous ont apporté à travers le Yin et le Yang. Ce concept du Yin et du Yang, issu de la philosophie chinoise, symbolise la dualité fondamentale présente dans l’univers et dans la nature. Le Yin représente le côté féminin, tandis que le Yang représente le côté masculin. Voici quelques façons dont le Yin et le Yang expriment les principes du féminin et du masculin.
Il s’agit essentiellement d’une complémentarité. Le Yin et le Yang sont interdépendants et complémentaires. Ils ne sont pas en opposition, mais assurément en harmonie, chacun contenant une partie de l’autre. Cette idée reflète la notion de complémentarité entre les principes féminins et masculins dans la nature et dans les relations humaines.
Nous pouvons observer des caractéristiques comme le Yin qui est associé à des qualités telles que la réceptivité, la passivité, l’intuition, l’obscurité et la terre. Ces caractéristiques sont souvent considérées comme féminines. En revanche, le Yang est associé à des qualités telles que l’activité, la force, la lumière et le ciel, des caractéristiques souvent associées au masculin.
Également la notion de cycle. Le Yin et le Yang sont en perpétuel mouvement et changement, formant un cycle continu. Ce cycle représente les cycles naturels de la vie, tels que le jour et la nuit, les saisons et les phases de la Lune. Cette idée de cyclicité évoque également les cycles de la vie, y compris les rôles et les caractéristiques du féminin et du masculin qui évoluent avec le temps.
Ainsi, ce concept représente un équilibre. Selon la philosophie du Yin et du Yang, un équilibre harmonieux entre ces deux forces est essentiel pour maintenir l’harmonie et la santé. De même, dans la vie humaine, l’équilibre entre les énergies féminines et masculines est souvent considéré comme nécessaire pour favoriser le bien-être et la croissance personnelle.
En somme, le concept du Yin et du Yang offre une perspective philosophique sur la dualité et l’interdépendance des forces opposées dans l’univers. Il met en lumière les principes du féminin et du masculin en les intégrant dans un système cohérent où chaque aspect trouve sa place et son importance dans la création et le fonctionnement du monde.
Continuons à appuyer notre réflexion sur cette affirmation : « Je crois en toi et je sais que tu crois en moi ! »
La rencontre ayant eu lieu, il est essentiel que cette mécanique cette idée d’une conviction se ressente pour les deux partenaires ; C’est-à-dire qu’à ce moment, il faut que chacun se sente en confiance après des échanges suffisants pour se faire une idée la plus fiable possible de qui est l’autre.
C’est là où la notion d’économie de marché appliquée à la nature de l’ensemble des échanges humains entrera en lice. Il faut qu’à ce stade la « balance des paiements » soit en équilibre que l’on donne autant que l’on reçoit et cela dans une sincérité qui peut et doit s’évaluer.
Quelles sont les conditions à remplir ? Être en confiance voilà le maître-mot.
Être en confiance est indispensable pour activer la matrice parentale positive en chacun des deux conjoints. Cela va se coupler à cette représentation d’une personnalité que nous allons séquencer à trois niveaux qui sont : le Moi enfant, le Moi adulte, et le Moi parent. Ces concepts seront ultérieurement précisés, car ils représentent principalement en psychanalyse P.A.R une dynamique comportementale plus qu’un diagnostic ou une topique.
Nous avons précisé dans les précédents articles que par essence la psyché était confuse et confondue, atemporelle dans laquelle tout activait tout : présent, passé conscient et inconscient. Il en est de même dans un couple, ceci étant augmenté d’une étonnante exponentielle, car dans un couple qui est une identité tout sera en activation.
L’ensemble des modes opératoires est en activation dans un couple, avec toutes les formules que nous avons évoqué précédemment, cela a augmenté un autre élément que sont les principes qui animent la communication. Les structures de personnalité abouties ou non de chacun des partenaires, et un autre élément pas des moindres qui est celui de la maturité sexuelle.
L’être humain est déjà assurément complexe, mais étudier le couple relève d’une autre amplitude. Et la difficulté pour nous réside en un démaillotage de ces complexités ensemble avec le risque de sembler hiérarchiser ou peu cette approche.
Mais quoi qu’il en soit, quelles que soient les hiérarchisations de cet édifice, pour y parvenir, pour parler d’un couple et de cette fameuse communauté, il faut absolument créer en chacun des partenaires la matrice parentale positive.
Être en confiance cela signifie savoir s’abandonner en soi et en l’autre. La plupart des personnes ont été obligées de développer dès la plus jeune enfance, un seuil de vigilance élevé. Et cela sans le savoir bien sûr. Ainsi, combien de personnes pensent être détendues, alors qu’en réalité elle ne sont parfois que légèrement moins stressées. Ainsi, un seuil de vigilance élevé se met en place de façon inconsciente dès la plus jeune enfance pour laquelle l’environnement extérieur sera vécu anxiogène, voire dangereux. Ainsi tout sera source de projection, ce qui est d’ailleurs le vrai sens du bon mot, et non de l’interprétation qui est souvent utilisé à tort. La matrice parentale qui aura ainsi été activée, sera principalement négative, les parents n’étant perçus au mieux que comme des nourriciers, mais non pas comme des bienveillances protectrices.
La confiance en l’autre permet d’aller activer ces matrices positives, condition incontournable à la transcendance individuelle et la belle réalisation du couple.
De nombreuses personnes n’ont jamais eu l’opportunité de véritablement se livrer, de s’abandonner réellement, étant freinées par un niveau de vigilance élevé. Le Moi intime ne peut se révéler que lorsque cette réserve est surmontée, dévoilant ainsi l’intimité profonde de l’individu. À travers une rencontre significative avec une personne adéquate, nombreux sont ceux qui seront surpris par cet état d’abandon, jusqu’alors inexploré, qui leur permet de se livrer à l’autre et, surtout, à eux-mêmes. C’est cette transcendance facilitée par la confiance en l’autre qui favorise ce processus.
Nous sommes conscients qu’au début d’une relation, ce processus ne peut être immédiatement établi. Il s’agit plutôt d’une alternance entre les périodes de vigilance et de confiance en cours de construction, qui doit être soigneusement gérée. Il est essentiel de pouvoir discerner entre le discours exprimé et la réalité de l’autre, ainsi que d’aller au-delà des mots pour comprendre les intentions sous-jacentes. À ce stade, il est crucial de distinguer autant que possible ce qui relève de l’interprétation et de la projection, que ce soit de la part de l’autre individu ou de soi-même. Cela implique de déterminer ce qui reflète une sincérité authentique dans la perception, par opposition à l’illusion que l’on souhaite percevoir chez l’autre.
Il convient de reconnaître que dans les jeux de séduction, il est courant de présenter uniquement ce que l’on perçoit comme étant le meilleur de soi-même. Il existe cependant quelques exceptions, notamment certaines pathologies qui induisent à se présenter à l’autre dans une posture de plainte, accompagnée d’un catalogue de défauts, dans l’espoir de susciter de la compassion. Il est parfois surprenant de constater que cette stratégie peut malheureusement fonctionner. Il est également intéressant de noter que dans certains cas, les deux partenaires au sein d’un couple peuvent adopter cette approche, ce qui contribue à entretenir un cercle vicieux de névroses auto-entretenues, créant ainsi une illusion de compréhension mutuelle.
La première condition est de savoir qui nous sommes.
Continuons en nous appuyant sur des normalités, des majorités pour ne pas corrompre notre raisonnement en l’adaptant à de très nombreuses singularités. Ainsi, il est évident de constater que la majorité des couples se forme actuellement souvent à l’orée des études au tout début de la vie professionnelle. La confrontation au réel et à la vraie vie n’est encore que théorique et n’existe qu’à travers le couple de ses parents.
Les quelques aventures de week-end ou de vacances ne permettent pas d’aborder la réalité du quotidien des charges qui y incombent réellement et de la nouvelle dimension dans laquelle chacun va se projeter.
Nous ne penserons plus tout seul, mais instantanément à deux. Et chacun sera toujours imprégné des modèles d’avant que sont les parents, en s’y confirmant ou en s’écartant au possible. Quelle est donc la réelle autonomie de chacun, sachant que nous pouvons estimer un seuil de maturité s’observant à partir des réelles capacités de l’individu.
Alors être autonome à deux va se confronter à des complexités, car les parcours, les sociologies, les us ne sont pas les même. Préalablement, il parait indispensable que chacun se discerne au mieux. Mais quelle peut être la capacité de discernement, sans la maturité que donne la responsabilité professionnelle, le contact avec la réalité économique.
Au départ ils devraient être individués !
Il est évident qu’au départ les individuations personnelles sont rarement abouties.
L’individuation constitue le facteur principal de réussite pour la construction du couple.
En effet, comment savoir qui je suis, ce que je vaux et donc ce que je veux si ma matrice personnelle est toujours en jachère notamment encore ancrée chez les parents ? C’est idéalement le libre-arbitre qui est une qualité théoriquement acquise qui permet de distinguer. Distinguer ce qui m’appartient et semble relever d’un choix personnel plus de ce que les parents m’ont inculqué. Il est important de préciser que pour cela, il n’est absolument pas nécessaire de passer par une phase d’opposition aux parents ni de combat, il s’agit d’un envol du départ progressif de ce nid d’avant que l’on peut mieux appréhender en le survolant par le nouvel environnement.
Terminer le processus d’individuation.
Les articles précédents ont souligné l’importance fondamentale du processus d’individuation dans le développement de la personnalité, ainsi que dans l’épanouissement global de l’individu. Cette quête d’autonomie se manifeste notamment lors des premières expériences de gestion financière personnelle, qui jouent un rôle crucial dans l’établissement des bases d’une relation de couple solide.
La maturité et l’individuation sont des concepts intimement liés, mais il est crucial de ne pas confondre sérieux et austérité avec maturité. Il n’est pas nécessaire de revendiquer activement un rôle d’acteur dans sa propre vie pour être considéré comme mature. Au cours des deux dernières décennies, nous avons observé une augmentation des comportements immatures, en partie due à la popularité croissante des pratiques festives excessives telles que le binge drinking. Certains individus pensent compenser leur immaturité en adoptant des postures et des attitudes sérieuses ou en se conformant à des normes collectives imposées, dans l’espoir de paraître plus matures. Cependant, il est important de reconnaître que cette gravité apparente n’est souvent qu’un masque, et non un véritable signe de maturité. Dans notre époque où l’originalité et la singularité sont souvent découragées, ce processus d’individuation se trouve naturellement entravé, bien plus qu’il ne l’était dans les périodes antérieures. Autrefois, la simple quête de subsistance était une entreprise essentielle à la survie, et cette maturité acquise dans cette lutte quotidienne contribuait au processus d’individuation de manière plus directe.
En présupposant des personnalités peu ou pas altérées par les tendances néfastes de cette nouvelle vague, il est impératif que le jeune individu opère une transition de sa matrice parentale vers un processus d’individuation. Ce cheminement impliquera l’appropriation de ce qui procure du bien-être et nourrit intellectuellement. Ainsi, comme le souligne l’adage, « l’homme qui connaît la cause de ce qui l’affecte peut mieux déterminer ses choix ».
Ainsi en sera-t-il pour le jeune individu, homme ou femme, qui devra faire la transition du confort de la matrice parentale vers un espace personnel parfois initialement insécurisant. Dans ce processus, il est crucial de se construire autour de ce qui procure du bien-être, ce qui nécessite un discernement aiguisé. C’est dans cette perspective que le Moi intime est sollicité. Nous poursuivrons donc notre développement dans cette hypothèse, en gardant toujours à l’esprit qu’il est nécessaire de raisonner à partir de ce que nous pourrions définir comme la norme, plutôt que de se baser sur des cas particuliers.
Se mettre en couple ou en ménage ?
Nous aborderons notre étude sous l’angle de la mise en ménage, car cela représente la concrétisation de l’établissement du couple dans sa matérialité quotidienne. Toutefois, dans notre série d’articles axée sur la responsabilité du couple parental, nous utilisons le terme « couple » de manière interchangeable avec « couple mis en ménage » par souci de commodité. Il est important de noter que le fait de se mettre en couple renvoie au commencement d’une relation romantique et/ou amoureuse entre deux individus, impliquant souvent un engagement émotionnel, une intimité émotionnelle et parfois une exclusivité dans la relation. En revanche, la mise en ménage indique généralement qu’un couple choisit de vivre ensemble sous le même toit, partageant ainsi un espace de vie commun. Cette décision implique souvent des aspects pratiques tels que le partage des dépenses, des tâches ménagères et des responsabilités quotidiennes. Par conséquent, notre analyse reposera sur le couple qui décide de vivre ensemble, ce qui peut être considéré comme une étape plus avancée dans la relation, impliquant un engagement plus tangible et une intégration plus profonde de la vie quotidienne.
Le sentiment amoureux dans la communication.
Nous avons vu que la psyché est par définition confuse et confondue et que considérer la mise en commun de deux personnalités est un exercice véritablement complexe, nous allons continuer à décomposer les différentes strates de cette construction. Notre réflexion sera centrée sur l’étude de deux individus présumés être « correctement » équilibrés, dans le dessein d’éviter une analyse biaisée par des singularités qui pourraient fausser notre compréhension par l’introduction de distorsions que ces exceptions pourraient induire. En nous penchant sur des individus apparemment « équilibrés », qui se trouvent portés par le sentiment amoureux et animés par le désir ainsi que la volonté de former un couple, nous constaterons que, malgré l’hypothèse d’une personnalité équilibrée, de nombreuses forces interviennent et influencent la dynamique de cette construction relationnelle dans son ensemble.
Une digression sur les couples Erasmus.
Les conditions humaines sont souvent rudes, et présentent rarement les conditions pour qu’un idéal des circonstanciels puisse exister. Aussi combien de couples se sont construits au gré de rencontres non-forcément programmées, ce que nous pouvons nommer les couples Erasmus : « Tu as un petit boulot, j’ai un appartement mettons nos moyens en partenariats », ainsi apparaîtra une réduction des coûts, puis le fait de se pacser uniquement pour réduire les impôts. Mais dans cette situation la plupart du temps la notion de se choisir, de s’engager réciproquement, ce qui intègre la temporalité est esquivé. Souvent, pour ces raisons de paresse et de facilité, il s’agira ici d’un manque d’évaluation, d’une absence de réel choix. Souvent de la paresse, de la facilité mais qui exprime également un manque de maturité par cette attitude laxiste et qui présume d’un couple à sa base dont l’avenir sera incertain.
Les conditions de vie humaine sont souvent ardues et rarement favorables à l’épanouissement d’un idéal circonstanciel. Il est fréquent que des couples se forment à la suite de rencontres qui n’étaient pas nécessairement planifiées, un phénomène que j’ai qualifié de couples Erasmus : une conjonction de circonstances telles que « tu as un petit boulot, j’ai un appartement, mettons nos moyens en commun ». Cette démarche vise souvent à réduire les coûts, voire à conclure un pacte civil de solidarité uniquement pour bénéficier d’avantages fiscaux. Cependant, dans ces situations, la notion de choix mutuel et d’engagement réciproque, qui implique une dimension temporelle, est souvent éludée. Le manque d’évaluation et l’absence de choix véritable sont fréquemment observés, motivés par la paresse et la recherche de facilité. Cette attitude reflète souvent un manque de maturité, présageant un avenir incertain pour le couple à long terme.
Ces couples Erasmus ont une connaissance superficielle l’un de l’autre, mais ils ne parviennent pas à pénétrer l’intimité nécessaire pour établir une véritable connexion passionnelle. En conséquence, ils ne peuvent pas construire cette communauté émotionnelle qui est indispensable à la création d’une synergie durable dans la relation. Ce moment crucial, où il est essentiel que chaque partenaire se sente en confiance après des échanges approfondis pour se faire une idée précise de l’autre, ne survient que superficiellement. Il demeure cantonné à la sphère des apparences, sans jamais atteindre la profondeur de l’authenticité.
Nous constatons en cabinet que malheureusement de nombreux couples sont finalement assimilables à des Erasmus. Car combien de couples se font-ils par défauts, par facilités. Je consacrerai un chapitre aux singularités de ces couples que nous connaissons très bien, mais nous pourrons croiser ces structures particulières au cours de notre développement.
Dans le chapitre trois, nous évoquerons de façon pratique et concrète comment procéder, en intégrant le fait que dans la grande majorité des situations les processus d’individuations ne sont pas aboutis.
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