Chemins de traverse pour voyages d’été. Volet III
Ou :
Chroniques d’été,
Chroniques des thés,
Et même pourquoi pas d’étais !
Une chronique pour accompagner nos rêveries d’été, mêlant quelques chemins de vie qui entrelacent les rencontres et les choix, permettant ainsi d’y superposer nos réflexions plus conceptuelles, comme sur l’idée de choix et de parcours.
Nous pourrons y retrouver quelques personnages constants et d’autres plus éphémères au gré de la plume. Pour ce volet III, installés dans le souffle d’une dépression qui a quelque peu bousculé les habitudes que ce printemps peinait à installer, nos pensées rejoignent Alphonse, qui avait gagné un peu plus tardivement qu’à l’accoutumé son siège de contemplation, occupé qu’il avait été à régler quelques petites affaires courantes.
Rue des oiseaux pâles.
Mais la raison quelque qu’elle soit ne pourra retirer Alphonse de ce travail de contemplation, somme toute il s’agit bien d’une forme de travail, car au fur et à mesure de ses rêveries qu’Alphonse nous fait partager, nous l’accompagnons également dans cette idée d’une rédaction d’un ouvrage sur soi, comme un forme d’appropriation de sa vie.
Non pas d’un bilan mais plus d’une incorporation, d’une assimilation naturelle, d’une appropriation de choix qui à l’époque n’ont pas été considérés ou reconnus comme tels. Le bruit des pioupious, cette gnossienne à laquelle nous a habitué Alphonse l’aidant à basculer d’une image à une odeur, qu’un souffle lui apporte, activant instantanément sa mémoire qu’il aime ici, rue des oiseaux pâles, cultiver. Il ne sait pas pour quelles raisons, et peu lui importe d’ailleurs, mais il s’est créé une osmose dans ce lieu comme seule une thaumaturgie des temps confondus le permet.
En s’asseyant sur le banc, il aperçoit un garçon un peu plus pataud que les autres, et bousculé d’ailleurs par eux. Il est mal fagoté, non pas parce que sa mère aurait failli à cette tâche dévolue aux mamans à cette époque, mais plus par le fait qu’il est peu soucieux de sa tenue, d’autant qu’il est particulièrement bousculé. Ce garçon lui rappelle étrangement tant sa ressemblance est frappante à Michel K qui n’est plus de ce monde emporté par la maladie, mais dont Alphonse garde des images assez précises, mêlées dans une impression d’étrangeté que ce personnage lui a laissé.
L’histoire de Michel KZ
Mardi matin Michel terminait son bol d’Ovomaltine les yeux encore mi-clos, pleins de pikouz comme le dit souvent sa grand-mère, ces traces de chassie, cette sécrétion visqueuse, dont les enfants ont le secret pour se remplir les yeux comme s’il le faisait exprès !
Michel est de nature douce, plutôt indolent même si une grande sœur vient parfois troubler cette tranquillité, fraternité forcée dont il ne se soucie guère, peu dérangé par ce lien, ni même plus d’ailleurs.
Alphonse est ami, mais de loin, mais pas véritablement un copain, car les amis ça se rencontre, ça se croise, les copains eux, ça se choisit, du moins Alphonse pense cela. Michel évolue entre un père très occupé et qui a tendance à boire plus que de coutume, mais surtout plus que les autres, et une maman triste, dépassée par cela, d’ailleurs soignée pour les nerfs, d’aucuns diraient pour une dépression. Cet environnement qui rend Michel très instable, pas tant dans la recherche de sensations fortes, mais plus incapable de rester en place, plutôt du genre à bouger dans tous les sens, tant supporter de ce quotidien lui est difficile. Bref, un gamin du genre nerveux et inquiet.
Alphonse en y repensant se dit qu’avec des parents comme ceux-là, qui ne serait pas aussi nerveux, il trouve même du haut de ses 10 ans que finalement il s’en tire pas mal Michel. A chaque fois qu’il y va Alphonse, chercher Michel à son domicile pour aller courir les champs, il est saisi d’un sentiment étrange fait de gène, de curiosité, et d’attirance, que maintenant il reconnaît comme étant trouble, presque malsain.
C’est d’ailleurs une étrange demeure que celle des Kz, elle est pratiquement au bout d’un chemin, la vicinale qui menait auparavant au grand bourg, aujourd’hui délaissée et donc pas entretenue, devenue un chemin souvent inondé et quasiment impraticable les périodes de pluie. Cette maison est une ancienne ferme, le papa de Michel est cantonnier au village et exploite entre ses obligations professionnelles, encore quelques activités de l’ancienne ferme, mais plutôt entre ses beuveries.
Michel aime bien quand Alphonse vient le chercher car cela lui permet de s’échapper plus vite que d’habitude de cette ambiance étrange. Pour lui Michel, qui l’a souvent raconté à Alphonse, c’est lourd, pesant, triste et anxiogène, car il a passé la plupart de son temps à attendre la venue de son père, plus ou mins aviné, et pourtant si gentil.
Heureusement celui-ci n’est pas un ivrogne comme l’en en rencontre ici, mais pas que dans les campagnes, tous les milieux sont touchés, les faubourgs, et même les bourgeois, connaissent cela, mais autrement mieux caché. Ici l’ivresse c’est souvent le signe d’une pauvreté qui sans la nommer et plus celle d’une pauvreté de caractère, une marque de la faiblesse d’esprit, peu de force de caractère, ce qui est l’expression de la personnalité du père de Michel.
Mais Alphonse aime bien y aller, il a compris bien plus tard en croisant ses impressions dans les souvenirs les raison de cette attirance, qu’il juge maintenant malsaine, mais du haut des huit ans qu’il avait, il s’était pardonné ses rêveries depuis bien longtemps.
Cette ambiance qui intriguait Alphonse, il sut y mettre des mots plus tard, était cette tristesse récurrente qui émanait de la mère de Michel, une femme magnifique paradoxalement peu marquée par l’effet de l’âge, comme si le temps glissait. Elle portait des vêtements d‘une autre époque, ou qu’elle se faisait elle-même et Alphonse trouvait un charme fou à la vue de cette féminité discrète mais envoûtante, comme cette odeur d’ailleurs que l’on ne trouve quasiment plus, de ferme, un mâtinage d’odeur de lait chaud issu de la traite, et des odeurs acres et sucrées remontant des étables. Cette intrication des sensations transportait à chaque fois Alphonse dans ces états de confusion très agréables. Il s’est même demandé si ce n’était pas cela qui avait façonné son imaginaire fantasmatique. Comme un érotisme d’adulte qui s’est agréablement façonné au long de sa vie d’homme. Car il était fort possible que ses rêveries aient été animées par les images de la mère de Michel, confondues dans ces odeurs suaves et acres de ce qui restait des activités de la ferme. Un coté animal plein de suc.
Mais lui Michel de cela il n’en avait cure, plus soucieux de quitter la même ambiance, mais que lui trouvait triste maussade. Alphonse en tira la conclusion que l’on pouvait vivre la même situation, mais qu’il y aura autant de vécus différents que de protagonistes présents.
Il en conclut qu’il existait ainsi au moins deux mémoires en chacun, celle de la raison, et celle de ses émotions, qui n’étaient absolument pas de même natures. Comme l’idée que l’on doit avoir d’un vécu, et la réalité de ce qui est ressenti et enregistré dans notre mémoire la plus intime, celle que les psy qu’il a croisés dans ses lectures, appellent l’inconscient, et il se demande même au grand dam de tous les moralisateurs, si notre vérité, « la vérité vrai » comme le dit Louis, n’était pas d’aller écouter cet espace des sensations les plus intimes, car il est sûr que c’est bien là et en cela que nous nous construisons.
Comme l’expression d’un débat constant entre ce qu’il faudrait être et de qui est profondément ressenti, mais encore faut il y accéder à ce moi intime pense Alphonse se rappelant de ses cours de philosophie comme un rappel à cette métamorphose Nietzschéenne, selon laquelle l’homme est caractérisé par ce qu’il subit, puis s’en insurge et finir par aboutir à la figure de l’enfant qui est synonyme d’une authenticité retrouvée.
Contenant ainsi sa philosophie Alphonse a toujours pensé que le but de la vie pouvait être cela ne pas perdre son âme d’enfant comme on le dit, ou tout du moins comme lui s’y est toujours efforcé de l’avoir à portée de main, « une poire pour la soif » penseraient certains, bien plus assurément pour Alphonse qui en a fait comme une maxime de sa vie, d’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’il vient là se ressourcer sans réellement le savoir à l’observation de ses pioupious à retrouver cet intime en lui, et ces espaces sont non seulement importants, ils sont précieux !
Pour en revenir à ce matin Michel les paupières moins clouées libèrent un regard bleu qui scrute le ciel à la recherche de l’éclaircie. A l éclaircie d’une vie douce assurément, comme retrouver cette mère si lointaine, plutôt même la trouver !
A la différence de Georges, avec qui ils se perdaient souvent de vue pour mieux se retrouver, il n’en était pas de même avec Michel qu’Alphonse côtoyait au gré des saisons, et des chemins. Michel avait fait des études courtes, après un apprentissage il avait repris l’atelier boutique de son maître de stage, Verdier, patron de l’établissement d’électricité qu’il avait lui-même créé.
Tout aurait été pour le meilleur des mondes si ce n’est qu’en reprenant la boutique il y avait comme un contrat par lequel il fallait reprendre la fille unique de Verdier. Bien que Michel ait été d’une grande gentillesse, cette fille devenue jeune fille et femme, n’était vraiment pas gentille, une fille unique couvée par sa mère, mais bon, Michel a tout repris la boutique l’atelier et .. La fille.
Cela aurait pu bien fonctionner pense Alphonse, car Michel recherchait l’affection perdu, jamais trouvé même de sa maman, qu’elle en pouvait donner, elle-même égarée dans les mouvances de cette vie maritale d’alcool. Michel avait même su et pu transformer cette forme de nervosité qu’il avait été plus jeune du à cette ambiance, en une forme de force tranquille.
S’efforcer à aimer, voilà ce qui caractérisa Michel.
Aussi Michel s’était efforcé d’aimer Berthe, mais peut-on forcer un sentiment s’est toujours demandé Alphonse ? Peut-on se forcer à aimer quelqu’un ou quelque chose ? On peut s’habituer, mais à aimer ? D’ailleurs qu’est ce qu’aimer, comme une maladie qui vient l’on ne sait d’où ? Mais quelle belle maladie, une sorte de virus qui peut transcender et amener l’individu au meilleur de ce qui est en lui, mais aussi au pire.
C’est cela qui est arrivé à Michel pense Alphonse car Berthe était méchante, assurément très malveillante et Michel n’y est jamais arrivé, il a essayé de se convaincre que cette femme était gentille, aimable même, mais rien n’y a fait, il n’y est jamais arrivé. Et pourtant Michel savait ce qu’étaient l’affection et la tendresse, car cela il avait pu le partager avec sa mère lorsqu’elle était en forme, il avait connu cet amour, mais qui n’avait pas trouvé sa satiété à donner et partager avec Berthe.
C’était une fille aigrie, peut-être, ou même assurément par le fait qu’elle ne soit pas très belle, ce n’est pas Alphonse qui le dit, d’ailleurs lui est plutôt discret sur ce genre de commentaires, mais depuis son enfance, Berthe jalouse tout, et tout le monde, aussi Michel avait eu beau faire, rien ne pouvait satisfaire sa femme.
Michel a progressivement développé une forme d’asthme assez étrange, venu comme une bronchite qui n’est jamais partie. Le bon docteur Milsan pensait comme Alphonse que c’était une somatisation que Michel était comme étouffé, submergé dans cette immensité de vacuité, une noyade par manque d’oxygène comme si ses poumons même en allant le chercher au plus loin, ne trouvaient plus d’oxygène, une usure comme cet amour impossible, d’une usure à force de chercher.
Toujours est-il que Michel à partir de ses 35 ans était souffreteux, ses yeux bleus sont devenus gris. Il est mort à moins de 50 ans d’essoufflement, d’épuisement mais surtout d’essoufflement à essayer d’aimer quelqu’un qui n’était pas aimable, qui n’en voulait pas de son amour. Quel paradoxe encore une fois que nous fait la vie, ces chemins de rencontres, que choisit-on ?
Il n’est pas mort d’amour, mais du vide d’amour, usé.
Rue des oiseaux pâles.
Paradoxe des rencontres continue à penser Alphonse, passant comme à son habitude voulue d’un sujet à l’autre, rien de tel pour activer les facultés intellectuelles que de cultiver ainsi ce jeu des associations libres, passant librement d’une pensée déconstruite par un souffle, à une image, ou une autre élaboration intellectuelle. L’existence est faite de ces fameuses rencontres qui organisent ou désorganisent nos vies, mais peut-on utiliser ce terme pour évoquer un futur qui n’aura jamais lieu ?
Le futur s’organise dans et par nos choix, à ce sujet Alphonse pense qu’un choix est rationnel, il est explicable, tandis qu’une décision se joue toujours quelque part dans l’au-delà de notre raison, dans une sorte de folie de l’instant, qui nous prend au moment. Alphonse fait volontairement un distinguo entre le choix et la décision, car il a toujours pensé que choisir était plus écouter les arguments de sa raison, pour en tirer des conséquences logiques, ce serait donc rationnel, alors que la décision introduit des éléments relevant du subjectif, comme écouter le mouvement de la vie en soi. Et assez souvent s’opposent l’assentiment à la raison, le fameux sujet en philosophie, que doit-on privilégier : la raison ou la passion ?
Alphonse présente la singularité à la différence d’autres, d’avoir pris le recul nécessaire pour croiser ses lectures avec son parcours et l’analyse de ses ressentis, ayant depuis longtemps constaté qu’une constante était la recherche de la pleine lucidité, et que celle-ci ne pouvait s’appliquer qu’aux âmes aguerries. Ce qu’il s‘efforce de mettre en application au maximum dans son quotidien, pleinement convaincu de cela, mais malheursement un peu tardivement à son goût.
C’est en pensant comme cela que lui vient le parcours d’Antoine et Jeanne qui ne sont pas verticalement de sa génération, cinq années plus jeunes c’est beaucoup à l’âge de l’école élémentaire, même si le temps nous lisse et égalise tout par la suite.
Le hasard ferait bien les choses, du moins pour ces deux-là il n’y a pas à dire, ils ont été bénis se dit Alphonse, car ces deux-là n’étaient vraiment pas destinés à se rencontrer. A l’occasion d’un mariage d’un lointain cousin, aussi éloigné que deux communes autour du village, Antoine, suivi en rechignant un peu ses parents. Le car bleu des transports Duguet peinait toujours terriblement dans la côte des ventaux, il s’essoufflait, claudiquait littéralement prêt à rendre l’âme à tel point qu’il n’était pas insolite de craindre voir un piston quitter son emplacement.
Quelques côtes avalées dans un râle métallique et contenu comme seuls les vieux diesels pouvaient nous remplir les oreilles, Antoine et ses parents arrivent à destination. Il y reste pour la journée, le soir c’est l’oncle Tanguy qui les ramène, en espérant que la bouteille lui permette d’apprécier la route, car c’est le mariage de la cousine commune Eugénie, et Tanguy il aime fêter cela les mariages, comme le reste d’ailleurs.
Tout s’est bien passé, et Alphonse qui n’en avait pas, ne pourrait donc s’attarder sur plus de détails, si ce n’est qu’il sait combien cette occasion du mariage fut l’occasion d’une rencontre assez improbable et pleine d’espérance en la vie.
Jeanne, jeune fille de 17 ans voisine était réquisitionnée en tant qu’aide en cuisine et de ce fait amenée à porter un coup de main en service pour servir les convives. Convives dont Antoine faisait partie.
L’histoire serait trop longue à expliquer plus, à travers cet environnement fait d’improbabilité deux jeunes de 16 ans et 17 ans dont les regards se croisent avec une flamme très forte, très vive. Rien ne se passa ce jour-là, rien ne se passa d’observable, quoique, les regards sont plus porteurs souvent que n’importe quels discours, et c’est ce qui s’est passé, les regards se sont vus, plutôt leurs regards se sont croisés, mélangés même !
Les regards ses sont échangés, mais cela au regard de personne ! Tanguy les a ramené sans encombre, Antoine et ses parents, la voiture connaissant le chemin tout cela sans encombre. Aussi Antoine fut ébloui par le visage rayonnant de Jeanne, le visage mais surtout ce qui émanait d’elle, une jeune fille de 17 ans, dont les cheveux hésitaient entre un blond et un roux naturel, pleine de ces taches de rousseur qu’Antoine adore. Cela lui rappelle ces images lorsque tout jeune, il regardait le soleil à travers la passoire comme pour en dompter les rayons, et que sa mémé lui disait, « Antoine attention tu vas avoir des taches de rousseur ! » d’ailleurs Antoine n’a jamais su si elle disait cela pour de vrai ou pour plaisanter. Mais ce dont il était sûr, c’est que les taches de rousseurs, même légères et furtives comme celles de Jeanne cela le fait voyager, lorsqu’il la regarde, et aujourd’hui bien des années après, toujours, peut-être, vraisemblablement est-ce cela l’amour cette espèce de vibration de l’impalpable de l’autre.
Alphonse ne sait pas très bien, ni dans les détails surtout les suites, si ce n’est qu’Antoine réussi à 16 ans à s’inscrire comme moniteur de garderie quelques mois plus tard, durant cet été 19.. là particulièrement chaud, et dans lequel Jeanne était employé de cuisine.
Ainsi une grande idylle longtemps restée secrète se noua, pour entamer ce qui deviendra une très belle histoire d’amour. Ces deux-là se sont magnifiés véritablement pense Alphonse, et si leur exemple pouvait en être un pour ces autres couples de misère qui ne savent pas, ou ne peuvent pas organiser ces rencontres.
Car se pose à nouveau cette question que peut-on choisir ? En l’occurrence Antoine a fait le choix d’organiser le rencontre là où d’autres n’auraient rien tenté.
Qui ne tente rien n’aurait rien !
Mais cette phrase possède finalement quel sens se demande Alphonse, tenter quoi ? Se dépasser, se transcender. Il y a longtemps qu’Alphonse avait compris que l’on n’avait assurément pas choisi ses parents, et qu’il existait des familles où les parents savaient inciter les enfants à prétendre, à se dépasser, et d’autres qui mélangeant souvent mécaniquement ou volontairement les messages des morales laïques ou religieuses, disaient à leurs enfants : « ce n’est pas pour nous, il faut rester à sa place ». Rester modeste et sans prétention, Consolidant ainsi cette sélection des classes que la société aime bien maintenir, chacun à sa place.
Alphonse lui a souvent pensé qu’il fallait oser, savoir s’évaluer le plus finement en fonction des différents environnements pour se projeter, ce qu’il a su faire d’ailleurs. Et cela Alphonse a bien compris que c’était un esprit de famille qui avait été insufflé par son grand-père, un ancien Cap-hornier dont on ne sait plus d’ailleurs ce qui relève du récit et du mythe, mais le principal se dit Alphonse, c’est que cela a marché et nous a permis de nous projeter.
Continuant ainsi ses réflexions, il n’avait jamais été surpris du parcours de Jeanne et Antoine. Ils s’étaient mis en couple assez rapidement, en obligeant leurs parents respectifs à faire une demande d’anticipation de majorité, car ils étaient encore bien loin des 21 ans nécessaires à l’époque. Antoine sans véritable métier, trouva comme un mentor lors de cette colonie de vacances, et ainsi grâce à cette rencontre, il gravi rapidement les modestes échelons pour intégrer par les universités populaires qu’il découvrit en même temps, comme une licence de pédagogie, tandis que Jeanne était devenue institutrice, par le même biais d’ailleurs, alors que ses parents ne voulaient pas lui payer d’études qui coûtaient, d’après eux très cher. Ces sont d’ailleurs les raisons qui ont fait qu’ils se sont mis ne couple aussi jeunes, pour ainsi assumer leurs projets. Mais finalement les parents de Jeanne n’étaient pas si mécontents de s’être soulagé d’une bouche.
Et cela a fonctionné ils sont su créer une réelle communauté, un véritable couple, cette richesse qui fait que lorsque l’on disait Antoine et Jeanne l’on savait que l’on faisait référence à quelque chose de solide.
Ils avaient su et réussi à tout mélanger pour le magnifier, leurs peurs, leurs tabous, leurs fantasmes, chacun prenant la main de l’autre pour le sublimer tout en se tançant si nécessaire. Alphonse a toujours pensé d’ailleurs que le conjoint était de fait comme les matrices parentales de l’autre en nous et réciproquement. Une fonctionnalité malheureusement peu usitée, dans laquelle les fonctions enfant, adulte et parent sont confondues, cela dans ce que chacun apporte. C’est ainsi que le couple, s’il est bien dans cette idée d’une communauté réellement crée, a cette faculté d’engendrer cette entité, qui est cette identité à trois. C’est ainsi qu’Alphonse a toujours pensé qu’un couple était bien cette équation qui fait que 1+1 =3 cette force émanant d’un couple qui a su créer cette notion de communauté.
Rue des oiseaux pales.
C’est le bruit des pas discret profilant la silhouette qu’Alphonse connaît si bien de son cher ami Georges, qui amène un peu de mélange et de souffle aux réflexions d’Alphonse, comme un augmentation que la pensée apporte, car se superpose à ces pensées et observations, l’écho d’une discussion récente à propos du sentiment amoureux.
De loin voir ainsi la silhouette d’Alphonse se redressant pour mieux accueillir son ami, génère dans le halo que nous laisse le contre-jour du soir tombant, un sentiment d’intime à leur laisser partager. Les laisser partager un peu de leurs trésors, nous retirer juste un peu, mais sachant qu’Alphonse va nous revenir très vite pour le volet IV, avec peut-être, l’envie de nous faire connaître plus la destinée des filles Ripoche.
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