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Jacques Rivalin

Psychanalyste à Nantes - Psychothérapeute à Nantes - Psychothérapie à Nantes
Président de l'Institut Français de Psychanalyse P.A.R

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Articles et brèves de Jacques Rivalin, abordant de très nombreux thèmes philosophiques et métaphysiques sur le développement conceptuel de la P.A.R et la présentation de tranches de vie philosophiques.

Chemins de traverse pour voyages d’été. Volet II

Chemins de traverse pour voyages d’été. Volet II

Ou :

Chroniques d’été,

Chroniques des thés,

Et même pourquoi pas d’étais !

Une chronique pour accompagner nos rêveries d’été, mêlant quelques chemins de vie qui entrelacent les rencontres et les choix, permettant ainsi d’y superposer nos réflexions plus conceptuelles, comme sur l’idée de choix et de parcours.

Nous pourrons y retrouver quelques personnages constants et d’autres plus éphémères au gré de la plume. Pour ce volet II, deux ou trois coups de p’tites brises plus loin, à peine le temps de ces silences gratuits qui nous égarent dans nos pensées, ce sont celles d’Alphonse qui nous rejoignent.

Rue des oiseaux pales.

Fautif d’avoir laissé Alphonse, fautif surtout pour avoir laissé passer une partie de ses pensées, sautillantes et lancinantes comme une farandole lente et animée, comme si Satie et Alphonse ne faisaient qu’un, dans ces moments-là, ceux dans lesquels il scrute avec plaisir ses pioupious.

Il sait, il connaît l’histoire, celle un peu de ce qu’il a vécu à l’époque, qui font ces histoires qu’il aime à se raconter. Et puis, il connaît surtout la suite de l’histoire, des histoires, ces parcours de vie, ces croisements, ces carrefours qui font et défont nos existences, ce qu’il aime également se rappeler.

L’autre jour chez Germaine, au bistroquet, le rendez-vous habituel de la commune, attablé, Alphonse sirotant son orgeat, entendait Leon qui aime bien ramener son savoir, Leon qui expliquait en parlant d’un vague ami, « mais de toute façon il a trouvé chaussure à son pied que veux-tu qu’il trouve de mieux ! » renchérissait-il rigolard.

Effectivement, pensait Alphonse attentif, à surtout rester préoccupé à la suite de ces conversations, car Alphonse qui ne perd une miette à ces discussions, conçoit que les rencontres se font là où nous sommes, « quelle lapalissade » pense-t-il, mais des comme cela il en connaît un bon nombre d’ailleurs ! Car à propos de trouver « chaussure à son pied » que l’on trouve là où nous retrouvons, il a souvent constaté combien notre légitimité à être dans les environnements dans lesquels nous évoluons ou nous trouvons, était pratiquement toujours attachée à nos origines.

Les enfants d’agriculteurs ensemble comme c’est plutôt le cas ici, ceux d’ouvriers ensembles, et les enfants des villes également, en distinguant les pauvres, ceux des bureaux, et les riches, ensembles également. « Mais alors notre société est-elle faite de castes ? »se plait-il à penser.

Et dans ces milieux si ce n’est pas celui d’origine, il a constaté comment et combien s’organisent des conduites, qui pour certains sont naturelles et pour d’autres difficiles, comme, bien souvent les groupes rappellent à l’individu d’où il vient.

Alphonse dans son existence, il en a fait des rencontres, d’ailleurs il aime bien se repérer à son propre parcours pour traiter de la sorte ses observations, il a pu remarquer certaines personnes, comme des collègues qui ont eu la chance de faire la connaissance d’une jeune fille, rencontre pour laquelle leur milieu d’origine ne pouvait proposer les singularités de ces trouvailles. Effectivement rien ne les prédestinait à fréquenter ces endroits de rencontres potentielles. D’ailleurs le parcours, de son ami Georges qu’il nous a fait partager dans le volet I, en est bien une représentation caractérisée.

Il pense ainsi à son collègue, à vrai dire son supérieur, Mathieu qui est plus âgé que lui, rencontré alors qu’Alphonse était encore un jeune aspirant, se formant dans la compagnie maritime. Alphonse avait été surpris par l ‘élégance, le raffinement très visible de Catherine l’épouse de Mathieu. D’ailleurs Mathieu avait raconté à Alphonse avec force de détails, comment il l’avait rencontrée, et combien il avait été séduit par cette jeune fille souriante légère insouciante en apparence, et qui semblait sortir de ses rêves les plus inaccessibles, car rien ne présumait faire que ces deux êtres issus de milieux si différents ne se croisent un jour.

Pourtant c’est ce qui est arrivé à Mathieu qui avait rencontré cette apparition dans le cadre de relations professionnelles, lors d’une soirée où Catherine avait accompagné son frère qui ne voulait s’y rendre seul. Catherine n’était pas prête à se précipiter à devenir épouse, puis mère, cet avenir tout tracé pour les jeunes filles de cette époque.

 

Mathieu était arrivé dans la compagnie maritime presque par hasard, il avait commencé sur les docks pour préparer les cargaisons et achalander les bateaux de la compagnie. Il avait été repéré rapidement par un des contremaîtres chargé de l’organisation du chargement des cargos, pour son énergie et un « je ne sais quoi de plus » qui le démarquait des autres chenapans dont il venait.

Ainsi Mathieu était rapidement passé des docks aux bureaux, et son intelligence naturelle, affutée d’une très bonne observation lui avait permis de passer de grade en grade, de se former en interne pour évoluer professionnellement et personnellement, accédant à des milieux que certains nommeraient florissants, de cadres et d’ingénieurs qui eux travaillaient sur les grandes lignes. Alphonse se dit que c’était une époque où cela était encore possible, mais actuellement où tout devient question de diplômes, et non question de compétences, cela devient plus difficile.

Il en avait copié l’essentiel des mécanismes comportementaux, jusqu’aux mimiques et expressions, et l’adaptation de Mathieu faisait que cela ne se repérait absolument pas, il avait comme on le dit occasionnellement « l’intelligence de la rue » celle des petites gens qui savent vite trouver le pigeon ou la bonne poire, comme les frères de Mathieu, eux passés maîtres en la matière. Alphonse sait d’ailleurs qu’il n’y a que lui, à qui Mathieu se confiait incidemment, lâchant parfois des petites phrases sur sa famille, son parcours, mais habituellement taiseux de cela.

Il n’avait plus aucun contact avec sa famille, mais auparavant il avait essayé d’en obtenir comme une forme de reconnaissance, allant même jusqu’à offrir à ses parents une petite maison, mais rien n’y faisait et Mathieu avait dû renoncer à toute forme de cette reconnaissance qu’il avait en vain attendu depuis tant d’année.

Bien que Mathieu avait été le supérieur d’Alphonse, Alphonse l’avait bien ressenti cette tristesse, une forme d’abandon d’une reconnaissance, qui au fond de lui savait qu’il ne sera jamais reconnu. Les spécialistes nomment cela de la mélancolie, cette forme d’étrangeté Alphonse l’avait souvent rencontrée.

Mais pour en revenir à cette rencontre, Mathieu et Catherine formaient un beau couple se plaisait à se dire Alphonse à travers les moments de partage. Ainsi, si Mathieu n’avait pas zoné sur les quais, n’avait pas usé de son intelligence d’adaptation, il n’aurait jamais pu faire cette rencontre. Catherine était la fille de pharmaciens, seule la maman de Catherine était titulaire du diplôme mais le père faisant merveille à tel point que les clients s’y trompaient.

Catherine avait reçu une éducation des plus classiques, suivie de deux années de faculté de lettres où elle avait appris l’anglais, langue dans laquelle elle excellait, mais sans trop vouloir pousser plus. Elle avait grand plaisir et bienveillance à partager cette érudition dont elle était singulièrement reconnaissante auprès de ses parents, à la différence de ses amies qui considéraient cela comme un dû.

La rencontre de ces deux personnalités fonctionnait dans les deux sens, car Mathieu dans l’écoute et la volonté d’apprendre, avait apporté sans le savoir une grande humilité et humanité à Catherine qui pouvait se passer ainsi de ces grands discours d’humanismes dont se targuent certains. Elle avait conscience et cela intimement, que le plus précieux au-delà de ses études, de l’érudition ainsi acquise, le bien le plus précieux était l’amour qui exultait du couple de ses parents, dans lequel elle avait baigné et s’était construite.

C’est cela le cadeau le plus précieux que la vie lui avait apporté, avec bien sûr la rencontre avec Mathieu.

C’était une réelle mutation sociale pour Mathieu pensait admiratif Alphonse, il n’était d’ailleurs pas trop surpris que cette singularité, que celle du parcours de son supérieur devenu ami, avait amené celui-ci à se forger des visons politiques de la société de grande tolérance. Il aurait pu comme tous ces messieurs que ses activités lui amenaient à côtoyer, se retrouver à avoir un regard de mépris sur cette catégorie dont il était issu, pour ainsi finaliser et acter la rupture, une trahison de classe en sorte. « Mais ce mécanisme est-il obligatoirement nécessaire ? » se demandait avec sagesse Alphonse.

Paradoxe intéressant d’ailleurs car les parents de Mathieu eux en faisaient de la ségrégation sociales, du genre : « les bourgeois sont tous de salauds, ils exploitent le peuple », mais Alphonse se demandait si dans le peuple d’où venait Mathieu nombreux sont ceux qui avaient pu cheminer ainsi. « La condition sociale obligerait elle le discours sociétal ? » se met à penser Alphonse, mais est-ce véritablement ainsi que s’organisent nos convictions ? Et finalement comment organisons nous nos morales et philosophies ? Il se remet à penser à quelques lointaines lectures, notamment la philosophie pratique de Kant qui est exposée principalement dans son ouvrage « fondements de la métaphysique des mœurs ». Mais lui Alphonse prosaïquement se demande, choisit-on ses pensées finalement, ou sont-elles imposées par notre conditions sociale et nos éducations ?

Mais connaissant sa propension à rêver, il en revient rapidement à Mathieu qui avait appris à se construire, son parcours étant comme une véritable mutation sociale, ce qui étonnait toujours Alphonse, toujours admiratif, « quel courage et quelle force de caractère ! » pensait-il.

Finalement pour moi, se dit Alphonse, les choses se sont passées assez linéairement au-delà du fruit de mon travail, je n’ai pas eu a me battre, à revendiquer à prétendre à quelque chose pour lequel je n’étais pas destiné.

« Encore de la morale » se dit Alphonse, mais si Mathieu n’avait pas eu cette prétention en lui, cette réclamation de l’exercice d’un droit sur quelque chose, cette chose à laquelle il n’avait pas de préemption dite naturelle par sa naissance, il serait vraisemblablement sur les quais, et peut être même plus de ce monde tant les conditions de ces personnes sont violentes.

Oui, il faut être prétentieux et apprendre aux enfants à accéder ainsi à leur rêves pour se dépasser et se transcender, pense également Alphonse en vaine de philosophie. Mais la morale s’empare vite de ces concepts pour en faire des zones de confusion, car il faut que chacun reste à sa place pour une société dans sa bien-pensance. Mais nous le savons le psychisme est complexe et Alphonse médecin des âmes malgré lui, pense également qu’il arrive fréquemment des rivalités dans des fratries, des frères et sœurs se jalousant et se détestant même. Mais à cela aussi se superpose des mécanismes de haines qui vont se nicher, et dont Alphonse ne frôle pas tout à fait les limites du possible.

Je superpose ici, les miennes aux pensées d’Alphonse, car des situations anamnésiques de la sorte nous en croisons. Et les frères, sœurs ou parents de Mathieu ils viennent dans nos alcôves, et tant mieux d’ailleurs, d’ailleurs cela souvent par des prétextes contournés.

Cela nous amène à évoquer n’en déplaise au grand dam de la morale, qu’il arrive assez couramment dans nos cabinets d’entendre : « je déteste mes parents, mon père ou ma mère », mais également un père ou une mère qui disent : « je déteste mes enfants, ou celui-là je ne l’aime pas ».

D’ailleurs, il y a une phrase qui m’a toujours amusé : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter un enfant pareil ! » Comme s’il s’agissait d’une grande loterie, d’une vaste mystification où l’on tomberait sur un bon enfant. Or, c’est le contraire, ce que j’ai d’ailleurs écrit dans mes articles, notamment : « la vie un théâtre », dans lequel j’explique pourvu que l’on tombe sur des bons parents, aimant et s’aimant, et cela au-delà bien sur des génétismes.

Et cet enfant qui n’est pas forcément le fruit d’un abus ou d’un viol, celui qui n’est pas aimé et massacré, n’aura de survie que si les circonstances de ses environnements lui proposeront des rencontres bienveillantes, sinon … sa vie sera malheureusement pavée d’ennuis.

La rue des oiseaux pâles.

Ce fameux banc qu’Alphonse ne céderait pour rien au monde, a quiconque, retrouve le séant de son bien heureux propriétaire du moins affiché comme tel, Alphonse, qui se complet à se mélanger dans cette horde de pioupious notamment cette petite fille qui ressemble tant à sa chère Marie, sa copine d’enfance, du moins ce qu’il souhaite rêver dans ses souvenirs.

Décidément cette petite fille qu’il connaît vaguement, du moins il sait qui sont ses parents ou mieux ses grands-parents, eux de la même génération que lui Alphonse, il lui trouve véritablement des similitudes avec Marie avec qui il partageait ses jeux de billes et autres babillages adaptés.

Marie avait réussi sa vie si l’on peut dire, mais il n’en est pas de même de ses deux autres sœurs, les fameuses filles Ripoche, dont Alphonse nous avait sommairement parlé dans le premier volet.

Murielle la plus grande, puis Françoise et Marie la dernière, trois sœurs trois vies.

Madame Ripoche avait fait bien les choses notamment pour sa première, Murielle l’aînée des trois filles. Murielle était suivie de près par Françoise, une seule année les séparait, puis Marie venue vraiment plus tard, 7 ans si les calculs d’Alphonse sont justes.

Mme Ripoche était de nature anxieuse et sa grossesse n’en fut pas épargnée de toute cette anxiété, à se demander comment ce bon docteur Milsan pouvait s’en défaire, tant au moindre signe existant ou non de prémisse de maladie, elle devenait hypocondriaque. Elle pouvait débarquer au cabinet du médecin à toute heure du jour ou de la nuit, car le bon docteur avait comme cela se faisait traditionnellement, son cabinet au rez-de-chaussée de la maison familiale.

La grossesse, puis l’accouchement furent comme une épopée que pratiquement toute la commune suivait de près ou de loin. Ce n’est pas qu’elle est méchante Mme Ripoche, mais à se demander si parfois sa compréhension n’en trouve pas de frontières naturelles.

Et ce bébé plus âgé qu’Alphonse, fut nous nous en doutons le fruit de toutes les attentions, et vraisemblablement de beaucoup trop d’attentions, au vu de ce qui arriva, ce que se remémore Alphonse.

Mme Ripoche était présente, très présente, de jour comme de nuit auprès de cet enfant, ne laissant à personne la possibilité de l’approcher, même son mari qui pourtant s’y hasardait de temps à autre, était la plupart du temps éconduit, sous prétexte que ce n’était pas une affaire d’hommes que de s’occuper ainsi d’un nourrisson.

Murielle était réellement le centre, le phare de la vie de Mme Ripoche, tous ses battements de cils étaient interprétés comme des manifestations quasi divines de ce si précieux enfant. Cependant, le retour de couches fut complexe, car tout ce qui concernait la santé était complexe, aussi un deuxième bébé se mit en construction, presque sans que les époux n’en soient impliqués !

Mme Ripoche ne se rendit compte que très tardivement qu’elle était enceinte de celle qui allait devenir Françoise, et qui de façon paradoxale allait remplacer la petite princesse.

Allons savoir pourquoi, le statut de petite princesse lui fut royalement perdu et retiré, ainsi Murielle dès la première année de Françoise, avait perdu sa superbe et sa place, y compris ce drôle de statut, dont Alphonse n’a jamais bien saisi la légitimité, qui est celui d’ainesse. Les proches entourant le couple ne se sont rendu compte de ce phénomène que très tardivement, mais comme le dit le dicton : « le mal était fait », mais pourquoi, et personne ne le sut réellement ? « Il y a ce que l’on dit, et il y a ce qui est ! » pense Alphonse, et cela dont nous ne voulons prendre conscience et qui suinte en nous, mais nous nous le cachons, pour mieux le dissimuler aux autres ! Quelle triste réalité que cette faculté de dissimulation se dit Alphonse, se donner l’illusion, alors que le malheur sourde en nous.

Alphonse qui gambadait tant dans ses pensées, que dans les images mêlées des jeux de ses pioupious en avait une idée assez précise, philosophe de sa vie qu’il était devenu, et également parce qu’il a bien connu Marie la cadette des filles Ripoche, il avait ainsi reconstruit le puzzle des pièces disséminées.

Il les croise d’ailleurs de temps à autre les deux grandes, mais Marie, à son grand dam a quitté depuis fort longtemps tout cet environnement, comme lui d’ailleurs Alphonse l’avait fait. Et non seulement il ne lui en tenait pas reproche, et d’ailleurs au nom de quoi, mais Marie en partant s’était comme sauvée et construit une belle vie.

Murielle qui était la seule blonde des trois filles, est vite devenue grisonnante, plus vite que son âge ne l’imposait, quelque chose d’étrange s’exprimait là, comme si son visage révélait ainsi une tristesse, une lassitude, dont jamais elle d’ailleurs n’avait pu se défaire.

C’est sous les conseils du successeur au médecin si cher à cette communauté, qui me l’adressa, que je reçu cette femme. D’ailleurs, le bon docteur Milsan a lui aussi connu un drôle de parcours dont nous parlera vraisemblablement mieux Alphonse que moi, car il l’a fréquenté.

Murielle que je reçois la première fois à mon cabinet, me surprend par son attitude, car elle aurait pu être belle si elle l’avait su ! Mais sa mélancolie s’exprimait, suintait de tout ce qui se dégageait d’elle, de tout ce qu’elle montrait d’elle, tant ses attitudes lui façonnaient ce voile de tristesse infinie.

Alphonse avait bien raison et avait supputé toutes les bonnes hypothèses pour reconstituer les pièces de ce tableau familial qu’il avait ainsi achevé à sa façon. Je ne déroulerai pas l’intime de cette introspection, mais il était grand temps effectivement que Murielle entame une démarche. Elle était suivie pour des formes de dépressions pour lesquelles les experts ne s’accordaient pas, et n’avaient pas d’avis tranché, mais peu importe, car tous ces diagnostics ne sont qu’une photographie à un instant T, qui ne donne qu’une idée d’un état générique, mais pas de la réalité de la personne, ni encore moins de ses vécus.

Murielle avait vécu dans une sorte marécage émotionnel et affectif, comme une mélasse. Cela comme nous pouvions nous en douter aux vues de ce que les suppositions d’Alphonse précédaient. Son anamnèse puis les premières recherches abréactives nous ont bien confirmé la dualité avec Françoise, et comment elle avait été détrôné de son rôle de favorite, engluée ainsi dans le discours de la mère qui avait intronisée Françoise dans le rôle d’aînée, celle sur laquelle repose au-delà d’un statut, un espoir et une représentation filiative.

Plus rien, d’autre que des constats d’un abandon, et plus rien d’autre qu’une attente infinie, mais assurément vaine, ce qui caractérise la mélancolie en son sens psychanalytique.

Et pourtant Murielle en a fait des tentatives, peu, pas consciente de cet abandon, mais terriblement affligée par la situation d’un violent abandon, car il y avait le discours de la mère, et la réalité, c’est que Françoise bénéficiait de toute la tendresse, et que Murielle n’en avait même pas des restes. Murielle avait tout tenté : la gentillesse, la docilité, les cris, les pleurs, mais cela ne faisait que légitimer le choix dévolu de la mère sur Françoise, car au moins cet enfant, ne lui donnait que de la satisfaction.

Mais pas un mot n’était dit, car tout allait bien, du moins officiellement. C’est ainsi qu’au fil des mois, une grande tristesse s’est organisée, mais de cela on ne dit rien, car il n’a rien d’anormal, sauf une maltraitance de jeune enfant, sur lequel s’établit une lourde pathologie.

Dis-moi que tu m’aimes maman !

Murielle disait souvent en séance : « je voyais bien que ma mère n’avait d’yeux que pour elle, malgré son discours, ma mère passait son temps à dire, je vous aime pareil les filles », lorsqu’une séance libératrice, préparée par les autres lui a permis cette abréaction : « Mais moi j’aurais aimé simplement que tu me dises au moins une fois maman, je t’aime ma petite chérie, toi Murielle je t’aime parce que tu es toi ! » Je laisse imaginer au lecteur combien cette bouffée abréactive a non seulement permis d’autres formulations de ces différentes expressions, mais a permis à Murielle, ainsi de quitter progressivement tous les terrains névrotiques.

Mais non, cela n’est jamais arrivé, les deux filles se sont donc retrouvées malgré elles en compétition pour obtenir l’attention et l’amour cette mère qui au demeurant n’avait pas la capacité de compréhension trop installée dans les routines et stéréotypes de bonne mère. Le curé d’ailleurs ne se targuait de compliment sur cette femme qui faisait tout pour ses deux filles.

Murielle empêtrée dans cette rivalité incessante avec sa jeune sœur n’avait jamais excellé à l’école, et cela dès les premiers classes, mais qui l’eût pu à sa place, son esprit tellement occupé à refouler sa tristesse et sa peine, et fort heureusement totalement innocente de cela. Heureusement que le refoulement existe, cela permet au moins de ne pas subir une deuxième peine, celle d’être conscient de son malheur, car le subir est déjà bien souvent suffisant.

Nous n’effeuillerons pas plus le parcours de Murielle qui a subi un mariage arrangé, sans que cela ne soit dit bien sûr, avec un homme plus âgé et d’une belle situation, clerc de notaire dans la ville voisine. Quand elle est venue, elle était jeune veuve de cet homme, ses deux fils étant le centre et la lumière de sa vie.

Le travail analytique de Murielle l’a libérée de ses tristesses, mais surtout de ses colères, celles-ci étaient totalement enfouies, et totalement méconnues d’elle. Cette fonction du refoulement, grand résistant à la cure, permet cependant à l’esprit de pouvoir maintenir une forme de survie mentale dans certains cas.

Heureusement que je ne sais pas que je vais aussi mal que cela !

Et bien sûr ni l’une ni l’autre n’ont gagné, tout pourrait laisser penser que la grande gagnante est Françoise, mais Alphonse saura nous expliquer tout cela, car il a suivi de près le cheminement de la famille Ripoche. D’ailleurs, il est grand temps de retrouver ses rêveries

La rue des oiseaux pales.

Alphonse, ce mardi était sombre, plutôt interrogatif, car heurté dans ses conceptions par une discussion avec Leon, toujours là à ramener des certitudes qui avaient le don d’agacer profondément Alphonse, lui plutôt philosophe et pragmatique.

Encore une discussion qui allait vraisemblablement s’envenimer, mais qu’Alphonse à poliment écourtée. Leon expliquant comment et pourquoi il avait raison de voter pour le député Marboeuf, pensant bien sûr démontrer que lui seul avait raison.

Mais depuis longtemps Alphonse savait que seul l’homme lucide était heureux ! Et Leon il n’est pas du tout lucide, il est fort en gueule, et de fait facilement manipulable et influençable, mais malheureusement pas lucide pour un centime.

Alphonse sait que cette lucidité, elle s’acquiert, se construit, Il a compris cette partie de Spinoza expliquant que seul l’homme capable de discerner ce qui lui fait du bien, peut avancer et mieux choisir, d’ailleurs il aurait tant à dire sur cette lucidité Alphonse, mais …

La nuée de la marmaille reprend son office de marchand de rêveries, et il nous développera cela vraisemblablement dans le volet III une partie de ses pensées.

Lien sur mon dernier livre : Une nouvelle psychanalyse la PAR

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Jacques Rivalin, Psychanalyste et Psychothérapeute à Nantes

La Psychanalyse P.A.R est une nouvelle forme de thérapie, brève et très aboutie. C'est une réelle psychanalyse dynamique et de courte durée. La pratique de la P.A.R. met l’analysant en situation de se connaître rapidement au plus profond de lui-même pour mettre en place les changements nécessaires et indispensables à sa recherche de bien-être.

Étant depuis 1989 Psychanalyste didacticien, Jacques Rivalin forme des psychanalystes les amenant au stade de l’exercice professionnel, qui ensuite sera supervisé, tout le long de leur activité professionnelle, garantissant ainsi au psychanalyste et à ses analysants une assurance de résultats et de qualité.

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