Ou :
Chroniques d’été,
Chroniques des thés,
Et même pourquoi pas d’étais !
Avec ou sans jeu de mots tellement accorts, et propices à certains délires si familiers aux psys, sous cette appellation je propose une chronique qui pourra accompagner nos rêveries d’été, mêlant quelques chemins de vie qui entrelacent les rencontres et les choix, permettant ainsi d’y superposer nos réflexions plus conceptuelles, comme sur l’idée de choix et de parcours.
Nous pourrons y retrouver quelques personnages constants et d’autres plus éphémères au gré de la plume.
Ce 15 juin 19, Alphonse s’amuse à observer cette marmaille qui piaille dans tous le sens, ça l’amuse véritablement de voir ainsi ces écoliers se chamailler à la sortie de l’école, d’autant que lui Alphonse l’école il a aimé la fréquenter, c’est d’ailleurs vraisemblablement la raison pour laquelle il passe souvent ses fins d’après-midi à les observer, ses petits pioupious comme il les appelle tendrement. Mais d’aucun le remarquerait, le jugerait comme un vieux pervers, ce qu’il n’est pas assurément, et que cela n’est pas réellement dans l’ère du temps, alors que lui, sans le savoir, au gré de ses observations, remplit ses indigentes et fugaces rêveries, que son enfance qu’il a toujours jugé trop courte lui a autorisé à avoir.
Il entend encore résonner les voix de ses copains d’époque, lui reviennent en ce moment plus particulièrement celle criarde de Marcel, et l’autre plus plaintive, et râleuse de Leon, d’ailleurs Léon il s’en méfiait un peu, et cette prudence s’est révélé fondée, car Léon a été mêlé dans différentes affaires de rachats de commerce, enfin bref il a bien fait de s’en méfier.
Lui Alphonse quand il observe ses grappes de moineaux dans ses souvenirs mâtinés, il repense à ses propres choix, surtout aux paroles du directeur d’école, Monsieur Baichu, qui semblait avoir une piètre opinion de ses élèves, les pensant assurément destinés à des « petits métiers » comme il le disait. « L’agriculture manque de bras ! » se plaisait-il à dire également, s’amusant de cette ritournelle, qui à vrai dire sonnait ridicule dans cette commune d’agriculteurs. Mais il avait semble-t-il projeté sur Alphonse une forme d’estime que d’ailleurs Alphonse n’a jamais bien compris, le considérant lui, destiné à des études supérieures.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé, car au lieu d’aller en classe de certificat d’étude, il était parti au petit lycée, et il a fini par y faire une formation en comptabilité, car les possibilités financières de ses parents s’arrêtaient au baccalauréat, ce qui en soi, était déjà pour eux un monde impénétrable et inabordable. D’ailleurs Alphonse avait toujours été sensible à cet effort, car très conscient de ce que cela représentait en sacrifice, un peu coupable même, mais en même temps cette culpabilité l’a vite responsabilisé, et vraisemblablement fait partie de ce parcours de vie, dans lequel comme le dit Alphonse, j’ai pas mal mené ma barque.
Ainsi, assis sur son banc à la sortie de l’école, il repense sans le vouloir vraiment à ses espaces de vie. Il se demande ce qu’il a choisi, et s’il a réellement choisi quelque chose véritablement dans cet espace de vie. Il avait souvent pensé, et si … Et si j’étais né à l’époque de mes parents qui ont connu la grande guerre, et si mes parents ne s’étaient pas rencontrés, car il parait qu’il s’en ai fallu d’un cheveu que papa et maman ne se rencontre, et alors par conséquence, lui ne serait pas né.
Il sait bien que la vie non seulement est faite de hasard, mais qu’elle est fugitive, fragile, c’est cela qui la rend si précieuse.
Lui il se rend bien compte qu’il y a des moments, des situations, pour lesquelles il semble avoir pu choisir avec les éléments qu’il avait en sa possession. Et puis cela l’amuse et le terrifie également quand il rencontre des anciens copains d’avant, comme Marcel et Leon au café du village chez Germaine comme tous l’appellent. C’est le lieu incontournable dans lequel on se retrouve, d’ailleurs ne pas y aller au moins une fois, pour les garçons de tous poils et de tous âges serait même perçu comme étrange.
Alors Alphonse après une carrière bien rempli de contrôleur, puis d’inspecteur auprès des compagnies maritimes, est venu pour sa retraite se retirer dans la demeure familiale dont il a hérité, et c’est là où il croise lors de ses rencontres ses souvenirs, notamment dans les échanges avec ses anciens camarades.
Leon lui est persuadé qu’il a tout choisi, car il dit souvent : « moi je ne dois rien à personne, je me suis construit tout seul, je n’ai ni dieu ni maitre », comme il aime à le répéter à la ronde. Cela a souvent amusé Alfonse car il se souvient entre autres de ses cours de littérature et de philosophie, et en étudiant Descartes qui l’avait passionné, il se souvient de ces dissertations pour lesquelles Descartes expliquait qu’un acte n’est libre que s’il résulte d’un choix de notre volonté. L’exercice de la volonté qui consiste à faire ou non quelque chose, c’est le libre arbitre. Et du libre arbitre Léon, qui a des idées toutes faites il n’en a pas vraiment !
D’ailleurs perdu dans les observations de ses pioupious, Alfonse se retrouve à penser à Georges son meilleur copain de cours de récré jusqu’à 10 ans, car après ils se sont brutalement perdus de vue. Il le revoit après, mais avec son costume de séminariste, un drôle d’épouvantail pensait-il à chaque fois qu’il le croisait, et malheureusement cela de plus en plus rarement.
La maman de Georges était très croyante, très pratiquante, Alphonse dirait maintenant bigote, et elle avait remis sa vie dans les mains du seigneur comme elle le disait, mais surtout dans celles de monsieur le curé. Et celui-ci jeta surtout son intérêt sur le fils de cette fidèle croyante, le copain Georges. C’était un vieux curé qui semblait sincère dans sa foi, mais va savoir…
Georges avait raconté comment un jour le curé vint dans la ferme de ses parents, et avait dit à la mère qui n’en croyait pas ses oreilles, et cela devant Georges, « Tu sais ton fils Georges sera prêtre, car je sens en lui la vocation ! ».
Ah bon la vocation de Georges lui vient du prêtre, et non pas de lui ? Nous n’en sommes pas à une singularité prés, mais d’ailleurs y repense Alphonse encore une fois que choisissons nous ? Lui il a eu la chance d’avoir des parents qui s’aimaient, de la sorte, et sans le savoir, il a pu profiter de cette harmonie, mais en est-il de même ailleurs ? Assurément que non, et nous sommes le produit des rencontres de nos parents, bien sûr, du fait qu’ils aient pu être ensembles, mais également le fruit de ce qu’ils ils sont, et de la façon dont ils s’aiment.
L’histoire fabuleuse de Georges.
Cela relèverait pratiquement d’une fable, tant l’histoire de Georges est intéressante et passionnante, du moins c’est assurément l’idée qu’en a Alphonse, lorsqu’il se remémore tous les souvenirs racontés par son ami Georges, et de son parcours riche en rencontres de toutes natures, d’ailleurs qui aurait pu imaginer cette trajectoire.
Lorsque le curé a dit cela, sa mère pleurait, et même abondement, et de joie ! Cependant Georges qui avait assisté à cette scène surréaliste, ne savait pas ce qu’il fallait en faire de cela. Il sentait bien confusément que quelque chose de terriblement important, peut-être même de grave se passait et qui lui échappait. Et puis quoi faire devant ces larmes, il savait sa mère aimante, mais secrète et pudique, on ne montre pas ses émotions dans la famille de Georges, comme à l’époque d’ailleurs, d’ailleurs exprimer ses émotions, comme sa sensibilité, était considéré comme une marque de faiblesse, comme de la sensiblerie plutôt. Le monde était dur, plus rude à cet époque, pourtant pas si éloignée.
Cela était en juin aussi, de ce fait, le temps Georges ne le vit pas venir, pas passer surtout. C’était le temps des travaux dans les champs, et aussi avait-il le plaisir d’aller jouer avec les petits cochons, lorsqu’il nourrissait la truie qui avait mis bas, et les voir grandir cela le divertissait tout jeune encore de ses 10 ans.
La rentrée arriva rapidement, la maison ayant peu de moyen, c’est le curé qui s’occupa de tout, du trousseau qui semblait démesuré aux yeux de la mère, qui ne disposait pas d’énormes moyens, mais pas si important que cela : deux culottes courtes, trois chemises, et quelques vêtements de corps finalement.
Georges pourrait écrire son histoire, mais très vite nous comprenons qu’il entre au petit séminaire, un établissement prestigieux aux yeux de ses parents, de sa mère bien sûr, et il entre comme cela …
Comme cela, pas préparé du tout, n’ayant pas réellement réussi à savoir dans ce non-choix si cela lui convenait, d’ailleurs la question ne se posait même pas, car si les parents pressés par monsieur le curé avaient choisi cela, c’était assurément et vraisemblablement le mieux pour lui. Pouvait-il avoir imaginé autre chose, mais d’ailleurs à cette époque, à quel âge les enfants avaient-ils réellement le droit de penser ? Car finalement ils étaient les objets de leurs parents, et peu rarement des sujets de leur propre ressenti et désir.
Pas préparé du tout entre le prestige et la fierté de ses parents, et la peur de les quitter, de quitter la ferme, et Corinne sa grande sœur mais qui était déjà occupée à vivre sa vie de toute jeune femme, de fille placée dans une maison de la ville.
Pas préparé à ce moment surtout de la séparation, entre se montrer digne de la fierté et la grande tristesse qui sourdait en lui.
Pas préparé à ce jour de rentrée, Les plus grands, eux habitués, chahutent les petits, eux pas protégés, et le chahut faisant même parti des intronisations dans ce monde austère.
Pas préparé surtout à ce grand dortoir, qui va durer des années, des infinités de nuits, pleines de tourments et de turpitudes, mais Georges n’avait pas tout dit à Alphonse, qui n’a fait que penser imaginer, tout ce que cet ami avait subi, allant de vagues brimades, aux pires supplices. Cela comme un garçon accompagnant de loin son ami, et qui le voit s’endurcir.
Que de chemin, plutôt que de chemins, par lesquels Alphonse voyait Georges changer, le voyait devenir un autre, mais au fond qu’est-ce qu’être soi, se demandait Alphonse, devenant philosophe malgré lui.
Quelle étonnante histoire que la vie s’amusait souvent à penser Alphonse, notamment installé sur ce banc de la rue des « oiseaux pâles », d’ailleurs personne ne sait jamais demandé pourquoi cette drôle d’appellation pour nommer ainsi cette rue, « des oiseaux pâles », mais véritablement quelle drôle d’appellation, ne pouvait il s’empêcher de penser à chaque fois qu’il y passait. Assis sur ce banc ce sont quarante années qui surgissent, car Alphonse et Georges s’étaient perdu de vue pendant plus de quarante années et ne se sont revus que très récemment.
Georges a toqué à mon cabinet un 20 février 1991, j’ai vérifié la date, tenant un registre des chemins de vie. Cette position privilégiée « d’écoutant » me permet de prolonger la narration d’Alphonse. Car Georges aspire à comprendre, notamment comprendre dans « cette folle spirale qu’est ma vie » comme il aimait à le répéter, il sentait impérieusement la nécessité de se poser, pour au minium faire un point.
« Il m’est arrivé tant de choses que je ne sais pas ce que j’ai choisi, ni même si je n’ai véritablement choisi quelque chose ? »
Sa demande était comme, il est d’ailleurs en première présentation, à la fois très précise et en même temps diffuse. Quelqu’un de très assuré en apparence et en même temps un peu en retrait, dans une forme de timidité qu’une élégance construite arrive à cacher. Il souhaitait à l’approche de la retraite, prendre le temps de se poser, et aussi de quitter ses automatismes de rigidité et de distanciation dans lesquels il s’était installé depuis des années.
Cela n’est pas le plus important pour notre narration, et je pourrai présenter un partie plutôt synthétique du déroulement de son travail, mais l’intérêt de notre causerie, est plus de percevoir, à travers le parcours de Georges, comment ces chemins de vie s’organisent malgré nous, et nous confrontent invariablement à l’illusion de pouvoir choisir. Je renvoie d’ailleurs le lecteur à mes derniers articles qui définissent l’articulation entre les déterminismes et les concepts de choix, pour mieux saisir le sens de mon développement.
Pour en revenir à Georges, qui comme l’a bien décrit Alphonse est un personnage hors du commun, plein d’un monde intime et intérieur, qu’une personne habituée peut soupçonner exister, mais il est secret. C’est également une individualité sérieuse, et c’est cette qualité qui lui a permis de pleinement s’installer dans la démarche saisissant tous les process que je lui proposé.
Ainsi rapidement est apparu dès l’anamnèse ces deux marqueurs qui ont organisé des temporalités, des virages sociaux, sociétaux, qui ont été cruciaux pour Georges. Ceux qui pensent fatalisme et destiné opposeront toujours que ce sont les forces supérieures nous échappant qui gouvernent, mais plus modestement et de façon pratique nous savons qu’il existe des temps, des moments, dans toutes vies, où se posent des marqueurs qui organisent « un avant et un après ».
Ce fut le cas de Georges destiné, petit paysan à prendre la relève de l’exploitation familiale. Retiré à cette « destinée » par la perception d’un curé qui voulait en faire un prêtre. Un prêtre qui aurait dû prononcer ses vœux à l’issu de son bachot, et d’une ou plusieurs années de probation (je ne suis pas assuré des termes exacts).
Mais en continuant ses études de théologie après le grand séminaire, et avant de prononcer ses vœux, il avait intégré naturellement la Sorbonne. Sa licence obtenue, et un stage dans une grande maison d’édition, Georges ne prononça pas ses vœux, et il tourna même le dos, à toute forme d’engagement religieux, il ne fallait plus lui parler de sacerdoce.
C’était les années 68 nous imaginons sans peine la suite pour Georges qui évoluait dans un milieu parisien intellectuel, et son profil atypique amusait, séduisait. Il apprit tant que possible à se façonner un personnage plus ou moins harmonieux.
Et s’est vite fait aspirer par les plus hautes sphères du monde politique, terminant ainsi sa carrière en tant que commissaire d’exposition internationale, en passant par différents postes culturels dans les ministères.
Très vite dans notre démarche, s’est posée pour lui la question de ces non-choix, de ce curé dans l’enfance, du bénéfice improbable, fallait-il remercier cet homme ou le détester à jamais ? Chacun pourra évaluer, mais Georges lui avait choisi d’en relever et retenir uniquement les bienfaits.
Bien sûr que dans son introspection il a pu non seulement repérer mais désactiver les défauts d’une éducation à la fois rigide et laxiste par manque de repères, si ce n’étaient ceux de l’église.
Georges et son parcours sont des sujets passionnants, comme tous les autres parcours qui le sont aussi pour de très nombreuses raisons différentes.
Ainsi celui qui devait être un petit paysan de Vendée, se retrouva dans les sommets internationaux de la culture les plus réputés, tant intellectuellement que mondain.
Georges a-t-il choisi ? Certains diront non, assurément que non, et d’autres que oui, particulièrement lorsqu’il n’a pas voulu prononcer ses vœux. Mais même à ce moment qui peut répondre à cette question : pourquoi lui ne les a-t-il pas prononcé à la différence de tous ses autres camarades séminaristes ? Même lui n’avait pas réellement la réponse alors …
Alors Georges a choisi sa vie ou l’a-t-il subit ?
L’avantage d’être le faiseur et compagnon de ces voyages introspectifs, nous attribue ces zones du partage de l’intime, que la confidentialité ne permet pas de dévoiler ici. Mais Georges a pu mesurer à quel moment des éléments d’une pleine lucidité appliquée (PLA) auraient pu être possible.
Mais maintenant Georges lui sait, il sait surtout ce qui lui fait du bien, nous pourrions même avoir une pensée référente à la lecture Spinozienne, en évoquant cet homme conscient de ce qui l’affecte et de ce qui lui fait du bien, et qui peut maintenant organiser librement ses choix futurs, pour à partir de cela savoir comment organiser les circonstanciels à venir.
La rue des oiseaux pâles.
Nous retrouvons Alphonse ce 15 juin toujours absorbé et amusé par ses scrutations. Éphémère soupir qu’Alphonse saisi comme une envolée de plumes, cette image d’une petite fille, qu’il sans qu’il ne fasse aucun effort de mémoire, lui renvoie l’image de Marie. Sa chère Marie, mais qu’elle drôle de destin se dit-il que son histoire.
Il se souvient d’elle dès la petite école à 6 ans, une époque à laquelle les enfants étaient scolarisé plus tard que maintenant. Mais ce n’est pas tant d’elle qu’il s’étonne, mais à travers cette famille toujours son intérêt à voir la façon dont la vie propose des chemins, et de la façon dont on les suit ou non, c’est plus de la vie Ripoche dont il se souvient. Trois sœurs trois destins comme il se plaît à le penser.
Les parents Ripoche tenaient l’épicerie de la commune. Alphonse aime dire la petite épicerie, mais Alphonse se corrige systématiquement, car pas si petite que cela l’épicerie, le père Ripoche en bon négociant avait développé différentes activités en devenant au fil du temps une sorte de quincaillerie générale fort apprécié du canton.
Aussi les affaires étaient plutôt florissante, et la mère Ripoche en bonne commerçante elle aussi, était remplie de ces paradoxes propres à son activité de négoce de province, montrer que l’on a de l’argent et que l’on se distingue des autres, mais en même temps pas trop ! D’ailleurs tout le monde se moquait de ses airs d’élégance à peine feintés, cela maquillé dans une fausse modestie. C’était souvent un sujet de discussion dont les villageois aimaient plaisanter mais pas trop car au-delà du fait que tout le monde y allait, car comment s’en passer, M Ripoche était lui, subséquemment de sa compétence quelqu’un de réellement dévoué, passionné par son activité et plein de bons conseils toujours à l’affût des meilleurs outils et de tous produits d’actualité.
Trois sœurs trois destins.
Il leur fallait donc un beau destin aux trois filles Ripoche !
Et ce n’est pas à Mme Ripoche la maman à qui l’on pourrait reprocher de leur préparer ce bel avenir.
Quoique !
Alphonse distrait dans ses rêveries par des obligations toutes simples, savait revenir demain sur son banc de la rue des oiseaux pâles, pour continuer à pénétrer avec nous ses éléments de mémoire, et de partage pour le prochain volet de la rue des oiseaux pâles.
Lien sur mon dernier livre : Une nouvelle psychanalyse la PAR
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