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Jacques Rivalin

Psychanalyste à Nantes - Psychothérapeute à Nantes - Psychothérapie à Nantes
Président de l'Institut Français de Psychanalyse P.A.R

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Jacques Rivalin

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Articles et brèves de Jacques Rivalin, abordant de très nombreux thèmes philosophiques et métaphysiques sur le développement conceptuel de la P.A.R et la présentation de tranches de vie philosophiques.

Cet objet se nomme Pan-Pan

La route défile, avec son long ruban bleu, ses arbres qui se ressemblent un peu, au départ, puis en les observant mieux, en plissant les yeux comme elle l’aime le faire, elle réussit à y voir autre chose, des lumières qui se mélangent dans des silhouettes nouvelles jamais vues, toujours nouvelles qu’elle s’invente en même temps.

Et puis ce bruit, elle ne l’entend plus véritablement, lui aussi mélangé qu’il est aux mouvements que son corps subit. De gauche à droite, puis parfois c’est la ceinture qui le remet en place, elle aime bien le bruit du moteur qui, elle se souvient, au début quand elle était toute petite lui faisait un peu peur, mais à la longue c’est rassurant, et puis papa conduit bien.

Elle se sent bien Laure dans cette voiture, Pan-Pan est serré contre elle, son petit lapin, son ami de toujours qu’elle a continuellement, cet ami, cet intime, cette partie d’elle, ce compagnon de toutes les aventures.

Après cet arrêt sur l’autoroute, un peu plus long que souhaité, la route reprend pour vite se terminer par une arrivée bien méritée à la maison, la joie de retrouver mamy qui attend et qui a pris soin des animaux.

Tout est bon en cette fin de vacances, Mamy a préparé une collation, tous se retrouvent dans le jardin autour de la petite table asiatique.

En cette fin de journée, le soleil parvient encore à maintenir son rayonnement doux, quelques nuages tentent sans réel espoir de rappeler la fin de l’été, mais c’est décidément une bien belle journée.

Le repas terminé, la table débarrassée, Mamy exceptionnellement vient coucher Laure qui semble s’endormir bien vite, déjà les images réelles de la route se mélangent avec celles de la plage, les jeux avec Catherine et Sébastien, ses camarades de tous les étés.

Elle est bien dans son lit, douillettement installée, et puis son ami qui est là et qui tient son rôle, c’est apaisant, doux et chaud, elle se réconforte en le cherchant du bout des doigts juste avant de profondément s’endormir. Elle a l’habitude de coincer la houppe de Pan-Pan entre son pouce et son index pour porter cette odeur qu’elle adore à son nez. Mais là il ne semble pas là, elle bouge plus les doigts ce qui a pour effet d’interrompre définitivement l’endormissement. Il n’est pas là, d’une vague inquiétude succède vite la panique, car effectivement il n’est pas là, il n’est plus là !!

Maman, maman ! appelle Laure, je ne trouve plus Pan-Pan !!

Au début, maman, puis papa, mamy, et même le chat s’y mettent à la recherche de Pan-Pan.

Tout y passe les valises, la voiture bien sûr, maman rassure Laure, mais les larmes sont déjà présentes, le désespoir est déjà présent. Laure est catastrophée, les larmes, les sanglots sont impossibles à calmer. Rien n’y fait, ni les câlins, les paroles rassurantes.

Le monde est brisé, le monde de Laure est en train de s’effondrer, de s’enrouler sur lui-même avalé dans cette spirale du désespoir, ses yeux se vident. De l’inquiétude à la panique, nous passons très vite à la peur de l’irréparable.

Ses parents savaient bien sûr, combien cet objet, puisque finalement nous parlons bien de cette peluche, était important, ils ont bien sûr entendu parler de cela, de l’objet transitionnel sans forcément y mettre ce mot. Ils savaient bien sûr que les doudous sont  importants pour les enfants, d’autant plus quand ils sont petits.

Mais là ils prennent conscience avec cette violence qu’il ne s’agit pas d’un caprice, d’ailleurs Laure n’est pas du genre à faire de caprices, mais bien d’une partie d’elle qui semble lui être arrachée. Maman qui connait Laure par cœur, voit combien sa petite chérie est partie autre part dans sa peine, elle observe avec inquiétude, son regard ailleurs, comme si ses yeux ne fixaient plus réellement les siens.

Mais là maman et papa comprennent qu’il s’est passé quelque chose de grave. Ils ont intégré qu’il s’agit d’un drame à la portée de leur enfant emporté par sa capacité de compréhension, c’est vrai que 5 ans c’est encore tout petit, et bien fragile à cet égard. Ils ont tout passé en revu et en déduisent que c’est lors de cet arrêt prolongé sur l’autoroute que Pan-Pan a été oublié, d’ailleurs maman le revoie bien posé sur la table. Papa a également téléphoné au restaurant, et après de longues minutes et un léger espoir, la réponse est tombée brutalement, plus de trace de Pan-Pan.

Quelqu’un d’autre l’aura pris dit maman, et ces paroles firent autant de mal que la perte de la peluche elle-même car Laure venait de sentir, pour le ressentir douloureusement dans son corps, que Pan-Pan c’était une partie d’elle c’était elle qui avait perdu un petit bout sur l’autoroute.

« Mais Maman tu ne comprends donc pas mon désespoir ! »

Ces paroles seront une partie des ACPA que Laure sera amenée à formuler lors des séances, et que nous allons développer plus après.

Bien malgré elle, le Pan-Pan de Laure nous permettra d’évoquer comme un prétexte cette idée d’objet transitionnel dont la psychanalyse a pu disserter, et que j’évoquerai ici en complément.

L’objet transitionnel.

Effectivement la disparition brutale d’un objet transitionnel est toujours un traumatisme marquant. Nous touchons de plein fouet avec Laure, deux concepts que nous allons survoler, grâce à Laure qui a 37 ans a décidé d’entreprendre une démarche P.A.R. Cet événement a bien existé et nous allons voir à la fois ce qui s’est déroulé pour Laure dans la réalité, et ce que cette histoire nous permet d’évoquer.

Deux concepts car en effet cet événement essentiel et marquant dans la vie d’un enfant touche le territoire de l’objet transitionnel, et également ceux de la perte et de la réparation, que je vais confondre ici dans l’idée de trauma.

Cette représentation d’objet transitionnel est un des nombreux sujets qu’a apporté la psychanalyse à la compréhension du psychisme, et en particulier à ces phases de la construction de l’individu. Il s’agit d’un objet privilégié, choisi par l’enfant. Qu’est-ce que le choix à cet âge, sachant que le choix fait partie de mes travaux, peut-on réellement parler du moment où j’ai effectué un réel choix « en mon âme et conscience ».

L’enfant s’approprie de façon très instinctuelle un objet présent autour de lui et nous constatons très vite que celui-ci sera pratiquement toujours de la même nature, notamment une peluche, un bout de tissu, ou un vêtement. Ces objets ont la particularité la plupart du temps d’être en tissu, si possible pelucheux, soyeux, et assurément et principalement capteurs d’odeurs.

Ils sont la plupart du temps proposés par les parents, la famille, et naturellement l‘enfant va effectuer une fixation sur l’un de ceux à sa disposition. Les psychanalystes y voient alors principalement une projection à la mère mais je serai plus nuancé, ou plus précis.

Car pour l’enfant cet objet est la première possession du non-moi. L’intérêt de cet objet est qu’il n’est perçu ni comme faisant partie de la mère, ni comme étant un objet intérieur. Il permet de ce fait la désincorporation avec la matrice maternelle.

Comme je viens de le préciser, cet objet est généralement doux au toucher, et il permet au bébé de lutter contre l’angoisse. Cette angoisse est bien naturelle quand nous y réfléchissons, car dès que la mère est loin, ou ressentie comme telle, ou tout autre fonctionnalité de remplissage équivalent, l’enfant ressentira confusément un abandon, une peur de l’abandon, et un vide, une forme de vacuité, qui est nous le savons une des causes principales de l’angoisse.

Cette angoisse est de type dépressif tout particulièrement, et l’apparition de cet objet permet de façon miraculeuse, mais mécaniquement par l’effet de transition, d’être associé à l’élément manquant en l’occurrence de la mère.

Nous le verrons un peu plus en détail, la mère, ou ce qui y est associé, ou même déjà l’idée de la mère idéalisée, celle que le Moi intime a captée, ou déjà projetée. Cet objet permet de garder l’illusion d’un minimum de sentiment de contrôle. L’idée du contrôle est importante car l’enfant à la sensation de maîtriser ce vide par l’apparition de l’objet qu’il maitrisera de mieux en mieux qu’il ne pourra jamais le faire de la présence de sa mère.

Pour en finir avec la période d’illusion.

Durant cette période d’illusion, l’enfant se vit autosuffisant, il est en pleine phase du narcissisme primaire, et la mère présente son sein au moment où l’enfant a le sentiment illusoire de le créer. Ainsi pour l’enfant il n’y a pas de réels échanges entre la mère et l’enfant puisque le sein fait partie de lui-même. Nous comprenons ainsi combien au cours de la désillusion, l’objet transitionnel fait en quelque sorte une interface entre l’enfant et sa mère, permettant un vécu non angoissant de la séparation. 

Mais pour en revenir à la notion de contrôle, même si ce contrôle n’est plus aussi absolu que celui que lui conférait son omnipotence, il s’agit tout de même d’un contrôle par la manipulation. 

Ce cheminement notamment avec l’apparition du contrôle, est beaucoup plus important que celui qui est lui est traditionnellement attribué, car l’enfant va dans cet espace qui est celui du stade oral où tout est dans tout, et dans lequel toute tentative de « défusion » avec la mère peut être perçu comme un anéantissement de l’être, pouvoir passer du subjectif, qui est l’idée, l’envie à la réalité. Du désir à la réalité, le réel est fait notamment des non-désirs ressentis. Ce mécanisme permet à l’enfant de passer de cette matrice universelle indifférenciée à la réalité spatio-temporelle.

Il va s’agir du premier cheminement de l’enfant du subjectif vers l’objectif, ce mécanisme de déplacement sera le premier pas vers d’autres investissements. Cet objet devra être plus tard désinvesti, et ainsi l’aire transitionnelle donnera accès à l’imaginaire et aux fonctions cognitives qui y sont dédiées. Cette évolution devrait conduire naturellement vers le jeu. Cet ensemble de glissement permettra également aux activités culturelles pour l’adulte d’émerger, puis de se développer.

Car cet objet, étant une projection et n’appartenant qu’à l’enfant, c’est le premier cadre à la projection transférentielle, l’enfant peut transférer sur lui tout ce qu’il souhaite, veut ou tout ce qui lui est permis.

L’objet transitionnel est le premier réel terrain du Jeu/Je.

Nous comprenons ainsi les raisons pour lesquelles cet objet et les fonctions dont il est investi sont importants, car l’objet transitionnel devra survivre à l’amour instinctuel et à la haine. Nous percevons également que lorsque le langage apparaîtra cet objet pourra être nommé. Il deviendra ainsi le Pan-Pan lapin de Laure, devenant ainsi un objet vivant. L’identification ainsi posée lui permettra d’endosser officiellement une identité socialement reconnue.

L’enfant pourra ainsi le considérer comme une réalité vivante, et il est intéressant de constater l’intérêt d’un apparent contradictoire, nécessaire à faire apparaître à ce moment de notre développement. Cet objet vivant doit exister comme étant bien sûr une illusion comme une supercherie que l’esprit se fait à soi-même.

Ainsi l’enfant doit croire au fond de son intime que cet objet est vivant, bienveillant et resplendissant, potentiellement l’interlocuteur unique, puisque chargé de tout réparer de combler ainsi cette angoisse initiale.

Mais en même temps il doit savoir qu’il ne s’agit que d’un dialogue à soi-même, comme une illusion, une mensongerie autorisée. Car si ce subterfuge n’était pas permis, l’enfant n’aurait plus de protocoles de recours, en cas de danger ultime cet objet transitoire peut et doit même devenir un objet imaginaire intériorisé.

Mais il doit avoir la capacité de sentir que c’est une pirouette qu’il se fait avec lui-même et d’avec la réalité. Le but de l’existence est de permettre la réalisation du Moi intime, et ce processus le permet. Ce mécanisme d’incorporation et de désincorporation volontaire, permet à l’enfant de se distinguer de l’Autre, ce qui est Moi.

L’objet transitionnel peut devenir un objet imaginaire, il sera alors le Moi fantasmé. Ainsi nous comprenons que cet attachement à la mère, n’est qu’une infime partie des fonctionnalités de cet objet.

L’objet transitionnel « abouti » est un idéal du Moi projeté, intériorisé et extériorisé, et surtout reconnu ainsi pour être maitrisé, j’insiste sur le fait qu’il s’agit d’un objet non-moi, tout en n’étant pas de l’autre, ainsi il recouvre tout cet espace. Cet espace pourrait être défini de « en creux », espace de ce qui doit advenir. L’objet transitionnel n’est pas l’objet perdu, car perdu c’est son destin, il est fait pour être perdu, d’où toutes les petites tragédies quand il est égaré, ce que tentent trop souvent de prévenir les mères. Nous comprenons ainsi qu’il est la commémoration d’un manque, et nous pourrions dire qu’il est ce qui donne sens de perte au manque.

L’objet transitionnel est la fois et successivement : Imaginaire, Symbolique et Réel.

Notre vie est un chemin et ce qui est vrai à un moment dans l’évolution de l’individu ne fonctionne plus de la même façon à d’autres moments. Le psychisme est comme un mille-feuille, ainsi les différentes topiques que je vais être amené à présenter vont montrer comment le psychisme d’un enfant âgé d’un an présentera les mêmes caractéristiques que celui d’un adulte, mais avec des fonctionnalités qui ne sont pas de même nature.

L’homme devrait idéalement, théoriquement, cheminer à la réalisation de son Moi intime. Celui-ci comme je l’ai précisé dans la première topique de la P.A.R, est le mâtinage des gènes, de l’ensemble des déterminismes psychologiques transmis, ce substrat inconnu qui pourrait être qualifié par défaut d’âme philosophique. Le Moi intime étant la capacité d’appréciation, il se distingue de l’inconscient dans le sens où il discerne les sensations, les impressions, il est comme une perception de Soi apparaissant dès que le fœtus réagit aux stimuli. Dès que les ressentis sont perçus émerge l’intuition de Soi qui va devenir le Moi intime. Le Moi intime évoluant pourra donner l’idée de Soi.

Je suis par ce que je sens, je suis parce que je sens, Je suis le Moi intime !

Objet transitionnel et le Moi.

Pour en revenir aux stades de construction, le Moi conscient apparaîtra ainsi plus tardivement avec le langage, et il va se superposer progressivement dans et avec le Moi intime. Le langage va permettre simultanément l’émergence du conscient et de la pensée qui existait auparavant, mais non conceptualisée. C’est ainsi que l’objet transitionnel par les mots qui sont l’expression du langage de la pensée », permettra à l’enfant de s’autoriser à se distinguer.

Encore un paradoxe mon nounours m’aide à être Moi !

Nous savons que l’enfant n’a pas réellement dans les premiers mois de son existence, une véritable conscience des limites de son corps, et de fait encore moins de celui des autres, (stade oral) car à cette époque des premières semaines, l’enfant et sa mère ne font qu’un pour lui, principalement avec sa mère. Il vit cela vivant dans une sorte d’indistinction, sujet à des angoisses spécifiques en relation avec des besoins physiologiques principalement. L’objet transitionnel vient à ce moment remplir une fonction essentielle qui est la défense contre l’angoisse. L’objet vient pour rassurer l’enfant, le réconforter. D’ailleurs tout parent même peu attentif a perçu cela, et tout parent connaît ce rôle que représente cet objet.

Cet objet transitionnel par l’apparition du mécanisme de projection va aider l’enfant à faire la part entre lui, se mère, l’Autre, et surtout lui. Ainsi nous comprenons que progressivement cet objet va représenter différentes fonctions

J’avais évoqué l’individuation dans un article précédent et nous sommes pleinement dans cela, lorsque l’enfant prend ainsi conscience de son existence individuelle par la perception de son Moi intime, le Je apparaît, il existe.

L’objet transitionnel est donc un moyen pour l’enfant d’accéder à l’objectivité, car il sort de la relativité de l’illusion que proposait le subjectif d’avant, « je veux donc cela est ». Ce mécanisme pour accepter de perdre en quelque sorte ses sentiments de toute-puissance. Ceci grâce à cette mécanique s’opérera de manière pas trop brutale. 

L’aire transitionnelle est le lieu de repos psychique entre la réalité, qui prend de plus en plus sens, et les sensations d’omnipotence.

Mais ne nous trompons pas d’objet.

Car il faut distinguer l’objet transitionnel de l’objet précurseur, certains l’ont nommé l’objet primaire ou primitif. Nous pouvons distinguer l’objet précurseur comme celui utilisé par l’enfant, notamment à cette phase de quelques semaines, où il peut introduire tout dans sa bouche. Cela lui donnera le sentiment d’être un tout, d’être avec la mère, pour ainsi lui éviter l’angoisse de morcellement. Il s’agit souvent de comportements auto-érotiques, comme en touchant le corps de la mère puis en touchant des parties de son propre corps. Il est fréquent qu’un tout petit tète en recréant l’illusion du sein, Par exemple, en tétant, il pense trouver la mère, ou plutôt le sein.

Ainsi L’objet précurseur est avant tout un objet au contact agréable pour l’enfant, qui peut même être amené à en avoir plusieurs qui seront interchangeables. Il pourra devenir un objet transitionnel mais cela n’est ni systématique, ni obligatoire.

Fonctions et phénomènes transitionnels.

La fonction principale est donc bien de défendre l’individu contre l’angoisse, en venant réconforter, rassurer l’enfant. Il lui permettra ainsi de se renforcer et de quitter plus facilement les terrains d’avant pour défusionner.

Mais il n’est pas rare, même plutôt fréquent que cet objet et ces comportements perdurent. Nous pouvons même conserver ces fonctionnalités objectales, durant tout le long de notre existence.

Ainsi se déterminera une transitionnalité, de la sorte durant toute sa vie le sujet utilisera des objets transitionnels. Mais ces objets auront bien évolué !!

Toutefois l’intérêt que nous porterons en tant que praticien sera l’évolution ultérieure de cette utilisation transitoire de cet objet transitionnel, pour ainsi évaluer son évolution, et sa capacité de nuisance dans un environnement d’adulte.

Finalement cet objet et ses fonctionnalités sont ils aussi transitoires que nous l’imaginons.

Car l’intérêt de l’hypothèse d’un objet transitionnel ne réside pas dans la présentation théorique que nous pouvons faire aisément du doudou, mais bien évidemment dans le phénomène de transitionnalité sous-jacent.

Nous savons que l’observation de n’importe quel objet au sens premier du mot intéressera la psychanalyse, le sujet que nous sommes appartenant aussi à cette catégorisation objectale.

D’ailleurs le transfert est bien la représentation, de ces fonctionnalités que sont les idées et la notion de transitionnel et de transition.

Transferts et phénomènes transitionnels.

C’est la raison pour laquelle j’ai précisé et complété les notions d’alliance thérapeutique, en concept d’alliance puis concept de mitoyenneté, car ceux-ci utilise l’idée de transitionnalité. Transitionnalité que le psychanalyste active par la maîtrise de son propre contre-transfert, dans l’élaboration du concept de mitoyenneté, activant ainsi les situations de dépendances et de projection. C’est notamment ainsi que la psychanalyse P.A.R a précisé et positionné la notion d’activité et d’activation que la psychanalyse classique n’a jamais réellement pu définir. Par cet ensemble de maillage et de process que sont les concepts de mitoyenneté, et de placenta analytique, nous pouvons développer et exploiter cette singularité qu’est l’activation.

Dans cette volonté de précision par les appellations, et appartenant ainsi à l’idée de Process, j’ai nommé « placenta analytique » cette matrice nouvelle de travail que nous seuls proposons à nos analysants, qui est l’objet transitionnel type de la démarche en psychanalyse P.A.R, que nous ne trouvons nulle part ailleurs.

Le placenta analytique et le dossier virtuel sont typiquement des objets transitionnels.

Ils sont pleinement objets transitionnels car de fait il est réel, symbolique et imaginaire, objectif et subjectif ensemble, et leur maîtrise est assurée par la formation didactique des analystes P.A.R.

Son exploitation notamment par les fonctions de démaillotage permit grâce aux différents gabarits de production que proposent nos séances, fournit un outil d’amplification au travail d’interprétation réciproque analyste-analysant, car n’oublions jamais que nous sommes en P.A.R dans un travail d’alliance.

Observons ce que ces objets et phénomènes transitionnels deviennent.

Ce qui nous importe c’est son évolution, car se pose la question du deuil. Finalement faudrait-il en faire un deuil ? Je n’en suis pas persuadé, car cet objet qui doit être investi par l’imaginaire devient magique par sa portée et sa puissance.

Le nounours existe, il est vivant comme nous l’avons vu, et ainsi nous lui attribuons de nombreuses qualités et richesses, celles bien sûr du réconfort de la “bien-aisance”, et celui de la fonction de projectivité.

Ainsi se créent les utopies, qui sont à priori des illusions, mais qui confrontés à la réalité, plus précisément au principe de réalité deviendront des rêves, et les rêves sont là pour être réalisés.

Mais l’investissement sur de nombreux d’objets qui deviendront transitionnels pourra donc persister. Comme un très grand attachement avec une projection de l’affect bien au-delà du réel attachement même sentimental.

Des objets sont nommés, des parties du corps sont l’objet de ces projections appropriations de valeurs ou de vertus dérivées le fétichisme y trouve leur naissance. Il n’est pas rare de nommer sa voiture, sa maison, ses vêtements, et même des parties de son corps.

Il est intéressant également d’observer la notion d’objet fétiche, comme celui du porte bonheur, qui pour certains ne les quitte jamais. Il sera difficile ici d’en faire un inventaire complet, mais des comportements de développement comme le fétichisme peuvent apparaître bien sûr mais qui devront être touchés par d’autres investissements de la libido pour émerger.

Nous attribuons une toute puissance une grande magie à cet objet, et comme je l’ai dit ce mécanisme de duperie de mensonge doit être conscient et volontaire, car je ne dois pas être dupe du jeu que je me fais à moi-même.

C’est par ce mécanisme que peut apparaître le fonctionnement transitionnel qui consiste à déplacer le désir et le subjectif sur un support d’idéalisation. L’enfant dans la réalité ne fait pas le deuil de cet objet, et je pense même ne doit pas en faire véritablement. Car au-delà d’un objet, il s’agit de l’émergence d’un mécanisme et d’une fonctionnalité. Le deuil de cette capacité volontaire de déplacement qui permet cette sublimation et transcendance de soi, ne doit pas se faire. Notamment au sens d’une rupture plus ou moins brutale, comme un rite initiatique qui consisterait à passer du monde des enfants à celui des adultes.

Cet objet ou plutôt cette évolution qu’il aura pu devenir en existant, nous permettra par son utilisation de trouver à nouveau au fond de nous de notre intime cette petite madeleine qui en réalité est pleinement une PMDP (poche matricielle de plaisir) construite ainsi par hasard et par choix, et qui sera le plus inscrit dans notre Moi intime. Ceci permettra de trouver la force, l’énergie, les ressources que l’Autre ne pourra pas nous apporter. Des adultes privés de cela seront confrontés à des impasses terribles

Ainsi et cela je le développerai dans une autre séquence, l’objet transitionnel peut être également curatif, car il permet de se trouver, pour se ressourcer. En être dépourvu, notamment à cause de ces enfances remplies de la rudesse de parents eux-mêmes limités, est douloureux.

Tu seras un homme mon fils dit le père ! Obligeant son rejeton fier ou dépité à brûler son ours !!

Ainsi combien de doudous de tous poils finissent à la corbeille, dans la cheminée, comme un trophée d’avant abandonné.

Combien d’éboueurs dépités constatent ces pauvres dépouilles et cadavres que sont les doudous, encore investis de tout l’amour qu’ils méritaient encore ! Aussi j’invite très vivement les parents à ne pas commettre cet acte irréversible, et qui peut relever d’un réel trauma devenant très invalidant comme nous le verrons plus tard.

J’ai même vu un enfant de 4 ans qui avait glissé dans la tombe de son Papy son nounours préféré, pensant ainsi faire plaisir au défunt, et à ses parents. Puis demandant le soir même aux parents catastrophés, croyant avoir bien fait, que son nounours lui soit restitué. Le bon sens doit ici intervenir.

Nous comprenons ainsi que l’enfant procédera tout seul à un glissement par différentes raisons objectives de l’objet à la fonction transitionnelle et transférentielle, celle-ci sera ou non observée, mais le principal est que l’objet ait permis l’usage de la fonction transitionnelle.

Une est une des dérives possibles également des phénomènes transitionnels pouvant  apparaître, est de trouver un attachement à de très nombreuses pratiques culturelles, militantes aussi étrange que cela puisse paraître, car la carte d’adhésion symbolise bien cet objet magique d’un monde miraculeux. Les collectionneurs en font partie bien sûr. Et également tout ce qui va relever du fétichisme des amoncellements, et de l’apparence.

Tous ces domaines qui relèvent de la fixation à la nécessité de l’utilisation et donc du maintien d’un transfert de l’objet transitionnel vont être traités dans d’autres articles.

Mais au final, qu’importe l’objet, ce qui intéresse le regard du psychanalyste demeurera dans l’évolution ultérieure. Il est bien évident que l’on soit psy ou pas d’ailleurs, qu’il est facile de « délirer » sur cet objet par l’ensemble des fonctionnalités et des phénomènes transitionnels possibles, ce qui autorise à toutes les dérives et réelles divagations.

Néanmoins il était intéressant de noter à travers cet article l’intérêt, la fonction et la nécessité de cet objet, principalement par les aspects de développements de la personnalité qu’il autorisera essentiellement par le développement des champs cognitifs.

Il faut qu’il existe pour ensuite être mieux transitionnel et transférable, et dans l’idéal des situations, avec un individu le manipulant conscient de ces réalités.

Pour en revenir à la peluche, celle-ci est vivante bien sûr, et sera un support pour la projection de l’imaginaire ainsi avec le doudou transcendé l’enfant sera le rêve dans l’imaginaire. J’ai précisé précédemment que l’enfant devait savoir qu’il s’agissait bien d’un dialogue à soi-même, comme une illusion, une mensongerie autorisée. Car si ce subterfuge n’était pas permis, l’enfant n’aurait plus de protocoles de recours, en cas de danger ultime cet objet transitoire peut et doit même devenir un objet imaginaire intériorisé.

L’objet transitoire devenant cet objet imaginaire, il sera alors une partie du Moi fantasmé.

À la recherche de Pan-Pan

La nuit de Laure apparaissait tellement agitée que maman et papa avaient prévu de prendre le relai comme d’un tour de garde. Mais finalement Laure a pu dormir avec effectivement un sommeil agité. D’ailleurs elle a pu lors des séances retrouver quelques bribes oniriques dans lesquelles elle y croisait le fameux lapin, à croire que Lewis Carroll lui-même avait écrit le synopsis de cette nuit mouvementée.

Aussi lors de son difficile endormissement elle l’avait imaginé souillé dans les mains, obligatoirement sales d’autres enfants, celui-ci aura même été retrouvé prêt de la table, où elle en est sûre maintenant il a glissé, car c’est lorsque Papa a dit dépêchez-vous, dépêchez-vous, Laure a paniqué, et en est maintenant sûre de cela !

Tout cela est de la faute de papa, vilain papa aura notamment été amenée à dire Laure de ses séances d’abréactions, aussi étrange que cela apparaîtra plus loin dans le récit.

Laure sort de cette léthargie qu’on aurait du mal à qualifier de réel sommeil et comme groggy fait une prudente immersion dans la cuisine pour le petit déjeuner. Elle remarque à peine le regard de maman qui semble briller un peu plus que nécessaire en ces circonstances, mais ne remarque rien de plus.

Maman sourit même, et dit ma chérie ouvres tes yeux et donnes moi la main, tu ne vois pas qui est là qui te regarde ?

Effectivement elle distingue dans le contre-jour que fait la lumière déjà vive du jardin, tranchant avec la pénombre de la pièce une silhouette qu’elle distinguerait entre toutes, Pan-Pan lapin est revenu !

Oh ! Maman !

Les yeux de Laure se remettent à briller, mais tu es sûre comment cela se peut-il ?

Et maman de raconter que Papa était retourné en pleine nuit tellement triste de voir Laure dans cet état. Il avait retourné la voiture de fond en comble, et avait fini par retrouver coincé entre le cric et la roue de secours, le fameux Pan-Pan

Ce qui affola Laure qui reniflait déjà son Pan-Pan, en trouvant de suite qu’il avait une drôle d’odeur. Elle s’efforce de s’amalgamer à lui, mais sent confusément une étrangeté en elle, une forme de manque, d’autre chose, comme un goût de perdu…

Et ceci va nous ouvrir les portes pour une autre réflexion car cette histoire de Pan-Pan ne fait au final …que commencer.

Lien sur mon dernier livre : Une nouvelle psychanalyse la PAR :

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Jacques Rivalin, Psychanalyste et psychothérapie à Nantes

La Psychanalyse P.A.R est une nouvelle forme de thérapie, brève et très aboutie. C'est une réelle psychanalyse dynamique et de courte durée. La pratique de la P.A.R. met l’analysant en situation de se connaître rapidement au plus profond de lui-même pour mettre en place les changements nécessaires et indispensables à sa recherche de bien-être.

Étant depuis 1989 Psychanalyste didacticien, Jacques Rivalin forme des psychanalystes les amenant au stade de l’exercice professionnel, qui ensuite sera supervisé, tout le long de leur activité professionnelle, garantissant ainsi au psychanalyste et à ses analysants une assurance de résultats et de qualité.

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