Cet article inaugure une série d’analyses approfondies sur le concept de « placenta analytique »
Dans cette série d’articles, j’ai entrepris de poursuivre le développement des concepts fondamentaux de la psychanalyse P.A.R, que j’ai fondée il y a plus de vingt ans. L’objectif principal de ce travail est d’offrir aux psychanalystes en formation dans notre méthode, ainsi qu’à ceux qui, toujours plus nombreux, sont attirés par le potentiel novateur et exponentiel qu’offre la méthode P.A.R., des bases théoriques solides. Par ailleurs, cette initiative répond aux nombreuses demandes des analysants, profondément investis dans notre approche clinique. Ces derniers, désireux de comprendre plus en profondeur les mécanismes conceptuels à l’œuvre derrière les résultats thérapeutiques significatifs qu’ils obtiennent, souhaitent explorer ces fondements pour mieux appréhender et poursuivre leur travail analytique dans une démarche plus éclairée.
Mon travail de recherche a toujours été animé par :
- Comment rendre les cures efficaces ?
- Comment les ramener à des durées courtes, voire très courtes.
- Comment rendre l’analysant autonome ?
J’ai développé patiemment cette approche constamment croisée entre les expérimentations des nouveaux outils et une théorisation d’une méta pensée analytique.
La psychanalyse classique, qui aurait dû se constituer comme un outil conceptuel unique et novateur, comme une discipline extraordinaire et novatrice se situant à l’interface entre la médecine biomédicale et une psychologie explicative, n’a malheureusement pas su pleinement s’inscrire parmi ces disciplines, ni s’ajuster aux avancées des neurosciences. Bien que potentiellement positionnée pour devenir un pont entre ces domaines, elle a échoué à saisir cette opportunité. Cette incapacité d’adaptation a conduit à l’entretien d’une image floue et confuse de la psychanalyse, accentuée par les profondes divergences entre les divers courants psychanalytiques. Ces désaccords internes ont favorisé la perception d’une discipline fragmentée et, par conséquent, une nébuleuse qui a pu être perçue comme suspecte ou incomplète.
J’ai déjà abordé ce sujet dans divers articles et ouvrages, et il est possible, sans entrer dans les détails, de souligner certains des écueils dans lesquels la psychanalyse traditionnelle s’est retrouvée piégée. Tout d’abord, sur le plan expérimental, les travaux de Freud révèlent rapidement les limites de l’hypnose. Bien que celle-ci ait démontré une certaine efficacité, il ne s’agit pas ici de la discréditer. Cependant, Freud s’est rendu compte qu’elle ne permettrait jamais de réaliser des abréactions de manière systématique ou contrôlée. Cette constatation a poussé Freud à réorienter ses recherches, abandonnant progressivement l’hypnose comme méthode thérapeutique principale, en faveur de la libre association et de l’interprétation des rêves, qui offriront une plus grande profondeur dans l’exploration de l’inconscient.
Comme nous le retrouvons dans mes articles abréactions (ACPA) et perlaborations (P.E.F) sont les deux piliers mis à jour par la P.A.R avec notamment tous les liens et liants en permettant les activations CF notamment l’article précédent. D’ailleurs, il est à noter que jamais auparavant ils n’avaient été définis de manière aussi précise.
La psychanalyse est ainsi née d’une volonté d’émancipation de l’hypnose, tout en reconnaissant l’importance de la position allongée, et donc de maintenir l’outil du divan, ceci pour des raisons logiques et pragmatiques. Cette position, visant à réduire le niveau de vigilance de l’analysant, permet un relâchement de l’attention consciente. En effet, se détendre suffisamment pour écouter son propre discours intérieur, et laisser émerger librement les pensées et émotions inconscientes, est rendu plus difficile dans un cadre face-à-face ou assis à un bureau. La position assise impose un certain contrôle postural et stimule l’activité neuronale, freinant ainsi la relaxation nécessaire à l’exercice des associations libres. Ce relâchement, facilité par la position allongée, est donc essentiel pour accéder aux processus inconscients et permettre le développement des associations spontanées, piliers de la cure analytique.
Ainsi, le recours au divan s’est progressivement institutionnalisé, devenant une sorte de rituel au sein du dispositif analytique, puis une scène presque théâtralisée. Cette formalisation du divan confère au moment de la séance une étrangeté particulière, car l’analysant n’en fait pas nécessairement un choix conscient et encore moins maîtrisé. Le divan s’est imposé, au départ, pour des raisons pratiques et explicatives. Peu à peu, il a été intégré dans la démarche analytique comme un élément fonctionnel, à tel point qu’il en est parfois perçu comme la finalité de la cure, alors qu’il ne constitue en réalité qu’un simple outil facilitant l’accès au matériel inconscient et l’exploration introspective.
Progressivement, les concepts de refoulement, de transfert et de résistance ont pris forme, trouvant leur place à l’interface entre clinique et théorie. Toutefois, les interconnexions et les voies permettant de lier et d’articuler ces notions, notamment celles d’abréaction et de perlaboration, n’ont jamais été définies de manière rigoureuse et exhaustive. Le divan, et par extension le cabinet du psychanalyste, est ainsi devenu un lieu singulier, perçu comme un espace de potentialités thérapeutiques ambiguës, un lieu où l’on espérait atteindre une certaine « thaumaturgie » de l’âme. Ce dispositif, enveloppé de mystère, donnait l’impression d’un espace réservé aux explorations les plus intimes du Moi, y compris les questions de sexualité. Tous ces éléments ont contribué à construire une atmosphère sulfureuse autour de l’espace analytique, conférant à cet espace un statut privilégié accessible seulement à une élite d’initiés, dont les compétences étaient à priori présumées. Cela a produit une sorte de microcosme fermé, presque magique, incarnant un entre-soi réservé et mystérieux.Cette opacité a pu nourrir l’image d’un espace hermétique, où l’évaluation de la compétence des praticiens reposait sur une forme de reconnaissance tacite et subjective, consolidant une perception d’entre-soi plutôt que d’ouverture épistémologique et clinique.
Conscient de l’ensemble des difficultés à définir cette discipline émergente, Freud a nécessairement entrepris, dès le début, de clarifier les fondements de la psychanalyse par une structuration rigoureuse du processus de formation. Cependant, en raison de la nature vaste et complexe des domaines que la psychanalyse abordait, cette tâche est rapidement devenue colossale, s’étendant bien au-delà de ce qu’il avait initialement envisagé. Ses élèves, pour leur part, n’ont opéré que des inflexions mineures à son œuvre, tandis que d’autres se sont positionnés comme critiques, voire détracteurs. Aujourd’hui, la psychanalyse classique se trouve dans une situation de rigidification théorique : les freudiens restent majoritairement ancrés dans l’exégèse des textes de Freud, tandis que les lacaniens sont enclavés dans l’interprétation des écrits de Lacan. Cette double fossilisation contribue à une forme de cloisonnement intellectuel, empêchant parfois un dialogue dynamique et évolutif entre les différentes branches de la psychanalyse, et limitant les perspectives d’intégration de nouvelles découvertes dans le champ psychanalytique contemporain.
Bien que de nombreux éléments et fonctions, tant sur le plan clinique que théorique, aient été effectivement présents dès les débuts de la psychanalyse, ils ont souvent été inévitablement insuffisamment développés. De plus, d’autres concepts restaient encore à créer ou à compléter. L’un des principaux aspects sous-développés est la définition du terme « activité » en psychanalyse, un concept qui n’a jamais été formellement explicité. L’absence de cette clarification a eu pour conséquence de figer la pratique psychanalytique par cette difficulté à établir les liens conceptuels permettant de mieux comprendre et d’articuler l’activité psychique dans le cadre analytique. Définir précisément cette notion ainsi que les relations qui en découlaient aurait permis d’enrichir la compréhension des processus dynamiques au cœur de la cure, et offrir une base bien plus solide pour développer de nouvelles pratiques cliniques et théoriques.
Ainsi s’est figée une pratique.
La psychanalyse s’est progressivement trouvée contrainte par les limitations imposées par l’usage du divan, et, de ce fait, par la nécessité impérative de la présence physique de l’analysant au cabinet du psychanalyste. Cette exigence structurelle a eu pour effet de restreindre, voire d’interdire, la possibilité d’intégrer d’autres modalités thérapeutiques dans le cadre de la méthode psychanalytique traditionnelle. La littérature psychanalytique classique légitime cette restriction en insistant sur le fait que l’activité psychique de l’analysant atteint un degré de concentration et « d’ébullition » particulier pendant les séances sur le divan, elle soutient particulièrement que seule cette configuration spatiale et contextuelle permettrait une exploration et une analyse véritablement efficaces des processus inconscients.
Or, une telle perspective peut sembler réductrice, voire hérétique, dans la mesure où l’on peut considérer que la dynamique d’une cure psychanalytique, en particulier dans le cadre de la P.A.R., stimule l’ensemble de la psyché, laquelle demeure active en permanence, jour et nuit, tout au long de la semaine. Cette activité continue de la psyché, en dehors des séances proprement dites, échappe largement à la psychanalyse classique. Pourtant, cette production psychique extra-séance est d’une richesse et d’une importance indéniables, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Face à ce manque de prise en charge, les analysants tentent de combler ce vide par des stratégies individuelles variées, telles que la tenue d’un journal intime ou la lecture, mais ces pratiques demeurent insuffisantes pour exploiter pleinement le potentiel thérapeutique de cette activité psychique entre les séances.
Il apparaît alors qu’il n’existe en réalité aucun cadre méthodologique pleinement structuré dans la psychanalyse classique, en dehors de quelques éléments fondamentaux tels que le divan, le transfert, et les interprétations – et encore, à supposer que l’on puisse réellement les définir en tant que telles. Étrangement, l’ensemble du dispositif semble reposer de manière singulière et quasi-exclusive sur la personnalité du praticien, laquelle constitue certes un atout considérable, mais également un facteur de risque non négligeable. Ce danger se manifeste particulièrement si le praticien n’a pas de cadre clairement défini ou de référentiel fonctionnel solide, et plus encore, s’il n’a pas la pleine capacité de différencier ce qui relève de l’interprétation authentique de ce qui pourrait être, de manière inconsciente, une simple projection personnelle.
La personnalité du psychanalyste intervient inévitablement dans sa pratique, en particulier dans sa gestion du contre-transfert et dans son engagement à maintenir une « neutralité bienveillante ». Cependant, même pour le psychanalyste classique le plus expérimenté, il peut être difficile d’évaluer avec précision sa propre position dans ce processus complexe. Par ailleurs, cette difficulté n’est pas sans conséquences pour l’analysant, qui peut également éprouver des incertitudes quant à l’état de la relation analytique, sans toutefois oser poser des questions directes à son analyste. Cet empirisme, par ailleurs, s’inscrit dans une tradition propre à la psychanalyse classique, où le manque de transparence et de cadre explicite contribue à un certain « folklore » thérapeutique.
Ainsi, tout se passera donc au cabinet !
Rendant ainsi l’analysant dépendant de son psychanalyste, tout se fera donc au cabinet sur le divan au détriment de cette réalité qui est que l’analysant et son psychisme, ils existent en dehors. Il faudra donc que l’analysant fasse l’effort de noter, ou « d’oublier » ce qu’il a dit en séance de tordre ou détorde les attitudes, les interprétations plus ou moins réelles du psy. Ainsi, cette nébuleuse va générer du « bruit » qu’il faudra traiter en plus de la demande initiale pervertissant ainsi dès le départ par cette couche d’imprécision et de détachement du réelle qui est le quotidien du patient.
Parfois ou souvent, se sont créés des grandes illusions d’un Moi inventé complaisamment écouté par le psy qui voit ainsi le renforcement et la reconnaissance d’une compétence elle-même inventée. Le couple interdépendant est né pourrait-on parler de «sujet-enserrant/sujet-enserré », mais est on même assuré qu’il s’agisse de sujets et non d’objets simplement inscrits là dans cette drôle de temporalité. Ceci va être développé dans l’article.
- Freud avait senti cette problématique.
Freud est à ma connaissance le seul qui ait tenté de palier à cette dépendance en instaurant à titre « expérimental » la possibilité d’échanges par courrier avec certains analysants. Nous retrouvons en particulier l’utilisation de l’écriture par les patients dans le travail de Freud avec des cas emblématiques tels que celui de « l’Homme aux loups » (Sergueï Pankejeff), dont les lettres abondantes ont grandement contribué à la compréhension de son cas par Freud. Dans son approche thérapeutique, Freud encourageait également certains patients à continuer d’analyser leurs rêves et à écrire sur leurs expériences entre les séances, afin de maintenir l’élan du processus analytique.
La suggestion de Freud, invitant ses patients à écrire leurs réflexions entre les séances, y compris en lui envoyant des lettres ou des notes, a effectivement joué un rôle dans certaines de ses premières pratiques thérapeutiques. Bien que Freud n’ait pas formalisé cette approche comme une méthode universelle dans tous les cas, des archives historiques révèlent que certains patients engageaient des correspondances écrites avec lui pour préparer la séance suivante. Notamment, de nombreuses lettres ont été analysées pour leur contenu psychologique, constituant ainsi une extension du processus thérapeutique.
Il est important de constater que très rapidement Freud a perçu l’intérêt de la permanence et de la constance de l’activité dans la pratique psychanalytique, cette méthode de communication étant perçue comme un moyen de maintenir le dialogue psychanalytique actif en dehors des contraintes de la séance en face-à-face, permettant ainsi à Freud de préserver un lien thérapeutique avec ses patients, même à distance, ce qui s’avérait particulièrement pertinent lorsqu’il commença à traiter des patients venus d’autres pays.
Quels dispositifs et quelles techniques pourrait-on envisager afin d’assurer la continuité du travail initié lors des premières séances en cabinet ? Il est regrettable de constater l’absence de réponses claires à cette question, d’autant plus que Freud et Ferenczi, malgré leurs contributions fondamentales, notamment avec le concept d’abréaction, n’étaient parvenus ni à en établir une définition précise, ni à en déterminer les moyens d’accès concrets. Pour rappel, l’abréaction se définit comme une « décharge émotionnelle par laquelle un sujet se libère de l’affect associé au souvenir traumatique, afin d’éviter que celui-ci ne devienne ou ne reste pathogène ». Toute la subtilité de l’approche analytique repose dans cette notion : aucune autre technique, qu’il s’agisse d’auto-persuasion, de pleine conscience, d’hypnose ou de programmation, ne saurait atteindre la portée et l’efficacité de cette dynamique, qui constitue le noyau alchimique de la psychanalyse. En particulier, la P.A.R. s’articule autour de ces deux piliers fondamentaux que sont l’abréaction et la perlaboration, et des liens dynamiques qui les unissent.
Ces idées ont été développées dans mon second ouvrage, Précis de psychanalyse (Éditions Maia), où j’expose notamment que ni Freud ni Ferenczi n’ont véritablement défini ce qu’on entend par « activation » ou « activité » en psychanalyse. Bien que Freud ait fréquemment souligné que « l’avenir de la psychanalyse passera par l’activité du psychanalyste », il est important de noter qu’aucune source écrite précise ne permet de confirmer cette citation dans ses publications. Néanmoins, celle-ci est régulièrement citée dans des contextes académiques et cliniques, illustrant ainsi l’importance du rôle actif de l’analyste dans le processus psychanalytique et son évolution. Ces réflexions, déjà esquissées dans mon ouvrage, soulèvent deux questions fondamentales : qu’entend-on par l’‘activité’ du psychanalyste, et quel en est le lieu précis dans le cadre du travail analytique ?
Ces observations soulèvent des questions fondamentales sur la nature de cette ‘activité’, sa localisation au sein du cadre analytique, et les modalités pratiques pour y accéder et la mettre en œuvre. Ces observations ouvrent prioritairement sur ces questions fondamentales relatives à l’activité analytique.
Auparavant : une communication non-viable, voire contre-productive.
Il apparaît clairement, à travers les échanges élaborés entre Freud et ses analysants, que ceux-ci relevaient davantage du dialogue que d’une communication véritable, encore moins d’une « communication psychanalytique ». Une telle approche comporte des limitations importantes, car le dialogue établi dans ce contexte ne prend pas en compte l’asynchronie temporelle entre l’écriture, la lecture et la réponse. En effet, l’analyste et l’analysant évoluant dans des temporalités distinctes, créent ainsi une forme d’interaction décalée qui aboutit à une absence de communication pleinement intégrée, où le sens risque de se diluer dans une sorte de « mélasse » non communicante. Il ne peut ni ne doit y avoir de dialogue du type questions réponses ce qui limiterait le champ spontané des libres associations et mettrait l’analysant dans une posture de dépendance et d’infériorité l’analysant ou pire encore installant un « échange de comédie » dans lequel chacun pourrait emmètre son avis qui pourrait être apprécié au gré des humeurs.
Dans une démarche analytique, la parole est le vecteur intime personnel de l’analysant, vecteur de ses émotions de toute nature principalement, celles refoulées, exhortées par les abréactions il s’agit dans cette étape d’un monologue accompagné, puis d’une interaction possible lorsque le psychanalyste activera les itérations et le syllogisme dont le précédent article traite.
Il convient de rappeler qu’aucune séance ne peut avoir lieu sans une interaction verbale directe entre l’analyste et l’analysant. Cependant, l’ensemble du matériel fourni en dehors des séances contribue de manière substantielle à la préparation de la séance suivante, enrichissant ainsi le cadre analytique et permettant un approfondissement des dynamiques transférentielles et contre-transférentielles.
Il est utile de rappeler inlassablement qu’à l’époque, les concepts d’abréaction et de perlaboration n’avaient pas encore été clairement définis. Dans ce contexte, comment aurait-il été possible de concevoir et de faire fonctionner un espace d’élaboration entre les séances ? La décision fut donc prise, de manière irrévocable, de nier l’existence de cet espace, considérant qu’il ne possédait ni utilité ni pertinence et qu’il risquait même de nuire au bon déroulement de la cure. Ainsi, les cures furent figées dans une passivité inéluctable, réduisant l’analysant à une dépendance vis-à-vis du moment de divan, sous l’autorité du praticien, dans une relation de subordination plutôt que de véritable alliance thérapeutique, malgré ce qui pouvait être affirmé en apparence.
Il fallait impérativement créer ce nouvel espace, ce nouveau support. Un lieu, un temps, une matrice réceptacle dans lesquels analyste et analysant vivent dans le cadre de la mitoyenneté cette expérience de sujet-enserrant/sujet-inséré, thème que l’article va continuer à développer. Ce concept de placenta, je l’ai ressenti dès l’origine de ma pratique sentant la grande demande d’exploiter le matériau des séances par l’ensemble des analysants.
Je ne m’attarderai pas sur la longue liste des expérimentations menées, toutes réalisées dans un cadre de bienveillance, et ce, en tenant compte du fait que nous ne disposions pas encore des outils technologiques contemporains, tels que l’usage des mails. Cependant, dès 1995, les supports technologiques étaient déjà présents, et il nous revenait de les structurer et de les intégrer dans nos pratiques analytiques.
Le placenta analytique : doit-on l’envisager comme un concept ou plutôt comme une topique ?
Le « placenta analytique » doit être considéré comme un concept dynamique qui vise à représenter une structure d’accueil, de soutien et de transformation pour l’analysant. En effet, il semble s’agir d’une métaphore complexe symbolisant l’environnement thérapeutique dans lequel l’analysant est « enveloppé » et nourri psychiquement, comme un fœtus dans un placenta biologique. Ce concept permet d’explorer la manière dont l’analysant est accompagné et progressivement « individualisé » au sein de cet environnement protecteur et structurant. Il s’agit bien de l’objet-enserrant/objet-enserré.
En envisageant le « placenta analytique » sous l’angle d’une topique, nous devons alors le penser en tant que cadre spatial ou environnement symbolique dans lequel opère le processus analytique. Une topique psychanalytique, dans la tradition freudienne, se réfère souvent à une « carte » ou un « lieu » des processus psychiques. Appliqué au « placenta analytique », cela signifie un espace interne ou une zone psychique dans laquelle l’analysant interagit avec le contenu analytique, ses propres projections, et les modalités d’accompagnement.
Mais nous pouvons plus argumenter en faveur du fait que le « placenta analytique » s’inscrit plus naturellement comme un concept, singulièrement en raison de son rôle fonctionnel et métaphorique visant à envelopper et nourrir le processus d’individuation de l’analysant. Cependant, sous certains aspects, il doit être envisagé en tant que topique, si l’on considère cet espace comme un lieu psychique particulier dans la structure de l’appareil psychique de l’analysant, servant de médiation entre l’intérieur et l’extérieur, entre la dépendance et l’autonomisation. Car il s’agit bien d’une spatio-temporalité se déroulant hors du cadre du cabinet.
Nous apporterons des précisions ultérieures, mais il convient de souligner que l’espace conceptuel du « placenta analytique » se caractérise par une double dimension. D’une part, il repose sur l’enregistrement des séances de psychanalyse, une pratique inédite et généralement proscrite dans les autres écoles psychanalytiques, qui interdisent strictement ce procédé sans pour autant en expliciter pleinement les raisons. D’autre part, il inclut le « journal analytique », alimenté par les éléments perlaboratifs, émotionnels, les rêves et toutes les réflexions transmises via les mails. Ces deux supports seront examinés en profondeur dans cet article. Cependant, il est déjà possible de noter le rôle de « liant » qui relie le sujet analyste et le sujet analysant. Ces outils, introduits de manière tangible dans le cadre de la cure analytique, enveloppent et alimentent le processus analytique, offrant un espace propice à une élaboration continue et à un approfondissement de l’expérience thérapeutique.
Nous discernons de fait le lien entre les deux appellations :
- « placenta analytique »
- « d’objet-enserrant/objet-inséré »
Fondements théoriques pour une extension du travail analytique au-delà des séances en cabinet.
La psyché humaine, avec son cogitum, fonctionne de manière continue, sans interruption, de jour comme de nuit, tous les jours de la semaine. Elle ne dispose d’aucun « bouton d’arrêt ». Partant de la définition que j’ai développée de la psyché comme un « vaste maillage atemporel où chaque élément active l’ensemble », il serait illusoire de penser que l’exploration de cette complexité pourrait être accomplie par de simples visites au cabinet, une à trois fois par semaine. Il était donc nécessaire d’innover, de concevoir des plateformes interconnectées, permettant un espace d’échanges et de travail entre les séances avec le psychanalyste. C’est précisément dans ce cadre que prennent sens les fonctions du concept de « mitoyenneté« – décrit dans l’article précédent – et du « placenta analytique », dont cet article vise à clarifier les fondements. Un prochain article abordera plus en détail les interactions dynamiques entre ces concepts.
Ma démarche s’est toujours inscrite dans la recherche d’outils et de plateformes visant à prolonger et à amplifier la dynamique thérapeutique des séances psychanalytiques. L’analysant ne peut avancer seul dans un cadre domestique : l’auto-analyse se heurte en effet aux écueils de l’auto-complaisance, qu’elle soit excessive ou inexistante. Bien que nombreux soient ceux qui tiennent un journal intime, cette pratique, bien qu’utile, demeure trop générale et diffuse pour constituer une véritable approche psychanalytique. Inviter l’analysant à spéculer et à réfléchir entre les séances est malheureusement une pratique courante dans l’analyse classique, cependant, cette démarche s’avère souvent insuffisante. En effet, les analysants errent alors de lecture en conférences, s’imprégnant de matériaux souvent incompréhensibles et purement intellectuels, détachés de leurs vécus propres et intimes. Ces démarches, par conséquent, ne permettent guère l’émergence d’abréactions ou de perlaborations, éléments pourtant essentiels au processus analytique.
Ainsi, s’est élaboré progressivement en croisant concept et clinique la notion de placenta analytique qui est bien sûr interdépendante du concept de mitoyenneté.
Le choix du terme « placenta » :
Le placenta est un organe biologique essentiel dans la gestation, représentant une interface vitale entre la mère et l’enfant. Il assure la nutrition, la protection, et l’échange de substances sans contact direct entre les deux organismes. Transposé dans le cadre de la psychanalyse P.A.R., ce terme doit être utilisé de manière métaphorique pour symboliser un espace transitionnel entre l’analyste et l’analysant. Le placenta devient ici une métaphore du cadre analytique, offrant un espace de co-construction où les affects et les pensées inconscientes peuvent circuler et être transformés avant d’être intégrés par l’analysant.
De plus et surtout le placenta est un organe temporaire dans la gestation biologique. Cette temporalité se traduit dans le cadre de la cure analytique par le fait que le placenta analytique est une structure transitoire, un « médiateur » qui devra disparaître une fois que l’analysant est devenu plus autonome dans son processus psychique ; nous en verrons les modalités.
L’ancrage du concept dans le champ psychanalytique : Une exploration du rôle du placenta analytique dans l’élaboration des « mouvements inconscients »
Le terme « analytique » confère à ce concept une dimension intrinsèquement liée à la psychanalyse, en mettant en exergue son rôle crucial dans l’investigation des processus inconscients. Le placenta analytique, envisagé comme un espace supplémentaire historiquement absent, devient ainsi le lieu où les éléments refoulés ou méconnus bénéficient d’une « maturation » progressive, avant d’émerger à la conscience. Ce processus d’élaboration progressive met en lumière la fonction de l’analyste : à travers ce lieu transitionnel qu’est le placenta, il favorise la maturation et la révélation de contenus inconscients, dans une dynamique complexe de transfert et de contre-transfert.
Le fonctionnement psychique, lui, ne connaît aucune interruption : l’esprit demeure en activité continue, même durant le sommeil, comme en témoignent les rêves et le processus de réajustement des expériences vécues en journée. Dans ce contexte, les courriels représentent une plateforme précieuse, permettant de capter et de rassembler un large éventail de pensées, d’humeurs, de réflexions approfondies, ainsi que des analyses tirées des enregistrements des séances, sur lesquels nous reviendrons ultérieurement.
Cette nouvelle plateforme, ce nouvel espace permettent d’introduire la notion de perlaboration autogène, car l’analysant en y notant tout ce matériau se présente en posture d’observateur de lui-même de fait quitte la posture de victime par cette capacité à s’observer objet/sujet de lui-même. Je ne suis plus l’expression de ma peine, car je suis un sujet capable d’observation et d’évaluation de moi-même. Nous amorçons ainsi par ce nouvel espace outils une dynamique jusque-là inconnue. Les narrations qui y seront déposées sont multiples les humeurs, les états d’âme les comportements les calages ou décalages ente l’idée d’être et la réalité de soi-même.
Ainsi émerge, de manière spontanée et sans contrainte, la notion de « moi intime ». Qui suis-je réellement ? Qu’est-ce qui me définit et me nourrit ? Pour reprendre la pensée de Spinoza, l’homme connaissant la cause de ce qui l’affecte est mieux à même de déterminer ses choix. Cette prise de conscience introspective favorise une autodétermination éclairée, ancrée dans une connaissance profonde des mécanismes intérieurs qui structurent le sujet.
Un autre article le précisera, mais le Moi intime a toujours été présent il apparaît dès l’apparition du butyrum, dès le départ de l’activité neuro-électrique, dès que le fœtus sent, ressent et mémorise. Il réagit aux stimuli et réagit en s’adaptant. Le moi intime bien sûr n’est pas pensant. D’ailleurs à ce sujet comment dissocier que la pensée réelle ne peut être dissociée du langage. En ce sens une partie de l’approche de Lacan peut être intéressante entez le signifiant et le signifié. Plus le langage apparaîtra tôt et mieux il sera structuré, et plus le Moi intime deviendra rapidement conscient.
Le Moi freudien présente ce défaut d’être comme un ring soumis aux impulsons du Ça et aux interdictions du Surmoi. Ce qui va différencier le Moi intime c’est qu’à la différence du Freudien il est autonome par sa capacité objective d’évaluation.
Cette dimension analytique totalement nouvelle se distingue d’une simple présence symbolique, car elle met l’accent sur une nouvelle plateforme d’action de transformation, de filtration et de transmission. Le placenta analytique est actif dans le traitement de toute l’information consciente et inconsciente, de fait cet espace n’est pas seulement un contenant passif, mais un médiateur dynamique des processus psychiques en cours.
Une totale cohérence avec la tradition psychanalytique :
Face à l’ensemble de la tradition psychanalytique, le concept de placenta analytique trouve sa place par sa singularité, mais aussi par son lien avec des figures telles que Bion (qui parle de la transformation du contenu inconscient) ou Lacan (avec la notion de « grande Autre » comme espace de médiation symbolique). J’ai évoqué le concept des deux grands Autres que sont le père et la mère le placenta analytique est ces deux grands autres le placenta analytique se distingue de ces autres concepts par l’importance qu’il accorde à la co-construction du processus analytique, tout en reconnaissant la temporalité et la spatialité psychiques que le cadre thérapeutique met en jeu.
Dans la tradition psychanalytique, des concepts similaires peuvent être retrouvés, comme le holding chez Winnicott, qui fait référence à une fonction de « soutien » que l’analyste offre au patient, permettant à ce dernier de se développer dans un environnement « sécurisé ». Mais Winnicott n’a jamais réellement défini ce qui n’est reste qu’une intention et un concept. Le placenta pourrait ainsi être envisagé comme un prolongement de cette idée, mais dans une optique plus centrée sur la transformation et l’échange inconscient mutuel.
Il s’agit d’une rupture avec l’empirisme :
Il est utile d’insister sur l’aspect novateur de ce concept qui rompt avec les cadres empiriques des autres méthodes psychanalytiques. Par ce fait, le placenta analytique devient alors une structure rassurante mais fluide permettant d’enserrer l’expérience subjective dans une cure dynamique, où là l’ensemble de la psyché est accueilli et élaboré dans un espace co-construit et continuellement en mouvement.
En développant ces points, nous démontrons que le concept de placenta analytique articule une métaphore biologique et un cadre analytique, tout en offrant une nouvelle compréhension de l’espace et du temps psychiques, dans la continuité et au-delà des apports psychanalytiques traditionnels.
Un cadre nouveau, un support dynamique au service de la cure.
Dans cette perspective où « le psychisme est un vaste maillage atemporel dans lequel toit active tout présent et passé conscient et inconscient », il devient essentiel de maintenir une continuité dans le processus analytique. Dans le cadre traditionnel de la psychanalyse classique, l’analysant est souvent laissé seul avec ses propres questionnements, recherchant des réponses à travers des lectures, des conférences, et des séminaires. Ces activités, bien qu’intellectuellement stimulantes, ne lui apportent que peu de bénéfices directs sur le plan de la progression analytique. L’analysant est donc isolé dans une démarche intellectuelle et spéculative, où les émotions peuvent être déclenchées, mais sans la structuration nécessaire pour en faire des éléments significatifs du processus thérapeutique comme les abréactions, puis les perlaborations.
Dans cette approche, ces émotions, bien qu’intenses, n’ont aucune utilité thérapeutique en elles-mêmes, car elles ne favorisent pas l’élaboration de liens introspectifs profonds, ni l’activation de processus abréactifs.
Nous proposons à l’analysant un espace de co-construction dans lequel il est conscient de la présence active de l’analyste, ne serait-ce que comme lecteur attentif des productions consignées dans ce « journal analytique ». Ce dispositif lui confère un cadre introspectif et analytique, disponible à tout moment, de jour comme de nuit. De la sorte, nous générons et intensifions le cadre transférentiel, permettant à l’analysant de verbaliser ses émotions, ses désaccords ou son admiration vis-à-vis de l’évolution de son parcours analytique. Ce journal lui offre une liberté d’expression et un relâchement émotionnel qu’il n’aurait peut-être pas atteints au sein du cabinet de l’analyste, où l’asymétrie de la relation peut parfois freiner l’authenticité des échanges. En effet, l’espace du cabinet est traditionnellement celui du psychanalyste, alors qu’ici, nous incitons l’analysant à transférer et à prolonger une partie de son travail analytique dans un cadre personnel, mais toujours en relation avec le processus thérapeutique.
Nombreux sont les analysants qui, dans cet espace alternatif, parviennent à exprimer librement et sans retenue leurs ressentis vis-à-vis de leur psychanalyste, ou encore à confier des états d’âme, des attitudes marquées par la honte, la gêne ou la pudeur. Cette forme d’expression serait difficilement accessible, voire impossible, dans le cadre du cabinet. Bien qu’un tel dévoilement puisse devenir possible pour certains après une longue période d’analyse, cela demeure incertain. En effet, il est bien connu que l’évocation de territoires douloureux, peu flatteurs ou honteux peut, paradoxalement, renforcer le refoulement. De surcroît, la conscience, soulagée d’avoir simplement formulé qu’il existe un sujet à explorer, peut, par un mécanisme d’autosuffisance, considérer le travail accompli, alors même qu’il n’a été qu’effleuré.
Dynamique fonctionnelle du placenta analytique en psychanalyse
Il convient de préciser que ce cadre est non seulement institutionnalisé, mais également introduit et explicité dès les premières étapes de la cure, afin de favoriser une transition rapide de l’état de « victime » à celui de « sujet responsable ». En effet, dans de nombreuses pratiques psychanalytiques classiques, l’analysant est souvent maintenu dans une posture de victime, dans laquelle le rôle du thérapeute se réduit à une écoute empathique de la souffrance. En revanche, dans la psychanalyse P.A.R., l’objectif est de fournir à l’analysant les outils nécessaires pour dépasser cette souffrance, le journal analytique jouant ici le rôle d’un exutoire manifeste. Ce dispositif vise également à promouvoir une autonomisation de l’analysant, l’accompagnant dans un processus d’individuation qui, dans bien des cas, n’avait pas pleinement abouti, le laissant dépendant de tiers ou de systèmes externes.
Dès la première rencontre, tout est mis en œuvre pour placer le futur analysant dans des conditions optimales d’immersion psychanalytique. Un manuel didactique et condensé lui est remis, comprenant une présentation de la méthodologie dans une version accessible à ce stade initial. L’analysant est ainsi informé dès le début qu’il s’engage dans une démarche dynamique et novatrice, vécue comme un parcours immersif à visée nécessairement productive. Nous l’orientons rapidement vers une posture de responsabilité individuelle, en évitant scrupuleusement le piège de le maintenir dans un statut de « victime », qui ne ferait que le conduire à élaborer des discours justificatifs de sa condition. Or, nous savons que cette approche purement explicative demeure non thérapeutique.
Le concept « d’objet-enserrant/objet-enserré » repose sur des similitudes structurelles significatives. Dans ce cadre, « l’objet-enserrant » représente le processus analytique en lui-même, englobant et structurant l’expérience de l’analysant. Quant à « l’objet-enserré », il incarne la bienveillance et l’accompagnement auxquels l’analysant aspire, une dimension du cadre psychanalytique qui, à un niveau de profondeur unique, n’est procurée que par la P.A.R. Ce dispositif dynamique permet ainsi à l’objet-enserrant/objet-enserré de se transcender progressivement pour aboutir à un « sujet individué », marquant l’aboutissement du processus d’individuation.
La finalité du travail analytique est atteinte lorsque le sujet, devenu « pleinement individué », a intégré pleinement le processus d’individuation. À ce stade, les résidus matriciels qui subsistent se désagrégeront progressivement, à l’image d’un placenta biologique qui, privé de sa source d’alimentation, se dissout. Ce processus de désagrégation conduit alors à une libération et à un sevrage progressif, qui constitue une véritable « délivrance matricielle ». L’achèvement de cette dynamique permet ainsi à l’analysant de parvenir à une autonomie authentique, marquant la fin du lien de dépendance avec le cadre analytique.
L’analysant aura quitté cette matrice primordiale ce bain initial et archétypal et matriciel dans lequel la démarche va le mettre dès le départ activant ainsi toutes ces matrices archétypales de façon à activer toutes les émergences les plus refoulées.
L’analysant sera ainsi conduit à quitter cette matrice primordiale, ce bain originel, archétypal et matriciel, dans lequel la démarche analytique l’a immergé dès le début du processus. Ce cadre d’immersion avait activé les matrices archétypales fondamentales, favorisant ainsi l’émergence des contenus psychiques les plus profondément refoulés.
Le concept de placenta analytique a ainsi permis de recréer de manière symbolique et métaphorique un environnement rappelant la matrice originelle. L’analysant, dès les premières séances, perçoit le lien et la cohésion qui se forment progressivement entre lui et le thérapeute, lien qu’il transpose immédiatement dans le cadre de son propre usage analytique. Cette dynamique lui permet de réécouter la première séance, puis de « plonger » dans les premières pages du journal analytique.
Approfondir l’enveloppement intégral de l’individu pour optimaliser son processus d’individuation.
Il apparaît que nous activons des composantes du lien transférentiel, notamment à travers la manière dont l’analysant s’approprie cette nouvelle possibilité, cette extension de cadre qui lui est offerte. Bien qu’il soit préparé par un ensemble d’informations didactiques et pédagogiques, ce qui lui est proposé constitue avant tout une plateforme, un support à partir duquel il va pouvoir œuvrer. Dès lors, il convient d’observer comment et selon quelles modalités cela devient un terrain propice aux premières manifestations du transfert et à l’expansion des possibilités de ce cadre transférentiel.
Observons les deux extensions possibles du cadre transférentiel :
- Les obstacles liés au rapport avec le cadre proposé
- Appliquer à la lettre les recommandations préconisées
- Refuser l’écoute
- Refuser l’usage des mails
- De toute bonnes foi argumentant d’un agenda saturé
- Avec toutes les formes de détournements
- La nature des messages déposés.
- Des réflexions et observations liées en instantané à l’écoute des séances ce qui serait impossible si cela devait se faire au cabinet.
- Un effet feedback simple et naturel effectué dans un environnement familier pour l’analysant dans son salon, son fauteuil au bureau à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. L’autonomie est maximale.
- La spontanéité dès la captation de ses propres observations telles que sa façon de parler de marcher de se comporter ce qui introduit la perlaboration autogène.
- De développer cette faculté de faire un arrêt sur image : « que suis-je en train de faire ? », « que ressens-je ? ».
- D’y déposer des constructions intellectuelles beaucoup plus vastes comme des réflexions personnelles, des réflexions provoquées par des lectures des émissions de séminaire, peur importe d’ailleurs que cela soit ou non en lien direct avec l’actualité de séances, car ces réflexions sont l’analysant lui-même.
- Et puis bien sur tout ce qui sera accumulé contre le psy si cela se présente et si cela entre bien dans le cadre transférentiel au psy d’avoir la capacité à évaluer s’il a commis une erreur dans son propre contre-transfert.
- Alors là, la boite de Pandore est ouverte, car tout peut être dit, théoriquement dans le cadre de la bienséance et dans le cadre d’une action thérapeutique avec le respect mutuel auquel cela oblige… Mais jusqu’où combien n’ont-ils point pesté sur le divan voulant insulter, gifler le psy et ont tout refoulé et mettront des années à éventuellement l’évoquer. Ici, c’est du direct.
Un prochain article va venir développer à partir de clinique l’ensemble des usages possibles de ce placenta. Comment exposer les différents possibles de l’usage de l’exploitation de cette plateforme, de cet espace d’autant plus qu’il échappe à la tradition psychanalytique, ce qui d’ailleurs permet un champ de liberté beaucoup plus vaste à l’analysant qui n’a rien à comparer et qui se retrouve libre de son appropriation de ce nouveau process.
Cet usage sera bien évidemment un nouveau champ d’exploitation lors de la séance avec le psychanalyste sur de très nombreux sujets tels que le font, la nature des sujets évoqués, la forme le ton et la liberté de parole, le rythme d’utilisation. Les champs d’exploitation de ce nouvel espace thérapeutique sont énormes, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle d’autres écrits vont suivre.
Vers une exploration clinique des usages possibles du placenta analytique.
Un article à venir se consacrera au développement clinique de l’ensemble des usages possibles du concept de placenta analytique. En effet, comment appréhender les différentes potentialités offertes par cette plateforme transitionnelle, cet espace nouveau, d’autant plus qu’il échappe aux canons de la tradition psychanalytique ? Cette rupture ouvre un champ de libertés inédites pour l’analysant, qui n’a plus à se confronter à des références figées et peut s’approprier ce nouveau processus de manière autonome et personnelle.
- Une approche clinique pour éclairer les résistances et les nouvelles potentialités du placenta analytique.
À travers l’analyse clinique, nous examinerons les résistances propres à chaque sujet et les sources auxquelles elles peuvent être rattachées. L’observation clinique révélera une richesse inattendue de « confidences » déposées plus aisément dans cet espace transitionnel que sur le divan traditionnel. Seule une exploration clinique approfondie, illustrée par des cas concrets, pourra mettre en lumière les nouvelles fonctionnalités thérapeutiques et les potentialités qu’offre le concept de placenta analytique. C’est dans cette perspective clinique que le véritable potentiel de ce nouvel espace thérapeutique pourra être pleinement apprécié et mesuré. »
Pour conclure cet article de manière synthétique et percutante, il est essentiel de souligner l’apport novateur du concept de « placenta analytique » au sein de la psychanalyse P.A.R., en le situant à la fois dans le contexte d’une psychanalyse classique, souvent perçue comme figée dans son cadre, et dans celui de la psychanalyse contemporaine qui n’est même plus en quête d’innovation et de dynamisme.
Conclusion provisoire, en attente de prolongations futures de cet article.
La psychanalyse classique, telle qu’initiée par Freud et poursuivie par ses successeurs, s’est longtemps fondée sur une temporalité restrictive et une approche statique du cadre analytique. L’espace de travail y est circonscrit aux séances en cabinet, et l’engagement de l’analysant se limite souvent à ce temps de présence physique, où le transfert est essentiellement contenu dans l’espace de la rencontre directe avec l’analyste. Ce modèle, bien que fondateur, peut apparaître insuffisant face aux dynamiques complexes de l’individuation et de la subjectivation modernes, qui nécessitent une implication plus continue et une résonance au-delà du simple cadre du divan.
Le concept de « placenta analytique » marque une véritable rupture dans le champ de la psychanalyse en offrant une approche révolutionnaire de l’accompagnement thérapeutique. Là où la psychanalyse classique demeure figée dans un cadre restrictif de séances en cabinet, avec un transfert limité au temps de présence physique de l’analysant, la psychanalyse P.A.R. introduit une dynamique profondément immersive et continue. Le « placenta analytique » constitue bien plus qu’une simple extension du cadre ; il est une véritable enveloppe psychique, un espace symbolique qui entoure l’analysant et lui permet de s’immerger de manière active et engageante dans le processus analytique, même en dehors des séances.
Cette innovation repose sur l’idée que l’analysant peut être maintenu dans une matrice de réflexion et de travail entre les séances, par l’usage de supports comme le journal analytique et les échanges encadrés par mail. Cela transforme radicalement l’expérience analytique en faisant de l’analysant un acteur autonome et responsable de son propre processus d’individuation. Dans ce contexte, le « placenta analytique » ne constitue pas seulement un espace de soutien, mais un dispositif vivant, qui favorise l’émergence et la libération de l’individu, offrant ainsi une véritable délivrance matricielle.
En intégrant cette matrice symbolique, la psychanalyse P.A.R. rompt avec le rapport de subordination parfois inhérent à la pratique classique, où l’analysant est souvent figé dans un statut de dépendance vis-à-vis de l’analyste. Le « placenta analytique » redéfinit le transfert en lui offrant un espace d’élaboration permanent, ce qui non seulement intensifie le travail thérapeutique, mais permet également une autonomisation progressive de l’analysant. C’est donc une psychanalyse active, mouvante, qui s’affranchit des limitations traditionnelles pour instaurer une véritable alliance thérapeutique.
Ainsi, le « placenta analytique » incarne une avancée révolutionnaire dans la pratique psychanalytique. En intégrant la continuité, l’interaction active, et l’individuation, il permet de renouveler l’essence même de la cure, offrant à la psychanalyse un avenir résolument dynamique et adapté aux besoins d’une époque où l’implication personnelle et la responsabilisation de l’individu deviennent centrales.
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