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S.FREUDS.FERENCZI

Jacques Rivalin

Psychanalyste à Nantes - Psychothérapeute à Nantes - Psychothérapie à Nantes
Président de l'Institut Français de Psychanalyse P.A.R

Psychanalyste à Nantes

Psychothérapeute à Nantes

Psychothérapie à Nantes
Président de l'Institut Français de Psychanalyse P.A.R

Jacques Rivalin

Psychanalyste à Nantes - Psychothérapeute à Nantes - Psychothérapie à Nantes
Président de l'Institut Français de Psychanalyse P.A.R

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Articles et brèves de Jacques Rivalin, abordant de très nombreux thèmes philosophiques et métaphysiques sur le développement conceptuel de la P.A.R et la présentation de tranches de vie philosophiques.

Intuition et dimension prédictive dans le cadre du Moi intime en (P.A.R.)

Moi intime et perlaboration autogène

Dans mes travaux sur la psychanalyse P.A.R., j’ai défini le Moi intime comme une instance précoce, intrinsèquement dotée d’une capacité de discernement et d’une aptitude à la perlaboration autogène. Dans cette démarche j’y associe la question des perceptions préconscientes et des intuitions, c’est-à-dire ces résonances qu’éprouve l’analysant avant même toute mise en mots consciente. Le défi consistera alors à différencier :

  1. Ce qui relève d’une perception « non verbalisée » (signal authentique émanant du Moi intime ou de la mémoire implicite)
  2. Ce qui relève d’une projection de l’inconscient (fantasmagorie ou reconstruction paranoïaque prise pour une « vérité »)

Dans ce cadre et plus spécifiquement en lien avec les définitions et caractéristiques du Moi intime et de la perlaboration autogène, il est utile de distinguer deux registres phénoménologiques souvent confondus : le senti et le ressenti.

Définition du senti :

Le senti désigne la donnée sensorielle première, c’est-à-dire l’impression immédiate issue des organes perceptifs ou des récepteurs corporels avant qu’elle ne soit structurée cognitivement ou affectivement.

Les caractéristiques du senti :

  • Une immédiateté préconsciente : le senti survient en amont de toute réflexion ou conceptualisation. Il s’agit d’une information brute, non encore intégrée dans un cadre sémantique ou symbolique.
  • Une origine somatique et sensorielle : il prend sa source dans la stimulation des récepteurs (peau, muscles, viscères), ou des canaux sensoriels (vue, ouïe, odorat, goût), et se manifeste sous la forme d’une qualité sensorielle non filtrée (ex. : la perception d’une tension musculaire, d’une variation de température, d’un signal auditif indistinct).
  • Un rôle dans la perlaboration autogène : dans la perspective P.A.R., le senti constitue l’élément de base que le Moi intime capte pour opérer sa perlaboration : c’est la « matière première » sur laquelle se fonde ensuite l’évaluation réflexive.

Définition du ressenti :

Par contraste, le ressenti relève d’une intégration post-perceptive, c’est-à-dire de la prise de conscience, partielle ou totale, de ces données sensorielles (le senti), assortie d’une coloration affective et parfois cognitive.

Les caractéristiques du ressenti :

  • Une intégration subjective : le ressenti est la conscience qu’a un sujet de son expérience sensorielle ; il implique une prise en charge par le Moi intime, qui donne à cette information une signification psychique et émotionnelle.
  • Une dimension affective : dès lors que le senti émerge dans la conscience, il se charge généralement d’un ton affectif (plaisir, malaise, anxiété, fascination), en fonction des expériences antérieures et des structures mémorielles implicites.
  • Une élaboration symbolique partielle : le ressenti peut entraîner une première mise en mots ou une symbolisation minimale : même si le sujet ne formule pas immédiatement un discours complet, il est parfois capable de dire « je me sens tendu » ou « j’ai une sensation d’urgence », ce qui reflète une première reconnaissance de l’affect associé.
  • Un rôle dans la perlaboration autogène : c’est au niveau du ressenti que le Moi intime décide d’initier une évaluation plus élaborée ; le ressenti constitue le point de départ d’une réflexion ultérieure (mise en mots, confrontation aux souvenirs, vérification externe).

Observons les Articulation senti / ressenti dans la méthodologie P.A.R

Phase initiale : captation du senti

  • Le sujet, souvent à son insu, reçoit un signal corporel(senti). Par exemple, une contraction musculaire ou une brève montée d’adrénaline survient sans qu’il l’interprète immédiatement.
  • À ce stade, le Moi intime enregistre l’information, sans forcément la porter à la conscience. Cette captation est entièrement non réflexiveetnon verbalisée.

Activation du ressenti :

  • Lorsque le Moi intime détermine que le senti revêt une importance (malaise, discordance apparente), il fait remonter cette donnée en conscience, et le sujet en prend connaissance sous forme de ressenti.
  • Le ressenti se manifeste alors comme une prise de conscience corporelle : « j’éprouve une tension dans la poitrine », « je sens un nœud à l’estomac » ou « j’ai un sentiment d’oppression ».
  • Cette étape correspond à l’inflexion affective : le Moi intime ajoute une tonalité subjective au simple signal sensoriel.

La perlaboration autogène permet la distinction des états. Une fois le ressenti activé, le Moi intime initie le processus de perlaboration autogène :

  • Par une observation fine du ressenti, où se situe-t-il dans le corps ? Quelle est son intensité ?
  • Par une Comparaison avec les traces mnésiques implicites (anciennes expériences corporelles analogues).
  • Par une évaluation de la pertinence de ce ressenti dans la situation présente (danger réel vs. projection névrotique).

Cette perlaboration permet alors de différencier:

  • Les ressentis légitimes (le senti initial correspond effectivement à un élément environnemental ou somatique objectif).
  • Les projections (le ressenti est généré à partir d’un schéma interne névrotique ou paranoïaque, sans corrélation factuelle).

Au sein de la psychanalyse P.A.R., le senti constitue la donnée sensorielle brute qui, lorsqu’elle est remontée en conscience, devient un ressenti riche d’une coloration affective. Le passage du senti au ressenti est l’étape inaugurale de la perlaboration autogène, processus par lequel le Moi intime évalue en permanence la légitimité de ses perceptions. Discerner avec acuité le ressenti « authentique » du ressenti « projeté » représente l’enjeu majeur d’une démarche qui, par l’entraînement et la supervision analytique, vise à renforcer la lucidité interne et l’autonomie psychique du sujet.

Mais le ressenti est-il juste ou s’agit-il de déformation projective plus ou moins névrotiques ou psychotiques ? C’est ce que nous allons explorer dans cet article.

Cette étude se propose de clarifier les interactions entre le Moi intime et les perceptions autogènes. La perlaboration autogène y est définie comme la capacité à s’auto-évaluer en temps réel avec un haut degré de lucidité. Toutefois, cette pratique demeure ardue pour la plupart des individus, qui ne sont familiarisés à cet exercice qu’à travers leur analyse P.A.R., aucune autre approche ne les préparant suffisamment à cette démarche.

La perlaboration autogène, associée à l’émergence du Moi intime, se manifeste « théoriquement » dès la petite enfance, moment où apparaissent les capacités d’observation, de comparaison et d’évaluation par analogie. Cette étape se situe aux alentours de trois ans et devient pleinement opérationnelle à partir de six ans, lorsque la pensée linguistique gagne en maturité et que la projection temporelle s’installe. Cependant, l’éducation parentale traditionnelle ne prépare guère les parents à ce type de processus, ceux-ci ne l’ayant généralement jamais expérimenté eux-mêmes. C’est donc au travers de leur propre expérience dans le cadre d’une analyse P.A.R. qu’ils sont conduits à découvrir et à construire cette démarche éducative.

La capacité d’auto-évaluation se heurte souvent à des préconceptions, dans la mesure où la majorité des individus s’estiment posséder une représentation fidèle d’eux-mêmes, tant dans leur globalité que dans leurs postures à un instant donné. Pourtant, il n’existe rien de plus fallacieux que cette idée auto-proclamée de soi. J’ai d’ailleurs abordé ce sujet dans mon article intitulé « L’identité ». La représentation que nous avons de nous-mêmes demeure nécessairement subjective ; cela n’exclut pas, cependant, la possibilité de développer une démarche objective. Or, la plupart des personnes s’en tiennent à des présupposés issus le plus souvent d’images qui leur ont été attribuées de façon variée, notamment par les parents, la famille et l’institution scolaire.

L’enfant, en tant qu’agent psychique en développement, il est psychologiquement, comme nous le savons une véritable éponge, et il intègre de manière quasi automatique l’ensemble des projections extérieures, qu’elles soient valorisantes ou dévalorisantes, en les assimilant à des vérités immuables. Ainsi, à l’âge adulte, si l’individu a été conforté dans un sentiment d’omnipotence fondé sur ces retours externes, il ne remettra guère en question la légitimité de ces représentations internalisées. Il devient dès lors difficile de distinguer la réalité subjective propre de celle qui lui a été imposée par autrui. Se pose alors la question du degré de lucidité dont dispose cet adulte pour exercer une auto-évaluation critique et discerner sa réalité interne de l’influence des projections extérieures.

La perlaboration apparait rapidement dans la démarche P.A.R et est souvent couplée à un moment de grande liberté. Cette perlaboration est couplée à la découverte du Moi intime et à sa réappropriation. Comment dans cette capacité à s’évaluer en permanence, et il s’agit bien là d’un réflexe et non d’un exercice, faire la différence entre un ressenti et ce que l’on nomme une illusions ?
D’ailleurs, l’illusion existe-t-elle réellement où se situe t’elle entre la réalité et les projections névrotique et pire paranoïaques ?

La perlaboration émerge rapidement dans la démarche P.A.R. et s’accompagne généralement d’un sentiment accru de liberté : elle s’articule avec la découverte progressive du Moi intime et le processus de réappropriation de celui-ci. Toutefois, dès lors que cette auto-évaluation constante devient un véritable réflexe, et non simplement un exercice ponctuel, se pose la question de la distinction entre le « ressenti » authentique et ce que l’on désigne sous le terme d’« illusion ». En effet, la notion même d’illusion mérite d’être interrogée : se situe-t-elle seulement en marge de la réalité, ou faut-il la comprendre comme un comme un point de rencontre ambigu entre la réalité objective et les projections névrotiques, voire paranoïaques ?

Le présent article vise à clarifier la distinction essentielle entre la réalité objective d’une part, et les projections névrotiques ou psychotiques d’autre part, à travers plusieurs axes de développement. Dans un premier temps, nous examinerons les définitions du concept de butyrum :

Dans le cadre de la psychanalyse P.A.R, le Moi intime prend racine dans ce que j’ai conceptualisé : le butyrum. Ce concept de « butyrum », tel qu’introduit dans la psychanalyse P.A.R., est conçu comme une topique au sens freudien, c’est-à-dire une structure spatiale ou un lieu symbolique de l’appareil psychique. Le butyrum est une instance hybride fondamentale : à la fois un lieu et une fonctionnalité où se constitue une ‘soupe’ primordiale. Dans cet espace convergent les éléments constitutifs de l’être humain : le biotype (ensemble des caractéristiques biologiques et physiologiques), les gènes, l’activité neuronale et ce que l’on pourrait appeler ‘l’âme’, reflet d’une intériorité pure et non fragmentée, irréductible aux seuls éléments biologiques.

Cette topique du « butyrum » constitue ainsi un espace psychique fondamental dans lequel s’enracinent les premières traces de l’individuation et du Moi intime.

Ainsi le Moi intime, dans cette perspective, prend donc sa forme, son essence au sein de ce « butyrum » en tant qu’entité émergente, résultant des interactions entre la biologie, la génétique, les dynamiques neuronales précoces, et les dimensions plus spirituelles ou existentielles de l’individu.

Cette conceptualisation ouvre des pistes pour comprendre comment les aspects biologiques, psychologiques et spirituels de l’être sont enchevêtrés dès les premières étapes de la vie, avant même la naissance, et comment ce lieu originel qu’est le « butyrum » influe sur la formation du Moi intime. En cela, le « butyrum » se distingue des topiques classiques de la psychanalyse freudienne, en intégrant des dimensions qui ne se limitent pas au biologique ou au psychique, mais qui englobent un spectre plus large de l’expérience humaine et de la subjectivité.

Le butyrum est une instance hybride fondamentale, à la fois un lieu et une fonctionnalité

Pour compléter le déroulement de la démonstration que pouvons-nous dire de l’intuition ?

Est-ce que l’intuition existe au sens « scientifique » du terme ?

Pourquoi parler de l’intuition ? Les grandes lignes de la psychologie en disent qu’il s’agit d’une forme de connaissance immédiate qui ne recourt pas au raisonnement. Ainsi peut-on comprendre par intuition ? l’intuition est un sentiment ou une conviction de ce qu’on ne peut vérifier, de ce qui n’existe pas encore.

Poursuivons en exposant les grandes lignes du concept d’intuition. L’intuition se caractérise par son immédiateté, dans la mesure où elle apparaît fonctionner sans recourir à un raisonnement discursif, et elle est le plus souvent décrite comme un processus inconscient : seule sa conclusion est accessible à la conscience. L’intuition ne procède donc pas par déduction au sens classique ; elle n’est jamais une inférence consciente. Il s’agit plutôt d’une modalité perceptive spontanée, par laquelle l’individu manifeste une certitude sans s’appuyer sur des données empiriques.

Par ailleurs, l’intuition se manifeste souvent sous la forme d’une conviction immédiate quant à la véracité ou à la fausseté d’une proposition, conviction d’autant plus marquée qu’il est généralement difficile d’en justifier la pertinence de manière explicite. Par exemple, un individu peut avoir la certitude que telle idée, telle action ou tel sentiment est approprié, sans pouvoir en expliciter la raison. Toutefois, il est fréquemment possible de fournir, a posteriori, une justification rationnelle à cette intuition. Dès lors, l’intuition peut jouer un rôle significatif dans le processus des découvertes scientifiques. En outre, on admet qu’elle peut se révéler pertinente et suffisante dans le cadre de la vie quotidienne d’un individu, tout en reconnaissant qu’elle demeure, en elle-même, dépourvue de la rigueur nécessaire pour satisfaire aux exigences méthodologiques de la recherche scientifique.

Le fonctionnement de l’intuition peut être décrit ainsi : une situation fournit un indice qui permet à l’expert d’accéder à une information déjà consolidée dans sa mémoire, et cette information, à son tour, lui fournit immédiatement la réponse. Autrement dit, l’intuition repose essentiellement sur un processus de reconnaissance.

Mais nous voyons que ces définitions ne sont que relatives, ne reposant sur rien d’autres que du subjectif et c’est ce que nous allons continuer à développer dans cet article.

Continuons à définir et situer les phénomènes perceptifs du Moi intime.

Pour cela observons les perception préconsciente vs les projection paranoïaque, car il est important de comprendre et définir l’idée la notion de perception pour la confronter à ce qui relève de ma projection paranoïaque.

La perception « préconsciente » :

  • Émerge du Moi intime primitif, construit sur des traces de mémoire implicite et des processus neuronaux précoces (fœtus, nourrisson).
  • Se manifeste par des intuitions ou des « émotions de certitude » qui précèdent toute symbolisation verbale.
  • Se caractérise par un sentiment de « véridicité interne » : l’analysant a l’impression que cette information vient de quelque chose de fondamental, sans savoir encore la mettre en mots.

La projection paranoïaque :

  • Provient d’une déformation active par le Exotype ou l’Endotype ; l’inconscient crée un récit où des pensées ou des affects (peur, suspicion) sont attribués à l’autre.
  • Le sujet construit une réalité paranoïaque : l’« intuition » est en réalité un scénario fantasmatique qu’il prend pour la vérité.
  • Se repère par un glissement : la perception cesse d’être plausible (aucune vérification intersubjective n’est possible) et devient un discours autogénérateur de la terreur intérieure.

Observons le rôle du Moi intime comme « capteur » et « filtre »

Le Moi intime est né de la confluence de l’endotype (constitution biologique/physiologique), des données épigénétiques (influences prénatales et périnatal), et des premières connections neuronales. Il « réside » et « exerce » dans un lieu symbolique (butyrum) où se consolident l’ensemble des impressions sensorielles. De fait le Moi intime sert à la fois d’instance de « reconnaissance » et de détection d’incongruences internes.

Ainsi nous pouvons observer ces processus :

  • Lorsqu’une perception (sonore, visuelle, cinesthésique) se présente, le Moi intime la compare automatiquement aux règles internes (mémoires implicites et perlaboration autogène).

Ainsi :

  • Si l’élément perçu s’inscrit dans le continuum mémoriel (par exemple un visage connu, un son familier) : l’intuition est jugée fiable.
  • Si l’élément perçu ne correspond à aucune attente interne : le Moi intime produit une zone d’alerte ; la perlaboration autogène travaille à intégrer ou rejeter l’information.

Quels sont les critères de démarcation : comment valider l’intuition authentique ?

Observons les process de validation intersubjective et de vérification contextuelle, car toute perception préconsciente fiable doit pouvoir, après verbalisation, être corrélée à un élément observable :

  • Exemple : une personne ressent « une présence sombre » derrière la porte. Si, en ouvrant, on découvre un objet noir inhabituel, la perception initiale était une intuition justifiée.
  • En revanche, si le ressenti se révèle sans rapport (pas de présence, pas de danger), il s’agit probablement d’une projection issue d’un scénario interne paranoïaque.

S’effectuera alors une mise en perspective historique qui consistera à confronter la perception aux souvenirs implicites, ainsi :

  • Le Moi intime intègrera ces souvenirs pour orienter le geste ou la réflexion.
  • De même plus les traces mémorielles, même inconscientes, auront été perlaborées (c’est-à-dire évaluées avec lucidités), plus l’intuition aura de chances d’être fiable.

Il nous faut observer le lien entre la qualité affective et le degré d’anxiété.

La perception autogène suscite souvent une sensation neutre à modérément intense, mais pas nécessairement une angoisse paralysante. Ainsi l’analysant « sentira que quelque chose cloche », sans être submergé.

Alors que la Projection paranoïaque s’accompagne d’un pic d’anxiété disproportionné, voire d’une terreur diffuse. Ainsi nous pourrons observer que, si la perception s’accompagne d’un sentiment d’urgence irrationnel (ex. « On veut me nuire »), ce sera un signe que l’inconscient orchestre une défense paranoïaque, et non que le Moi intime signale un danger réel.

Processus de perlaboration autogène

Ainsi nous comprenons que le Moi intime, à la différence du Moi freudien, utilise naturellement et spontanément la perlaboration autogène pour tester mentalement l’information. Il s’agit d’un éclairement intérieur constant : l’analysant prêt à formuler l’intuition, la laissera alors « infuser » dans le champ mental. Nous assisterons à un retour sur la sensation par la mise en mots progressive, même fragmentaires, on vérifie si la perception se stabilise ou se délite. Par cette Approche multisensorielle l’individu associera la sensation initiale à d’autres canaux (sons, images, gestes) pour confirmer ou infirmer. Apparaitra ainsi une décision d’acceptation ou de rejet. Si la perlaboration converge vers une cohérence interne (tout élément rattachement à mémoires implicites), l’intuition est validée. Sinon, elle sera classée comme projection paranoïaque et écartée.

Nous concevons de ce fait qu’un enfant chez qui l’éducation aura permis cette appropriation des process du Moi intime dès le plus jeune âge possèdera ces facultés de discernement, amenant à la meilleure lucidité des choix

Liens avec la théorie P.A.R. et perspectives de recherche sur le rôle central du butyrum

Nous savons que dans la topique P.A.R., le Butyrum est ce lieu symbolique où se crée la « soupe primordiale » réunissant biotype, gènes, activité neuronale et dimension « âme ». Le postulat est que c’est précisément dans le Butyrum que s’amorcent les perceptions préverbales du Moi intime. Car dans ce « domaine fondamental », toute impression sensorielle (son, lumière, odorat) s’imprègne d’une valeur « intime » avant toute élaboration consciente. Ainsi nous savons que les mécanismes épigénétiques (facteurs nutritionnels, environnement prénatal) influencent la qualité de cette « soupe » et déterminent la sensibilité du Moi intime aux signaux préconscients.

En guise de synthèse introductive

Nous pourrons affirmer que le Moi intime P.A.R se manifeste comme un centre d’unification des premiers signaux sensoriels et mnésiques, capable de perlaborations autogène et endogène automatique, qui serons devenus des réflexes comportementaux.

Car distinguer perception préconsciente (intuition) et projection paranoïaque exige des critères intersubjectifs : vérification extérieure, cohérence factuelle, des critères affectifs : intensité modérée de l’émotion contre une angoisse disproportionnée, ceci avec un processus de perlaboration s’appuyant sur la mise en mots progressive et la validation contextuelle.

Ce sera donc le butyrum qui occupera cette place clé, le champ d’émergence des intuitions précoces, inhérentes à la constitution génétique/épigénétique et à l’activité neuronale.

Comment poursuivre l’auto-évaluation de la perlaboration autogène ?

En séance d’analyse P.A.R.

  • En entraînant l’analysant à repérer la transition du senti au ressenti : en invitant à porter attention à la localisation corporelle du malaise, à sa forme, à sa dynamique (pulsation, tension continue, pic soudain).
  • En encourageant la verbalisation progressive : du simple ressenti corporel (« je sens une tension ») jusqu’à l’expression d’une première hypothèse (« pourquoi cette tension ? »).
  • En utilisant des protocoles de vérification : confronter le ressenti à des éléments externes (écouter le rythme cardiaque, vérifier les signes vitaux, observer l’environnement) pour discriminer les origines possibles du senti.

En dehors des séances, en développant la lucidité du Moi intime.

  • L’objectif est d’affiner la capacité du Moi intime à repérer en amont les signes révélant une projection (angoisse fantasmatique) plutôt qu’un signal validé (dysfonctionnement organique, menace réelle).
  • Pour ce faire, on élabore un journal analytique des ressentis : consigner chaque ressenti, le contexte, la vérification ultérieure, et l’issue (confirmé ou invalidé).
  • On favorise la réflexion rétroactive : à distance, le patient relit ses notes pour observer la fiabilité de ses ressentis et ajuster les seuils de vigilance de son Moi intime.

L’objectif fondamental de la psychanalyse P.A.R. consiste en l’éradication du symptôme. Une compréhension purement intellectuelle de ses causes ou de ses origines ne contribue pas à cette fin et peut même renforcer la symptomatologie. Dans cette perspective, il est impératif d’éviter toute forme de dépendance de l’analysant à la cure analytique. Dès l’instauration du dispositif, un cadre structuré par des process spécifiques, tels que la mitoyenneté et le placenta analytique, est mis en place non pas pour maintenir l’analysant dans une relation d’assujettissement, mais pour lui conférer, dès le début, les moyens d’acquérir une véritable autonomie. Ces process visent avant tout à garantir que l’analysant développe progressivement son autonomie psychique sans être assujetti à son analyste.

L’une des premiers visées consiste à instaurer la perlaboration autogène, laquelle s’appuie, en amont, sur un processus d’abréaction destiné à libérer l’analysant de mécanismes pathogènes en épuisant les « piles mnésiques » négatives. Dès lors que ce travail de purification est engagé, la perlaboration autogène est associée, aussi tôt que possible, à la perlaboration endogène, processus par lequel sont élaborées des réponses psychiques adaptées, puis à la perlaboration exogène, qui concrétise ces réponses sous la forme de nouveaux réflexes comportementaux.

L’objectif consistera à conduire l’analysant, dans les meilleurs délais, à effectuer une auto-évaluation immédiate de ses perceptions et de ses processus cognitifs au sein de son environnement. Dans cette perspective, les données sensorielles primaires (senti) et leur intégration consciente (ressenti) sont systématiquement associées à la réflexion et à la construction du sens du vécu. Ce mécanisme, qui pourrait sembler requérir une élaboration complexe, se développe en réalité comme un réflexe de plus en plus performant, jusqu’à devenir un automatisme opérationnel au quotidien. À terme, l’analysant est ainsi en mesure, à tout instant, d’ajuster sa propre évaluation pour identifier les réponses les plus pertinentes, étayées par les ressources externes (exotype) mobilisées.

Grâce à la perlaboration autogène, l’analysant mobilise, expérimente et incarne le Moi intime, en lieu et place d’une représentation de soi fondée sur des certitudes, des doutes et des a priori.

Le Moi intime, comme évoqué précédemment, existe dès la conception, d’abord à un niveau inconscient, puis se manifeste au stade de la pensée via l’intégration des ressentis et les premières ébauches langagières. Cependant, rares sont ceux qui bénéficient d’un environnement éducatif favorisant l’apprentissage de l’auto-évaluation. En effet, les modalités pédagogiques, qu’elles soient parentales ou scolaires, demeurent essentiellement normatives et n’encouragent pas le développement de cette forme de libre arbitre. Par conséquent, peu d’enfants acquièrent les compétences nécessaires à une adaptation véritable (voir tableau des matrices de croissance).

Quid du senti, ressenti, intuition, pseudo intuition, pressentiment ?

Conclusions et perspectives conceptuelles

En synthèse, la psychanalyse P.A.R. vise avant tout l’éradication durable du symptôme, en plaçant au cœur de sa démarche le développement progressif de l’autonomie psychique de l’analysant. Cet objectif mobilise une série de processus successifs, abréaction, perlaboration autogène, endogène et exogène, organisés dans un cadre relationnel structuré par la mitoyenneté et le placenta analytique. Au terme de ces phases, l’analysant est invité à déployer un réflexe d’auto-évaluation immédiate, fondé sur l’agencement continu des données perceptives et cognitives.

Pour approfondir cette dynamique, il importe de clarifier désormais cinq registres phénoménologiques clés :

  • Le senti.

Il désigne la donnée sensorielle première, non encore médiatisée par la conscience. Constituée de sensations corporelles (tensions musculaires, variations thermiques, frémissements internes), cette information brute constitue la « matière première » captée par le Moi intime avant toute élaboration réflexive.

  • Le ressenti

Lorsqu’un senti est porté à la conscience par le Moi intime, il devient un ressenti : une expérience incarnée, dotée d’une tonalité affective et parfois d’une embryon de symbolisation. Le ressenti constitue le point de départ de la perlaboration autogène, ouvrant sur une première mise en mot ou sur une simple prise en compte psychique de ce qui se vit dans le corps.

  • L’intuition

L’intuition se définit comme une perception préconsciente stabilisée : une certitude qui émerge lorsque le Moi intime valide, par un calcul implicite de reconnaissance, la cohérence interne d’un ressenti face à son stock mnésique. Elle se caractérise par sa rapidité et son immédiateté, ainsi que par la force de conviction qu’elle confère à l’analysant avant toute articulation verbale.

  • La pseudo-intuition

À distinguer de l’intuition authentique, la pseudo-intuition résulte d’une projection névrotique ou paranoïaque : elle apparaît sous forme de certitude, mais sans validation par le Moi intime, et reste étanche à toute vérification externe. Cette forme « fallacieuse » d’anticipation illustre la nécessité d’un protocole de contrôle, mise en mots progressive, confrontation intersubjective et journal analytique, afin d’éviter que l’analysant ne confonde ses fantasmes internes avec des signaux fiables.

  • Le pressentiment.

Le pressentiment occupe une position intermédiaire : il traduit un sentiment diffus de ce qui pourrait advenir, sans la force d’évidence de l’intuition, mais plus stable qu’un ressenti passager. Le pressentiment se noue à la perlaboration endogène, dans la mesure où il guide l’analysant vers des réponses anticipées, qu’il convient toutefois d’inscrire dans la dynamique exogène pour en éprouver la validité comportementale.

Ouvertures sur la pratique et la recherche :


Cette clarification conceptuelle offre un vocabulaire précis pour accompagner l’analysant dans la différenciation de ses expériences préconscientes et conscientes. Cliniquement, elle autorise

  • La mise en place de séances ciblées sur la captation du senti et du ressenti,
  • L’entraînement systématique à la verbalisation graduelle des intuitions véritables et pseudo-intuitions,
  • L’utilisation du pressentiment comme indicateur pour amorcer des vérifications internes et externes.

Sur le plan théorique, ces distinctions nous invitent à continuer à :

  • Développer des protocoles expérimentaux croisant imagerie cérébrale et journal analytique,
  • Affiner la modélisation neuroscientifique de la prédiction interne,
  • Instaurer des modules de formation pour les analystes P.A.R. portant spécifiquement sur l’articulation senti / ressenti / intuition / pseudo-intuition / pressentiment.

En définitive, et pour continuer cet exercice de simplification, la pratique de la psychanalyse P.A.R. offre un cadre méthodologique rigoureux permettant à l’analysant de différencier clairement cinq registres phénoménologiques.

Que nous simplifions ainsi :

  • Le senti, en tant que donnée sensorielle brute et préconsciente ;
  • Le ressenti, qui en constitue la prise de conscience affective et incarnée ;
  • L’intuition, expression d’une reconnaissance interne validée par la mémoire implicite
  • La pseudo-intuition, manifestation d’un scénario interne non corroboré par le Moi intime.
  • Le pressentiment, anticipation précaire et à valider par la perlaboration ultérieure.

C’est grâce à la perlaboration autogène, puis endogène, orchestrée par le Moi intime, que l’analysant acquiert la lucidité nécessaire pour parcourir ce continuum perceptif et cognitif. Cette maîtrise progressive lui confère la capacité de formuler des choix éclairés, fondés sur des signaux intérieurs authentifiés plutôt que sur des projections ou des préjugés. En sortant ainsi du statut de victime de ses propres déterminations internes et externes, l’individu devient pleinement responsable de lui-même, auteur de sa trajectoire psychique et agent de sa propre transformation.

Ce processus est désigné sous le terme de PLA (Pleine Lucidité Appliquée) au sein de la méthodologie conceptuelle de la P.A.R. La PLA confère à l’individu, conscient de ses déterminismes antérieurs et mieux informé de ses potentialités propres, la capacité de formuler de manière optimale des choix authentiques. Autonomisé dans son parcours, il devient ainsi l’acteur principal de sa destinée psychique et existentielle.

En définitive, la maîtrise de ces registres perceptifs et cognitifs par la perlaboration autogène et ses prolongements endogènes et exogènes constitue le socle d’une autonomie psychique solide, à la fois libératrice du symptôme et garante d’un fonctionnement quotidien serein et lucide.

Tableau des entrées croisées et points de convergence des différentes disciplines :

DisciplineConception dominante de l’intuitionMéthode de validationLimites reconnues
PsychologieHeuristique, reconnaissance de schémas, traitement rapide automatiséTests comportementaux, temps de réponse, études de fiabilité des expertsBiais cognitifs, dépendance à l’expertise
Psychiatrie« Gut feeling » du clinicien, reconnaissance d’urgences cliniquesConfrontation aux critères DSM, échelles standardisées, supervisionContre-transfert, subjectivité, risque d’erreur diagnostique
PsychanalysePerception projective, introspection inconsciente, accès aux archétypesAnalyse des transcriptions, association libre, interprétation des rêvesDifficulté d’objectivation, influence du transfert et contre-transfert
PhilosophieIntuition épistémique (vérité a priori), phénoménologie, savoir taciteArgumentation conceptuelle, réduction phénoménologique, débat critiqueDébats épistémologiques, manque d’expérimentation empirique
Sciences duresPrédiction cérébrale, codage implicite, calcul statistique (IA)Imagerie cérébrale (IRMf, EEG), modélisation mathématique, expérimentationsDifficulté à relier corrélation neuronale et expérience subjective

Pour rappel Tableau orthogénique du psychisme.

PROTOGENESEMATRICE MATERNELLESTADE ORALANIMAASSIMILATIONPERI-ACTIVATION
PERIGENESEMATRICE PARENTALESTADE ANALANIMUSREPRODUCTIONRETRO-ACTIVATION
PHILOGENESEMATRICE TRIBALSTADE PHALLIQUEPERSONNAADAPTATIONSUB-ACTIVATION
ONTOGENESEMATRICE PERSONNELLESTADE GENITALSOISELECTIONPOST-ACTIVATION

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Lien sur mon dernier livre : Une nouvelle psychanalyse la PAR

Jacques Rivalin, Psychanalyste et psychothérapie à Nantes

La Psychanalyse P.A.R est une nouvelle forme de thérapie, brève et très aboutie. C'est une réelle psychanalyse dynamique et de courte durée. La pratique de la P.A.R. met l’analysant en situation de se connaître rapidement au plus profond de lui-même pour mettre en place les changements nécessaires et indispensables à sa recherche de bien-être.

Étant depuis 1989 Psychanalyste didacticien, Jacques Rivalin forme des psychanalystes les amenant au stade de l’exercice professionnel, qui ensuite sera supervisé, tout le long de leur activité professionnelle, garantissant ainsi au psychanalyste et à ses analysants une assurance de résultats et de qualité.

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