Il existerait des parents parfaits ?
Dans les articles précédents, il a été mis en lumière le rôle déterminant des parents dans la formation de notre être et de notre existence telle qu’elle se présente aujourd’hui. Ces réflexions soulèvent des questions fondamentales sur notre origine, notre identité et les circonstances qui ont façonné notre vie. Il est légitime de se demander si nous avons réellement choisi notre existence telle qu’elle est, depuis notre naissance jusqu’à nos choix individuels. Ces interrogations nous invitent à approfondir notre compréhension des forces qui ont influencé notre parcours de vie et à remettre en question notre propre place dans cet ensemble de déterminismes imposés. Dans cet esprit, je vous propose d’explorer plus en détail ces thématiques dans l’article suivant intitulé « L’homme est une solitude à déconstruire ».
Toutes nos « cabosses », ou tout du moins la plupart, sont issues des dysfonctionnements du couple parental ou indirectement soit qu’il ait été maltraitant, soit qu’il n’ait pas su nous armer face aux éventuelles maltraitances à venir.
Les faits divers sont souvent le reflet troublant d’incidents où la maltraitance sous toutes ses formes, exercée par des parents envers leurs enfants, est mise en lumière. Ces récits, souvent sordides, constituent une vaste et variée collection d’anecdotes, offrant un aperçu alarmant de la réalité de ces situations. Plus près de notre quotidien professionnel, nos séances sont souvent marquées par l’exploration des séquelles laissées par ces expériences traumatiques de l’enfance. Ces traumatismes, qu’ils soient infligés involontairement dans la plupart des cas, mais parfois de manière délibérée, sont d’une diversité et d’une complexité considérables, comme nous allons le détailler dans la suite de notre propos.
Nous n’imaginons pas pleinement les répercussions de nos actions et comportements. Les enfants suivent les adultes, mais ils subissent souvent des blessures émotionnelles, et souvent ils se cabossent dans ce processus. Le mécanisme de refoulement les protège en les rendant inconscients des désagréments qu’ils traversent. Ainsi, ils ne perçoivent pas consciemment la solitude, la tristesse, la colère ou l’incompréhension qu’ils ressentent. Souvent stoïques, les enfants, lorsqu’on les interroge sur leur bien-être, répondent fréquemment par un « je vais bien, tout va bien » afin de ne pas décevoir leurs parents. Cette réponse masque une réalité intérieure complexe, où l’enfant craint que l’expression de son mal-être ne conduise à un rejet ou une déception parentale, renforçant ainsi le processus de refoulement.
Les raisons de la parentalité.
Celles-ci sont variées et multifactorielles, reflétant la complexité des motivations humaines. Pour de nombreuses personnes, l’instinct biologique de reproduction joue un rôle central dans leur décision d’avoir des enfants. Ce désir de transmettre ses gènes et de perpétuer la lignée familiale est profondément enraciné dans notre nature biologique. Beaucoup d’autres considèrent la parentalité comme une expérience gratifiante sur le plan émotionnel et personnel. Élever des enfants peut apporter un sentiment de satisfaction, d’accomplissement et de bonheur profond. Malheureusement « peut » apporter satisfaction et bonheur, car pour de nombreux autres parents il en est tout autre. Lorsque l’enfant apparaît, le désordre des parents se révèle explose au grand jour, tout en restant caché aux yeux de tous.
Nous observons que dans de nombreuses sociétés, avoir des enfants est considéré comme une étape normale de la vie adulte et une attente sociale. Les pressions culturelles, familiales et sociales peuvent donc jouer un rôle important dans la décision d’avoir des enfants. Certains perçoivent également la parentalité comme un moyen de renforcer les liens familiaux et de développer des relations intergénérationnelles riches et significatives. Dans certaines cultures ou familles, la parentalité est valorisée en tant que rôle traditionnel important, souvent associé aux attentes de genre et aux normes de la société, de ce fait certains parents voient l’éducation des enfants comme un moyen de transmettre leurs valeurs, leurs croyances et leur héritage culturel à la génération suivante. C’est aussi souvent leur propre façon de montrer à leur propres parents qu’ils sont bien installés dans le cadre d’une transmission. Nous pouvons observer un cycle pervers qui présente des similitudes avec le concept « d’objet enserrant enserré », concept que nous allons reprendre et développer par la suite.
Ce qui fait que pour beaucoup, élever des enfants est une occasion de croissance personnelle, de développement de compétences en matière de communication, de résolution de problèmes et de gestion du stress, ainsi que d’apprentissage sur soi-même.
Existe-t-il un libre arbitre entre le désir de parentalité et l’instinct de reproduction ?
Il est indéniable que l’instinct biologique de reproduction exerce une forte influence sur le comportement humain, guidant les individus vers la procréation de manière instinctive et inconsciente. Dans cette perspective, les êtres humains peuvent avoir une marge de manœuvre limitée pour contrôler ou choisir leurs actions, car ils sont largement déterminés par leurs instincts et leur biologie. Mais bien que les instincts biologiques puissent influencer les désirs et les motivations, les êtres humains sont également capables de réflexion, de délibération et de prise de décision consciente. Cette capacité à peser les options, à envisager les conséquences et à choisir parmi différentes voies d’action suggère l’existence d’un certain degré de libre arbitre dans les décisions relatives à la reproduction.
Il faut resituer l’impact des influences sociétales, car les désirs personnels en matière de reproduction sont également influencés par des facteurs sociaux, culturels et environnementaux. Les normes sociales, les attentes familiales, les pressions culturelles et les valeurs personnelles peuvent toutes jouer un rôle dans la formation des désirs et des motivations individuelles en matière de procréation. Dans ce contexte, le libre arbitre peut être modulé par des facteurs externes et internes qui façonnent les choix et les comportements.
La décision d’avoir des enfants est souvent le résultat d’une interaction complexe entre l’instinct biologique, les désirs personnels, les influences sociales et d’autres facteurs. Il est rare qu’une seule force détermine complètement une décision aussi importante. Par conséquent, la question du libre arbitre dans ce contexte peut être vue comme une question de degré, avec différentes influences qui interagissent pour façonner les choix individuels.
La psychanalyse a-t-elle un discours sur la parentalité ?
La psychanalyse évaluera le degré de maturité pour souhaiter devenir parent en tenant compte de plusieurs facteurs psychologiques et développementaux. Cette évaluation s’organisera plus sur la capacité à assumer la responsabilité. Ainsi, la psychanalyse examinera si l’individu est capable d’assumer la responsabilité d’élever un enfant, ce qui implique de répondre à ses besoins physiques, émotionnels et psychologiques, ainsi que de lui fournir un environnement sécurisé et stimulant. La psychanalyse P.A.R à travers ses outils permettra plus particulièrement de s’assurer que le processus d’individuation est bien abouti ou en voie de l’être.
De ce fait il est important pour la psychanalyse de comprendre comment l’individu perçoit les dynamiques familiales, y compris ses propres relations avec ses parents et son expérience de l’enfance. Ceci afin d’élaborer par la perlaboration autogène et endogène son propre libre arbitre en terme de choix des vertus éducatives et pédagogiques. Une compréhension claire de ces dynamiques peut aider à anticiper les défis potentiels liés à la parentalité. La psychanalyse évaluera la stabilité émotionnelle de l’individu, comme sa capacité à gérer le stress, les conflits et les émotions difficiles. Une bonne santé mentale et émotionnelle étant essentielle pour être un parent efficace et soutenant.
La psychanalyse évaluera aussi la capacité de l’individu à s’accepter lui-même et les autres, ainsi que les différences entre les individus, il s’agit d’un aspect important de la maturité pour devenir parent. Cela inclut la capacité à reconnaître et à accepter ses propres limites et faiblesses, ainsi que celles des autres. La psychanalyse encouragera les individus à s’engager dans un processus de développement personnel et de croissance personnelle avant de devenir parent. Cela peut inclure la résolution de problèmes non résolus de l’enfance, le travail sur des schémas de pensée et de comportement dysfonctionnels, et la recherche d’une meilleure compréhension de soi-même et des autres.
La psychanalyse classique évaluera ainsi le degré de maturité pour souhaiter devenir parent en examinant la capacité de l’individu à assumer la responsabilité, sa stabilité émotionnelle, sa compréhension des dynamiques familiales, son acceptation de soi et des autres, et son engagement dans un processus de développement personnel.
La psychanalyse P.A.R a mis en avant la nécessité de développer le processus d’individuation et que seul l’être véritablement individué est capable d’évaluer ses choix pour exercer la Pleine Lucidité Appliquée qui est la base pour envisager ce beau parcours de vouloir être parent.
Dans les articles précédents nous avons développé également que la « base mécaniste » pour la construction d’un couple était d’être dans une « totale » confiance réciproque afin de pouvoir s’abandonner et développer cette fameuse équation : un couple c’est bien 1+1=3, condition sine qua non à la création de cette communauté du foyer.
Bien sûr que le postulat de base mécaniste est que vouloir être parent c’est à l’origine, d’être individué, d’avoir pu développer une forme de PLA et d’aimer son partenaire. Tout le reste sera source de complexité voire de difficultés plus ou moins importantes.
Il faut avoir été conçu par des parents individués, aimants et heureux d’être ensemble pour grandir harmonieusement.
Il faut avoir été conçu par des parents individués, aimants et heureux d’être ensemble pour être préparé à devenir parent nous-même.
L’enfant, souvent décrit comme une éponge dans de nombreuses œuvres littéraires, absorbe inconsciemment les influences de son environnement dès son plus jeune âge. En effet, l’enfant n’a pas choisi, ni le moment, ni le lieu de sa naissance, ni son sexe, ni même son prénom. De même, il n’a pas choisi sa religion ou son statut social. Malgré cela, l’enfant doit s’adapter à ces circonstances, et heureusement, sa capacité d’absorption lui permet de le faire.
Le processus de refoulement joue un rôle crucial dans cette adaptation. Il permet à l’enfant de mettre à distance les aspects perturbateurs ou conflictuels de son environnement, préservant ainsi son champ conscient. Grâce à cette protection, l’enfant peut continuer à fonctionner sans être submergé par des stimuli externes potentiellement perturbateurs. Cependant, cela ne signifie pas que ces influences sont complètement ignorées ou inoffensives. Au contraire, elles continuent à exercer une influence sur l’enfant, façonnant son développement et son comportement de manière subtile mais significative. De manière subtile et significative certes, mais parfois tellement refoulées, ainsi s’organisent des névroses qui vont transparaître peu ou prou, et qu’on confond souvent avec des traits étranges de caractère.
Il est important de noter que l’adaptation de l’enfant à son environnement peut varier d’un individu à l’autre. Certains enfants peuvent s’adapter plus facilement que d’autres, en fonction de leur personnalités, de leurs ressources internes et des soutiens externes dont ils disposent. Cependant, quel que soit le degré d’adaptation, l’enfant reste fondamentalement façonné par les forces qui l’entourent, qu’il les ait choisies ou non.
L’enfant se modélisera au gré des fonctionnements et dysfonctionnements protégé tant que cela tiendra par le refoulement.
- Des parents qui se disputent
- Des parents qui parlent fort, un environnement sonore bruyant.
- Des parents qui ne parlent pratiquement pas, le silence présent.
- Des parents absents, absorbés par leur travail ou autre.
- Des parents immatures.
- Des parents graves.
- Des parents qui s’aiment.
- Des parents indifférents l’un à l’autre.
- Des parents qui se détestent.
- L’enfant unique.
- L’enfant du milieu.
- L’aîné de la fratrie.
- Le cadet de la fratrie.
- L’enfant programmé, désiré.
- L’enfant fruit du hasard.
Et tant d’autres possibles…
Il serait vain d’entreprendre une compilation exhaustive des différentes situations concevables, étant donné l’ampleur et la diversité des cas envisageables. Cette diversité est d’autant plus étendue que l’approche psychanalytique, en particulier dans le cadre de la méthode P.A.R, accorde une importance primordiale aux spécificités de chaque individu, plutôt qu’à des généralités regroupées de manière statique dans des classifications nosographiques car cette orientation rend toute tentative de catégorisation des couples potentiels impossible dans leur totalité.
Il convient également de prendre en considération la dimension temporelle, au-delà de l’âge des deux individus impliqués. Les disparités générationnelles éventuelles et les évolutions personnelles au fil du temps doivent être prises en compte. En effet, l’individu ne demeure pas constant à différentes étapes de sa vie, et par conséquent, une personne ne peut pas être un parent identique tout au long de sa vie. Le niveau de maturité ou de désorganisation psychique peut varier considérablement en fonction de l’âge et des expériences vécues, ce qui influence inévitablement la manière dont un individu assume son rôle parental.
Il est important de souligner que le fait d’être parent pour la première fois, la deuxième fois, ou encore la troisième fois, revêt des significations, des pratiques et des comportements différents. Chaque enfant est unique, et les dynamiques familiales évoluent avec chaque nouvel ajout à la famille. Par conséquent, il serait vain d’établir également une nosographie ou un classement pour fournir des conseils préalablement adaptés à chaque situation. Les relations parentales sont influencées par une multitude de facteurs, y compris la personnalité de chaque enfant, les dynamiques familiales spécifiques, ainsi que les expériences individuelles des parents.
Il convient de reconnaître que chaque situation est singulière, mais il existe néanmoins quelques grands axes qui méritent d’être explorés. Nous envisagerons ces axes davantage comme des éléments constitutifs d’un tableau impressionniste.
Envisager la parentalité bien sûr comme un acte d’amour tendant mutuellement vers l’accomplissement de la maturité de chacun. Ainsi tendre au maximum à cette complémentarité d’union dans cette harmonie complexe qui est le 1+1=3. Les couples, par nature, présentent des déséquilibres, reflétant la complexité inhérente à la psyché humaine. Il est donc essentiel d’être conscient des différences individuelles ainsi que des divergences éventuelles de comportements et de conduites.
Attention aux trop grands déséquilibres d’une personnalité forte écrasante et dominante sans être ce pervers narcissique à la mode, la tentation du dominant est de rester dans cette posture tellement confortable, notamment en tant que parent, d’être celui de « sachant », de référence absolue face à la médiocrité considérée de l’autre.
À l’instar des peintres impressionnistes, nous examinerons quelques exemples variés de situations familiales. Bien que réticent à l’idée des expositions cliniques conventionnelles souvent présentes lors des conférences psy, car autant d’analysants que de psy et de contextes, j’estime qu’elles tendent souvent vers des approches plus pratiques que conceptuelles ou méthodologiques. Néanmoins, afin d’illustrer concrètement notre propos, ces quelques exemples de natures diverses permettront de saisir l’impact de l’environnement éducatif sur le développement de chacun d’entre nous.
Ces quelques illustrations sont extraites de cliniques et bien que les prénoms soient modifiées relatent de la réalité.
- Antoine n’a cessé d’attendre son père.
Fils unique de parents aimants, aussi loin que remontent ses souvenirs il passe son temps à chercher où est son père, puis à l’attendre. Celui-ci dirigeait une petite entreprise et était constamment sur la route entre chantier et clients. Une mère présente aimante, mais fonctionnelle plus que maternante. Il attendait ainsi le soir au fond de son lit, ses propres pensées augmentées des angoisses de sa mère qu’il n’arrive un accident à chaque retard, et les retards il y en avait tous les jours.
Dans ce contexte la construction d’Antoine, se construisit dans des paradoxes comme pour beaucoup d’ailleurs : « Tu seras un homme mon fils et tu reprendras mon entreprise », cela empreint d’une assurance, mais assurance qui se bâtit à force de volonté pour compenser ces angoisses que son père meurt dans un accident. Il avait développé des crises de paniques et angoisses qui quand elles survenaient, l’anéantissaient. Cela aggravé par le fait de ne pas avoir repris l’entreprise familiale il était porteur d’un sentiment de culpabilité très fort.
- Bernadette a subi un couple parental amoureux, très amoureux !
Aussi loin que Bernadette remonte dans ses souvenirs, elle n’a que des images de ses parents se tenant la main ou s’enlaçant, des éternels adolescents amoureux, ainsi avec son frère, ils n’osaient déranger ces tourtereaux « c’est à ce demander même s’ils nous ont vu passer » dit d’ailleurs Bernadette lors d’une séance. « Le pire c’est qu’ils sont toujours identiques. C’est beau, adorable même, mais pourquoi ont-ils fait des enfant si c’est pour ne pas les voir. Certes nous avions tout, même plus que les autres peut-être, mais cela devait être leur façon à eux de nous montrer qu’ils nous aimaient. Du moins c’est ce que j’ai toujours voulu croire, mais je pense que cette façon de nous gâter était une façon détournée, presque perverse « qu’on leur fiche la paix ». J’ai mis de très nombreuses année et c’est d’ailleurs la psychanalyse P.A.R qui m’a permis de prendre conscience de cela. Je n’étais, nous n’étions avec mon frère que des objets dans ce système, pas des sujets ! ». Ainsi Bernadette avait des parents fonctionnels à minima, une mère, un père mais pas de papa, pas de maman.
« Si ont leur avait demandé ce que j’aimais, et pire qui j’étais, je pense qu’ils n’auraient pu donner que des réponses évasives du genre elle a de bonnes notes à l’école. Au final je suis transparente, transparente dans la vie pour ne pas déranger, et pire je ne suis pas digne d’amour car si je l’avais été, bien sûr qu’ils l’auraient vu ! Je sais maintenant que tout cette dépréciation que j’ai de moi vient de cela. Heureusement que dans mon travail analytique en P.A.R grâce aux abréactions optimisées j’ai pu me libérer de cela. Car j’en avais bien un peu conscience auparavant mais cela ne résolvait rien. »
- Jean a été tyrannisé par son frère.
Apparemment du moins le croyait-il.
Est apparu très rapidement dès la rédaction de son anamnèse le fait d’avoir subi les humiliations et violences de la part de son frère, ce dont il le rendait responsable de ses soucis psychologiques actuels. Et rapidement le travail psychanalytique à mis en avant une structure familiale plus tordue et perverse qu’imaginée.
Celle d’un couple parental soumis aux dictas de la religion, d’une mère sadique, car mal dans sa vie, mal dans des études non finies, d’avoir du se marier avec cet homme qu’elle n’a pas choisi, ce père aux petites aspirations, frustré, malveillant, rempli de commentaires acerbes mais pétri de l’idée qu’il faisait bien les choses, avec dévouement et don de lui.
Ainsi le fils ainé qu’était Jean a vite senti que le petit frère de 18 mois le cadet, lui était préféré et qu’il était doté de toutes les qualités dont lui était bien sûr dépourvu. Ce frère était devenir sans le savoir le bras armé de la mère, et Jean comme une cible expiatoire toute désignée du mal être des parents.
Contre son mari qu’elle n’avait pas réellement choisi et contre le fait que comme toute bourgeoise de cette tradition, elle avait dû ne pas faire d’études après son bachot. Du moins c’est ce qu’il en était dans ce familles pratiquantes de ces temps-là.
Heureusement précise Jean, comme il a pu le découvrir lors de cette démarche, il s’est affranchi très vite de tout cela, notamment grâce au regard pertinent d’un enseignant qui s’amusait du comportement rigide et ridicule de ses parents, et qui ainsi faisait en sorte que Jean observe et intègre cela pour lui donner un peu de distance et surtout de répit, au moins intellectuel. Ainsi il a pu mieux supporter les railleries de son frère couvert par la mère, et abondé par la morale de son père.
Ce qui en résultait une vigilance extrême, et surtout une perfectionnisme sans faille, un souci d’exigence extrême envers soi-même et les autres. Cela pourrait avoir des bons coté notamment au niveau professionnel mais l’amenait surtout à des conflits perpétuels avec ses collègues qui fuyaient ce qui était devenue une intolérance. Le pire et qu’aucune petite amie n’avait pu rester avec lui le jugeant trop insupportable.
- Les parents de Marc étaient dominés par les grands parents.
Marc présentait dès le début de son analyse des parents que beaucoup lui envieraient, une sorte d’idéal d’un couple aimant, et équilibré. Un peu trop lisse peut être, comme dans une lecture consciente telle qu’un psychologue l’aurait perçue.
Ce fut une série de séances qui apportèrent une éclairage nouveau et surtout réel sur le monde et l’univers parental dans lequel Marc s’était construit. Particulièrement, l ‘émergence d’un souvenir très vif dans lequel Marc en retenu toutes les nuances. Lorsque sa mère se fit reprendre brutalement par sa belle-mère, la grand-mère de Marc, et le père bafouillant qui au lieu de soutenir la mère de Marc, lui a demandé de s’excuser auprès de ses parents. L’humiliation était totale pour la mère et le père de Marc.
Malheureusement d’autres souvenirs qui revinrent confirmèrent cette soumission des parents aux grands parents. Cela eut de drôles d’effet dans la construction de Marc, tout d’abord il a subitement compris pourquoi l’admiration feinte qu’il vouait à son père n’était que de façade et qu’il avait tissé avec ses parents que des liens de surface. La réalité était qu’il était plein de désillusion de tristesse voire même de dégoût à l’égard de son père. Qu’il trouvait lâche, pétri de faiblesse de maladresse.
Les conséquences étaient également étranges. Nous pourrions penser que Marc aurait pu manquer d’éléments de construction de repérages, mais il vouait un profond amour pour les deux grands parents qui vraisemblablement excellait plus dans cette posture que dans celle de parents.
Cela a eu l’avantage de mettre Marc dans un souci d’exigence à l’égard de lui-même, en ce projetant et surtout en souhaitant dépasser ce père faible et d’opérette comme il le jugeait. Il fit de brillantes études et devint radiologue. Métier et univers totalement étranger pour ces parents. Mais il voulait absolument la reconnaissance de ses grands-parents.
Des avantages à cela et des inconvénients assez surprenants. Ayant mis à bas l’autorité de ses parents sans le savoir réellement il s’était structuré dans et par une autorité supérieure celle des grands parents. L’avantage avoir été vite débrouillard, l’inconvénient : avoir du mal à supporter l’autorité sauf s’il en émanait une prestance comme celle d’un grand père magnifié, et cela dans la vie de tous les jours c’est rare, et va poser de sacré problèmes d’insubordination et de colère chez Marc.
Et l’autre aspect assez surprenant c’est qu’un véritable œdipe avec sa mère n’a pu se développer et les séances ont fait apparaître un obscur œdipe non achevé dans lequel se sont entremêlées les images des deux femmes, inaccessibles. Ce qui a donné la recherche d’une femme inaccessible car interdite mais plutôt mure et a complique toutes réelles aventures sérieuses.
- Olivier voyait sa mère frapper son père
Ces scènes lui sont revenues pratiquement dès le départ des séances, son intellect, sa mémoire les avait écartés, ces souvenirs n’étaient pas présents dans son anamnèse. C’est ainsi que lors d’une séance il se revécut se tenant dans l’embrasure de la porte, les yeux écarquillés, le souffle retenu, observant la scène devant lui avec incrédulité. sa mère, habituellement si douce et attentionnée, se tenait face à son père, les poings serrés, le visage déformé par la colère. Dans un geste de rage incontrôlée, elle le frappait, tandis que son père, habituellement calme et stoïque, tentait en vain de se protéger des coups.
Ces scènes il les a vécu « seulement » à quatre ou cinq reprises, mais il les avait oubliés comme si elles s’étaient effacées progressivement de tout accès mnésique volontaire. Nous pouvons aisément imaginer la masse d’énergie nécessaire au refoulement, et cela impactait effectivement la psyché d’Olivier qui était fatigable plus que de nature, avec une grande instabilité émotionnelle.
Il utilisait sans le savoir ni le vouloir son intelligence à maitriser et contrôler ce système émotionnel instable et bouillonnant, mais en souterrain. Cela l’amenait entre une profonde solitude et tristesse, une incapacité à se confier et à s’abandonner, et des sursauts d’une rare combativité. Se posait même la question de savoir comment sa psyché avait pu supporter et effacer ces charges d’affect, sans en subir plus de conséquences notamment de ruptures psychotiques.
Il n’avait jamais réussi à construire de couple alors que c’était son désir le plus profond, mais réussissait dans son activité ou sa combativité lui permettait de se réaliser et de ne pas rester inactif ce qui alimenterait sa tristesse et solitude.
Olivier pensait évident qui si son père avait su se défendre et éviter cette violence, et si cette mère avait su dompter cette violence tout aurait changé. Souvent il se demandait s’ils étaient
aptes à être parents.
Mais qui décerne ce certificat de capacité à être parent, se faire plaisir à procréer est parfois narcissique et vaniteux, ainsi de prouver de façon totalement enfouie et donc inconsciente sa virilité, sa masculinité et pour les femmes une forme de féminité détournée les faisant malheureusement entrer dans un mythe, sujet sur j’ai traité dans l’article : « Complémentarité et altérité pour l’individuation ».
- Papa est en voyage d’affaires.
Katia à la différence d‘Olivier n’avait rien oublié de son histoire, mais comme je l’ai toujours déclaré : « savoir son histoire ne rend pas indemne de cette histoire », ce sont d’ailleurs les raisons pour lesquelles une simple conscientisation, si elle n’est pas portée par une série d’abréactions restera toujours insuffisante, d’où la création du concept d’A.C.P.A (Abréaction, Conscientisée, Pleinement Abouties). La verbalisation accompagnant la charge d’affect ciblée envers le protagoniste, ou l’évènement exotypique, ce qui permet une élaboration définitive pour une conscientisation réellement totale, non partielle, non précaire et non relative, comme dans le cadre des autres thérapies.
Katia le savait bien sûr, depuis le début qu’il fallait qu’elle dise que son père était en voyage d’affaire. Ce qui d’ailleurs était assez valorisant, devant les petits camarades, au départ bien sûr, car rapidement cela devint plus délicat, notamment avec les enseignants, car comment Katia pouvait-elle dire qu’en réalité son père était emprisonné !
Il l’a été durant quatre années, quatre longues années durant lesquelles elle du nourrir ce mensonge, qui était d’après sa mère la seule façon de vivre dignement. Vivre dignement vraisemblablement aux yeux de la mère pas de Katia qui dut ainsi intégrer le mensonge comme étant une faculté licite, un mode de fonctionnement normal, usuel et pratique.
Les séances ont permis de comprendre comment elle avait réussi l’exploit de prendre cet exercice en énergie alors qu’elle aurait pu tomber facilement dans cette dépravation du mensonge constant comme vérité.
Le résultat en fût bien sûr un manque de confiance en la parole donnée, et cela dans tous les contextes, pratiquement toutes les situations et avec tout type de personnes. Alors avec un tel système difficile de conduire une vie sociale, amicale, et sentimentale et professionnelle.
C’est aussi de cette façon qu’elle appris vite petite la relativité des mots, la fragilité des êtres de ses parents bien sûr, de l’usage du mensonge et de toutes les hypocrisie dont la société était capable.
De ses parents, elle en a tiré une grande amertume, un sentiment de colère contre leur immaturité, leurs instabilités. Et si cela n’était pas arrivé ainsi comment se serait déroulé ma vie, pensait avec amertume Kata.
Et si cela avait été différent ?
Comment se seraient déroulées les vies d’Antoine, Bernadette, Jean, Marc, Olivier, Katia si ces épreuves n’en avaient pas fait partie ? L’enfant est comme nous le savons une éponge et il se construit essentiellement au travers des personnalités parentales, vraisemblablement plus que sur les dégâts provoqués par les traumas. Les traumas ne sont pas l’objet de ce développement ils feront l’objet d’un autre essai, car ils sont de toutes natures et créent des impacts qui seront bénins ou créeront de véritables drames aux conséquences désastreuses.
Mais cela serait une grave erreur que de considérer que puisqu’il n’y a pas eu de drames l’enfant a bénéficié d’un parcours de vie harmonieux et épanouissant, puisque celui-ci évolue dans l’écosystème familiale, donc parental, et donc aux personnalités évolutives de son père et de sa mère.
Mais de quoi te plains tu ? Tu avais tout : un lit, un toit, des vêtements, de quoi manger et même des jouets !
Ainsi sans aller jusqu’à parler de pathologies, les personnalités des parents vont impacter le caractère de chacun de leurs enfants et cela de façons différentes en fonction de leur rang et grade dans la structure familiale.
Ainsi les « caractères » des parents qui seront de toutes natures vont façonner les enfants, qui n’auront d’autres choix que de s’y adapter considérant grâce au refoulement que ces caractères non seulement sont normaux mais qu’il n’y a rien de particulier à y observer. Ainsi ils ne se rendront pas compte des excès et des insuffisances de chaque parent, ce qui dans un sens est très bien, car les enfants ne peuvent pas supporter toutes les vérités, leur personnalité est trop fragile pour supporter des informations inentendables, telles que : « ton père ou ta mère sont des nullités, ton père est bête, ta mère est violente » et tant d’autres. Le refoulement exerce sa fonction de lissage, et ainsi le quotidien devient à peu près supportable.
Cela ne veut pas dire que l’enfant est heureux mais peut lui éviter d’être malheureux, et la nuance est de taille !
Mais interrogeons-nous sur nos propres parcours. Je renvoie le lecteur sur l’article « L’homme est une solitude à déconstruire » dans lequel nous comprenons que nous sommes le résultat de nombreux déterminismes et des circonstanciels créés par ceux-ci.
Les enfants du divorce.
Un rapide développement sur ces situations qui donneront lieu à un exposé plus conséquent.
Les enfants issus de familles divorcées représentent une réalité fréquente, touchant environ la moitié des mariages. Toutefois, la diversité des situations rend toute généralisation délicate. La séparation d’un couple n’est pas toujours synonyme de drame, mais elle est souvent associée à une complexité considérable. Les enfants témoins d’un divorce sont inévitablement affectés, parfois de manière profonde et durable, bien que la plupart réussissent à survivre en s’adaptant. Il est pertinent de noter que l’expérience de l’éphémère peut parfois contribuer à la construction de l’individu, en lui permettant de prendre conscience de la nécessité d’entretenir les relations interpersonnelles.
Il convient de reconnaître que le divorce n’est pas une situation propice à l’épanouissement de l’enfant. Bien que certaines circonstances extrêmes justifient amplement la séparation, notamment en cas de maltraitance ou de violence, il est crucial de comprendre que le divorce représentera toujours une rupture avec la normalité et avec la continuité.
Il est important de reconnaître que le divorce, qu’il soit souhaité ou non par les parents, constitue invariablement une rupture. Cette rupture engendre un bouleversement dans le cadre de vie de l’enfant, le plongeant souvent dans un sentiment de déracinement et de déséquilibre, où il est contraint de naviguer entre deux systèmes parentaux distincts.
Il convient de reconnaître que la manière dont les enfants vivent et perçoivent le divorce dépend de divers facteurs, notamment leur âge et les circonstances spécifiques entourant la séparation parentale. Lorsque nous intervenons en tant que conseillers conjugaux, nous pouvons être confrontés à des situations où il est nécessaire de recommander la séparation, bien que cela soit loin d’être idéal. Dans ces cas, l’idéal d’un foyer aimant où les parents s’entendent harmonieusement est souvent inatteignable.
Nous évoquerons dans les prochains articles les singularités des impacts dus aux divorces. Il est également hors de propos d’aborder ici les familles monoparentales ou toute autre configuration familiale contemporaine, ces sujets nécessitant une étude approfondie distincte.
Nous comprenons ainsi que le développement de l’enfant est profondément influencé par son environnement familial, où il interagit avec ses parents, ses frères et sœurs, et d’autres membres de sa famille. Cette dynamique familiale joue un rôle essentiel dans le processus d’individuation et de construction de l’identité de l’enfant. Nous pouvons envisager l’œdipe comme un instrument d’observation organique de ce processus, permettant d’étudier comment l’enfant se développe et se construit en tant qu’individu au sein de sa famille. Il convient de noter que ces observations vont à l’encontre de certains stéréotypes folkloriques qui cherchent à simplifier des phénomènes complexes et à nier l’importance de ces interactions familiales dans le développement de l’enfant.
Il est à noter que l’œdipe, en tant que concept psychanalytique, ne peut prétendre à une validité scientifique rigoureuse. De même, la mesure des aspects de l’âme, qu’ils soient philosophiques ou autres, demeure une entreprise extrêmement complexe, voire impossible, même pour les neurosciences. Néanmoins, dans ce contexte, la psychanalyse offre des outils de compréhension, de lecture et de mesure qui, bien que ne répondant pas toujours aux critères de la « scientificité » au sens strict, présentent une certaine fiabilité et sont constamment utilisables et renouvelables. Cette capacité d’utilisation et de renouvellement confère à la psychanalyse une forme d’accréditation dans son domaine d’étude.
Les prochains articles vont croiser les développements précédents, pour évaluer tant que possible les risques et erreurs à éviter dans la constitution du couple et le désir de parentalité, puis enfin les postures éducatives et pédagogiques à développer pour optimiser l’action éducative dans la parentalité.
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Lien sur mon dernier livre : Une nouvelle psychanalyse la PAR